3-1-4 – Le système électoral américain

Elections présidentielles américaines : complexes ?

Le Monde – 01 nov 2016 / Wikipedia / The Conversation - Marie-Cécile Naves - 02 fév 2020 / Le Figaro – Philippe Gélie – 02 fév 2020
https://fr.usembassy.gov/fr/education-culture-fr/les-etats-unis-de-z/elections-presidentielles/

.            Tous les 4 ans, en novembre, ou lors du vote anticipé qui débute fin septembre dans 37 Etats sur 50, les électeurs américains votent pour leur futur Président, mais de façon indirecte. Ce sont en fait les 538 « Grands électeurs », élus état par état, qui forment le « Collège électoral » qui sera chargé d'élire le Président en décembre. Il est élu pour 4 ans, mandat renouvelable une seule fois.

.            Le futur Président des États-Unis est de fait connu dès l’élection des Grands électeurs (le premier mardi qui suit le premier lundi de novembre), même si constitutionnellement il n’est officiellement élu à la majorité absolue par ces Grands électeurs qu’en décembre (le premier lundi qui suit le deuxième mercredi de décembre). Le 06 janvier de l’année suivante, après le décompte officiel des votes, le Congrès annonce solennellement le nom du prochain locataire de la Maison-Blanche. Lequel est réellement investi normalement le 20 janvier, Inauguration Day, lors de la cérémonie d’investiture.

.            Pour être candidat à l'élection présidentielle, il faut être américain de naissance, être âgé d'au moins 35 ans et résider aux États-Unis depuis au moins 14 ans. De plus, il ne faut pas briguer un troisième mandat présidentiel, la limite de deux mandats étant inscrite dans le 22e amendement de la Constitution.

Le système électoral

.            Les élections présidentielles se déroulent en plusieurs étapes, qui vont du début de l’année au mois de janvier de l’année suivante. Elles commencent par la désignation de Délégués à l’échelon local lors des caucus et primaires, se poursuivent par les conventions nationales où sont désignés les candidats et où sont adoptées les grandes lignes des programmes politiques. Enfin, le Président et le Vice-Président sont élus sur le mode du suffrage universel indirect par le Collège des grands électeurs.

Primaires et caucus

.           Pour participer aux conventions nationales, des délégués sont choisis au sein de chaque parti lors de conventions locales, les primaires ou caucus. Ces manifestations, mises en place aux États-Unis en 1968, sont un mode de désignation d’un candidat à la présidentielle pour chaque parti et se déroulent dans tout le pays dès le mois de février. On appelle Super Tuesday le jour, un mardi, où se tiennent le plus de primaires et de caucus dans le pays.

Les primaires

.           Les primaires, organisées par chaque état, quand il veut et comme il veut, sont un mode de sélection des candidats d’un parti, apparu au début du 20ème siècle. La première primaire a eu lieu en Floride en 1904.

Il existe deux sortes de primaires :

– Les primaires dites fermées, où seules les personnes qui se sont fait inscrire sur les listes électorales en se réclamant d’un parti peuvent prendre part au vote de ce parti. Les électeurs inscrits sous les couleurs d’un autre parti ou comme indépendants ne sont pas admis à y participer. On évite ainsi que les sans-parti franchissent la ligne de démarcation (« cross over ») pour s’ingérer dans la désignation des candidats des partis. La plupart des primaires organisées par les divers états sont fermées.

– Les primaires dites ouvertes où tous les électeurs peuvent prendre part au vote sans distinction. On les appelle aussi « cross over primary ». Elles sont plus rares que les primaires fermées.

La primaire du New Hampshire est toujours très attendue car c’est la première de toutes : les résultats sont donc particulièrement révélateurs. Parmi les autres résultats suivis attentivement par les candidats, figurent ceux des primaires de Floride, Wisconsin, Oregon, Nebraska, Caroline du Nord, Texas, Tennessee, Massachusetts, Indiana et Pennsylvanie

Qu’est-ce qu’un caucus ?

.           Contrairement à la primaire où les sympathisants votent simplement à bulletin secret, un “caucus” est une séance électorale interne à chaque parti. Les caucus tiennent leur nom d’une réunion de chefs tribaux chez les Indiens algonquiens. Les caucus, moins nombreux que les primaires (un tiers des cinquante États américains organisent des caucus), ont la particularité d’être plus « grassroots » (axés sur une campagne « de terrain ») que les primaires, et obéissent à un processus complexe.

Les caucus soumettent les candidats à un exercice difficile : amener ses électeurs à une heure fixe dans un lieu précis - école, gymnase, église, …, par un soir glacial de février. Cela requiert de nombreux volontaires et une organisation de terrain très au point.

.            Dans sa version revisitée en 1972, le caucus démocrate de l’Iowa, qui se tient toujours le premier, se déroule désormais en pas moins de quatre étapes.

Les réunions de sympathisants du parti, dans chaque circonscription, se tiennent dans près de 1.700 enceintes. Aux débats et tractations s’ajouteront les « pitches » des représentants des candidats jusqu’à la dernière minute pour convaincre l’auditoire.

Puis vient le temps des « alignements » et de la désignation. Les participants rassemblés dans leur salle fermée se divisent en groupes selon leur candidat préféré, qui doit obtenir au premier tour au moins 15 % des votes, sur place, pour être considéré comme « viable ». Les supporters de ceux qui ont passé ce seuil de 15 % ne peuvent alors plus voter.

Un second tour a lieu. Il ne concerne que les autres supporters, ceux qui ont soutenu un candidat « non-viable ».  En s’interpellant dans la salle, ils peuvent réaffecter leur voix à un autre prétendant, disposant d’un temps limité pour rallier, ou non, un candidat « viable ». En clair, les seconds choix comptent souvent autant que les premiers.

Les délégués ensuite répartis à la proportionnelle, votent pour le candidat « viable » qu’ils représentent à l’échelle départementale, puis régionale et enfin celle de l’État.

.            En 2020, contrairement aux années précédentes, la volonté de publier les résultats intermédiaires a souffert de problèmes techniques et empêché la publication rapide des résultats définitifs.

.            A l’opposé d’une règle fréquente dans le système électoral américain, le vainqueur en Iowa ne rafle pas toute la mise, les délégués étant distribués au prorata. Pas étonnant que certains jugent l’investissement disproportionné. Les trois quarts des États ont aujourd’hui abandonné cette méthode archaïque en optant pour des primaires ouvertes.

.            L’Iowa désigne 41 délégués pour la convention nationale du parti (soit environ 1 % du total), qui s’ajoutent aux 8 « super délégués » (élus, cadres du parti) qui sont directement qualifiés. C’est alors que les candidats démocrates peuvent enfin additionner ces voix à toutes celles accumulées pendant l’ensemble des primaires. Le vainqueur est officiellement investi lors de la Convention nationale du parti durant l’été.

Comment l’Iowa, qui ouvre les primaires démocrates, est-il devenu si important ?

.           L’Iowa, ce froid État du Midwest des États-Unis de taille moyenne, essentiellement rural, éloigné de Washington et de ses manœuvres politiciennes, abrite moins de 1% de la population américaine.

À l’international, cet Etat intéresse peu… sauf une fois tous les quatre ans, quand il ouvre le bal des primaires et caucus américains en vue du scrutin présidentiel : le caucus de l’Iowa, parce qu’il intervient avant les autres rendez-vous électoraux, peut servir d’énorme tremplin aux candidats outsiders. Mais expliquer l’importance de l’Iowa uniquement par son statut de premier à voter serait réducteur. Au-delà de cette question du timing, le vote de l’Iowa permet aussi aux candidats de faire un premier bilan de leur campagne.

.            Le caucus de l’Iowa, le premier d’une course de fond de plusieurs mois, est souvent accusé, surtout à gauche de l’échiquier politique, d’être peu représentatif de l’Amérique. Il n’en reste pas moins symboliquement fort. Il motive et lance celui ou celle qui sort en tête et lui assure une attention médiatique importante, et cela compte. Et même si rien n’est joué pour la suite, un très mauvais résultat en Iowa n’augure rien de bon.

.            Cet État agricole du Midwest présente l’avantage d’être de taille moyenne, relativement homogène et représentatif du « Heartland », le cœur de l’Amérique : un électorat majoritairement blanc (90%), conservateur et religieux. Les locaux, pour un tiers des fermiers d’origine allemande, ont la réputation d’être durs à convaincre.

Les habitants de l’Iowa sont proches de la moyenne des Américains dans de nombreuses catégories : les revenus, les opinions, le soutien militaire et la tolérance aux intrusions du gouvernement dans la vie quotidienne (…) Si le message ne touche pas les électeurs de l’Iowa, il ne touchera sans doute pas les électeurs d’ailleurs.”, analyse ainsi l’ancien journaliste Michael Rank, dans son livre How Iowa Conquered the World.

Avec “seulement” 3,156 millions d’habitants, l’Iowa n’envoie que 3 grands électeurs au Collège électoral chargé de nommer le président et le vice-président américains. C’est peu, comparé aux États côtiers, comme la Californie et ses 55 grands électeurs, la Floride ou encore New York qui en ont 29 chacun.

Pourtant, depuis le début des années 70, l’Iowa joue un rôle crucial dans la course à l’investiture des partis puis à la Maison Blanche. C’est le résultat d’une stratégie politique et médiatique qui a commencé par le plus grand des hasards.

Tout commence à cause d’une photocopieuse

.            En 1968, le Parti démocrate connaît une scission profonde entre son élite et sa base autour du choix de son candidat pour la présidentielle, qui se solde par une défaite cuisante face à Nixon la même année. Quatre ans plus tard, les démocrates revoient donc les règles de nominations du candidat investi pour qu’elles soient plus inclusives.

Pour s’assurer du bon déroulement du caucus à chacune de ses phases, le chef des démocrates dans l’Iowa exige en 1972 que le nouveau règlement et toute une volée de documents soient imprimés et remis en main propre aux responsables de chaque étape du processus. Une exigence qui va se heurter à une contrainte technique : les démocrates de l’Iowa n’ont à leur disposition qu’une seule machine pour faire les copies en question.

Sachant que la Convention nationale est d’ores et déjà fixée au mois de juillet 1972, il faut espacer au maximum les quatre étapes pour avoir le temps de gérer toute cette paperasse imposée. Les démocrates décident de s’accorder plus d’un mois entre chaque étape, ce qui revient à faire tomber la première d’entre elles le 24 janvier 1972.

Pourquoi l’Iowa et le New Hampshire ouvrent-ils le calendrier ?

.            Après le caucus de l’Iowa, le New Hampshire, lui, s’accroche, avec sa primaire, à son privilège depuis les années 1920. Il pratique aussi la politique de proximité, exigeant des candidats un investissement personnel bien plus important que son poids politique. Sa primaire, huit jours après le caucus de l’Iowa, se déroule face à une population tout aussi blanche (94 %), plus à gauche mais aussi contestataire.

Complétant le tour de chauffe électoral, l’inscription du ­Nevada et de la Caroline du Sud dans le quatuor de tête (dernière semaine de février) permet d’injecter un peu de diversité : l’électorat de l’Ouest et les Hispaniques pour le premier, les Sudistes et la communauté noire pour le second.

Régulièrement, des batailles surgissent pour tenter de voler sa préséance à l’Iowa, mais les responsables locaux menacent alors d’avancer la date du vote. On a assisté à une surenchère de ce type en 2008. Depuis, le New Hampshire a inscrit dans sa loi l’obligation d’organiser la première primaire, de sorte que ses rivaux n’ont plus rien à gagner à jouer des coudes sur le calendrier.

L’Iowa et le New Hampshire n’envoient que peu de délégués aux conventions des partis : à eux deux, 65 démocrates sur 3 979 et 62 républicains sur 2 750. Ils ne sont pas non plus de première importance, mais ces deux premiers scrutins permettent aux partis politiques de tâter le terrain et de voir quel candidat peut espérer remporter la présidentielle. Il est à remarquer que tous les démocrates ayant gagné ces deux premiers tests ont remporté l’investiture de leur parti.

Quelles sont les étapes cruciales de la course ?

.            Iowa, New Hampshire, Nevada, Caroline du Sud, les quatre premières étapes, fournissent des renseignements cruciaux : qui, parmi les candidats, « connecte » le mieux avec l’Amérique blanche, qu’elle soit rurale ou libertaire, ainsi qu’avec les communautés noire et hispanique.

.            À ce stade, la force de frappe que confère l’argent n’est pas encore déterminante. Mais vient ensuite le Super Mardi (début mars), où un grand nombre d'États votent simultanément lors de primaires ou de caucus pour départager les candidats des deux principaux partis politiques. La nature de la course change alors radicalement à cause de la taille et du nombre des États : ils sont seize à voter le même jour, dont le Texas et la Californie, fournissant 1.357 délégués démocrates (presque 40 %) et 782 délégués républicains (34 %). L’impossibilité de sillonner ces vastes territoires confère une importance cruciale à la publicité télévisée et à la mobilisation sur les réseaux sociaux. C’est pourquoi la télévision comme les médias en général sont un relais important de la campagne. Et par conséquence, les moyens financiers d’un candidat pèsent beaucoup dans ses chances de réussite.

De grands États sont encore au rendez-vous en mars et avril.

.            Puis l’attention se tourne vers les conventions des deux principaux partis, juillet et août. La généralisation des primaires à partir du début des années 1970 a transformé ces foires d’empoigne en cérémonies d’adoubement. Les dernières conventions au résultat incertain remontent à plus d’un demi-siècle !

Quand connaît-t-on les vainqueurs ?

.            Selon les experts, le candidat en tête a une option crédible sur la nomination de son parti lorsque 50 % des délégués ont été choisis lors des primaires (mi-mars). Les mêmes spécialistes soulignent toutefois que la victoire ne peut être tenue pour acquise que lorsque 75 % des délégués ont été attribués (fin avril). Il faut au moins 1.990 délégués au vainqueur démocrate pour l’emporter au premier tour de scrutin à la convention. À défaut, 766 super-délégués (responsables du parti), participeront au vote les tours suivants. Côté républicain, le vainqueur doit aligner au moins 1.276 délégués sur 2.550.

Conventions nationales

.            Lors des primaires et des caucus au niveau local, des délégués sont élus pour assister aux conventions nationales des deux principaux partis du pays : républicain (Grand Old Party – GOP / L’éléphant comme emblème) et démocrate (Symbole : l'âne !).

Les couleurs associées aux deux principaux partis, le rouge pour les républicains et le bleu pour les démocrates, attribuées par la télévision à l’inverse de l’usage en vigueur dans le reste du monde, évoquaient plus deux équipes rivales que les adversaires implacables qu'ils semblent être devenus avec la"sécession culturelle" des années 2020's.

.            Les Conventions Nationales de ces deux partis majeurs (Démocrates et Républicains) se tiennent durant l’été de l’année de la présidentielle. Au terme de ces conventions, les délégués élisent formellement le "ticket" vainqueur de chaque parti, c'est-à-dire le duo formé par le candidat et son colistier, pour les fonctions de président et vice-président.

Avant la Guerre de Sécession, les conventions se tenaient dans de petits bâtiments, parfois même des églises et n’attiraient qu’une centaine de délégués et un minimum de spectateurs. L’information, circulant très lentement à l’époque, nécessitait la tenue de ces conventions dans des villes bien placées géographiquement dans le pays. Baltimore, par exemple, fut souvent choisie à cette époque. Chicago est devenue ensuite l’hôte privilégiée des conventions, en raison de l’expansion du pays à l’Ouest. Depuis 1860, 25 conventions nationales se sont tenues à Chicago.

Convention républicaine de septembre 2008 (Photo Library of Congress)

.            Voici le déroulement d’une Convention Nationale :

– 1er jour : le leader du parti préside et donne un discours de présentation du programme

– 2e jour : adoption du programme. On détermine l’éligibilité des membres qui siègeront et seront amenés à voter après le rapport du comité. Les délégués à la convention votent sur le programme (plate-forme) de leur parti.

– 3e jour : la nomination. Nomination de chaque candidat par les délégués, suivie d’un discours de présentation de l’élu par le porte-parole.

– 4e jour : sélection du vice-président. Le candidat-président a choisi depuis longtemps son second et il s’agit plutôt d’une formalité. Ce choix obéit à plusieurs critères : unir toutes les tendances du Parti, faire contrepoids en choisissant un vice-président d’un état ou d’une région différente du Président.

La convention se termine par les discours d’acceptance du candidat à la présidence et à la vice-présidence.

.            La première phase de l’élection est achevée. Il y a maintenant deux candidats, prêts à s’affronter pour occuper le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington.

Campagne électorale

           C’est la deuxième phase de l’élection qui débute le premier week-end de septembre, précédant le scrutin. A coup de publicités, de clips vidéos, de rassemblements et de déplacements, de dénigrement de l’adversaire, les candidats tentent de convaincre leur électorat et n'hésitent pas à attaquer directement leurs ennemis. Le volume du financement est donc une clé du succès !

Les Grands électeurs.

Combien ?

.            Le nombre de grands électeurs à élire par État correspond au nombre d'élus au Congrès de Washington, donc deux sénateurs, et un nombre de représentants (députés) à peu près proportionnel au nombre d'habitants de l’État.

Le collège électoral est composé de 538 Grands électeurs. Pour être élu président, un candidat doit obtenir la majorité absolue, soit au moins 270 d’entre eux.

Chaque état se voit attribuer un nombre de grands électeurs égal au nombre de ses représentants au Congrès : soit deux sénateurs, quel que soit son poids démographique, auquel s’ajoutent les élus à la Chambre des représentants, la « Chambre basse », dont le nombre est déterminé à peu près proportionnellement à sa population. Cette règle s’explique par le souci des Pères fondateurs de pondérer la représentation des citoyens par celle des territoires.

Le Montana, le Wyoming, les deux Dakota, l’Alaska, le Delaware et le Vermont, états peu peuplés, sont chacun représentés par 3 Grands électeurs au Collège électoral. La Californie, l’Etat le plus peuplé du pays, en a 55, suivie par le Texas (38t), la Floride et l’état de New York (29 chacun) ; ils totalisent à eux quatre plus du quart des grands électeurs.

En 1964, conformément au 23ème Amendement à la Constitution du 29 mars 1961, pour la première fois, on accorda trois grands électeurs au District de Columbia (Washington) pour sa représentation dans le Collège électoral. C’est pourquoi, on compte en tout un groupe de 538 Grands électeurs, avec 100 sénateurs et 435 représentants !

.            Ce cartogramme représente les 50 états américains anamorphosés selon le nombre de leurs grands électeurs.

.            Mais compte tenu de l’évolution de la carte politique américaine, une majorité d’états ne présentent plus beaucoup, voire plus aucun enjeu pour les candidats. Les états du Sud et des Grandes Plaines du Midwest sont ainsi des « états rouges », acquis aux républicains, ceux du Nord-Est et de la côte Ouest sont à classer parmi les « états bleus », acquis aux démocrates. En réalité, l'élection se joue vraiment dans les « swing states » ou états clés, charnière, ou pivot, (tels la Floride ou l'Ohio, dans les années 2010’s) où les électorats sont parfois moins marqués et peuvent donc changer de camp, d'un scrutin à l'autre, entre les deux partis dominants et faire basculer le résultat du vote final.

Le système indirect, avec des Grands électeurs, est hérité de la convention constitutionnelle de 1787, écrite à une époque où seuls les citoyens lettrés étaient jugés dignes et aptes à élire le président.

Qui peut devenir grand électeur ?

.            La clause 2 de l’article II de la Constitution des Etats-Unis d’Amérique indique que le président et le vice-président sont choisis par des Grands électeurs, mais ne précise pas le mode de désignation par les états. « Aucun sénateur ou représentant, ni aucune personne tenant des Etats-Unis une charge de confiance ou de profit, ne pourra être nommé électeur », est-il cependant précisé.

Chaque état peut ainsi choisir sa méthode par laquelle il élit ses Grands électeurs, qui sont généralement sélectionnés en remerciement de leurs services pour le parti ou le candidat, qu'il envoie au Collège électoral chargé d'élire le Président des États-Unis.

Les partis politiques nomment, dans chaque état, leur liste de Grands électeurs lors des conventions politiques d’états. Un électeur ne peut faire partie du Congrès ou être membre d’un bureau fédéral et ne sera donc pas Grand électeur.

Les Grands électeurs qui obtiendront les meilleurs votes seront élus et se réuniront le premier lundi après le premier mercredi de décembre dans chaque capitale d’état ou sur le lieu précis désigné par la législature de l’état. Parmi tous les candidats, les Grands électeurs doivent au moins voter pour une personne qui ne vient pas de leur état. C’est la seule condition imposée par la Constitution.

Les élections : organisation

.            L’organisation des élections, dans chaque état, est locale. Cette responsabilité, qui incombe aux états depuis l’origine, est la conséquence de la crainte initiale des 13 colonies de voir l’Etat fédéral risquer un coup de force « anti-révolutionnaire » ou au moins exercer un contre-pouvoir sur les autorités locales qui perdraient ainsi leurs prérogatives. Cette responsabilité est totale et autorise les travers et « irrégularités » puisqu’elle va de l’organisation de la découpe territoriale («Gerrymandering», optimisation géographique partisane de l’électorat), jusqu’à l’affectation des locaux et la fourniture des matériels pour les opérations de vote, en passant, notamment, par la définition des critères d’inscription sur les listes électorales, ces derniers, encore aujourd’hui, pouvant différer d’un état à l’autre.

Le Voting Rights Act, adopté le 4 août 1965 durant la présidence de Lyndon B. Johnson, lors de l'apogée du mouvement afro-américain des droits civiques, est l'une des plus importantes lois du Congrès des États-Unis qui interdit les discriminations raciales dans l'exercice du droit de vote. Pourtant, les possibilités d’orientation des votes demeurent localement : complications pour s’inscrire sur les listes électorales, nécessité parfois de devoir justifier de ses droits civiques, implantation et horaires d’ouverture des bureaux de vote, nature des documents d’identité à produire, contraintes des votes par anticipation ou par correspondance, …

La participation

Le vote par correspondance

.            Aux États-Unis, le code électoral est l'affaire des États (articles I et II de la Constitution). Chacun a la charge de veiller à la bonne tenue des listes électorales et de définir les modalités du vote. Et en particulier du vote à distance, qui repose sur un principe simple : l'inscription sur les listes électorales, contrôlées par les autorités, qui peuvent croiser les informations avec un numéro de permis de conduire, de sécurité sociale…

.            Dans l’Ouest américain, le vote par correspondance est pratiqué de longue date par les deux partis. Il est même devenu la méthode privilégiée dans cinq Etats, où les bulletins sont envoyés aux inscrits sans qu’ils aient besoin d’en faire la demande (Oregon, Utah, Washington, Colorado, Hawaii). A Denver, au Colorado, il n’est même pas besoin de se rendre à la poste. Les boîtes de collecte des votes font partie du mobilier urbain. Scellées en dehors des périodes électorales, elles attendent devant les bibliothèques et autres bâtiments publics, sous la surveillance de caméras.

.            Aucune procédure de vote électronique à distance n'ayant été adoptée, ce sont des bulletins papier qui sont envoyés aux envoyés au domicile des électeurs, pour le early voting. Déjà, dès le début septembre 2020, la Caroline du Nord a entamé l'envoi de plus de 600.000 bulletins répondant à une hausse spectaculaire des demandes. D'autres Etats-clés, dont le Wisconsin, ont fait de même quelques semaines plus tard.

Ces absentee ballots sont ensuite renvoyés, parfois dès le début octobre, par courrier avant l'élection ou, pour ceux qui craignent de voir leur vote égaré par la poste, glissés dans un réceptacle prévu à cet effet. Seuls une poignée d’Etats imposent certains critères, comme le fait d’être malade et de ne pas être en capacité de se déplacer, comme le Texas, l’Indiana et la Caroline du Sud.

Si en 1978, par exemple, la Californie a dispensé les électeurs de justification pour voter à distance, et si depuis 2000, quatre États – l'Oregon, l'Utah, l'État de Washington et le Colorado – ont mis un terme au vote physique dans des urnes, cette pratique n’est cependant pas autorisée par tous les États, pour tous.

En 2020, 45 l’autorisent à cause du Covid-19 (ou l'autorisaient déjà), dont la Pennsylvanie et la Floride, deux Etats très contestés, et ce sont 76% des électeurs qui sont autorisés à voter de chez eux, un pourcentage exceptionnellement élevé. Dans l’Illinois, plus d’un million de demandes de vote par correspondance ont été effectuées, c’est bien plus que lors de la présidentielle de 2016. Et les chiffres sont également en hausse dans beaucoup d’autres États. Au tel point que, au Texas ou en Géorgie, on a vu des files d’attente de parfois près de 11 heures ! Sans doute parce que le service postal américain a prévenu les Etats concernés qu'il ne pouvait garantir que tous les bulletins de vote envoyés par la Poste arriveraient à temps le 3 novembre pour être comptabilisés.

Lors des primaires de 2020, un demi-million de bulletins ont été rejetés, soit parce que ces bulletins sont arrivés en retard, soit parce que la signature apposée sur le bulletin ne concordait pas avec celle enregistrée dans les fichiers de l’administration américaine. 1 bulletin sur 5 a ainsi été invalidé dans le cadre des opérations de vote par correspondance les plus récentes, pour des raisons très diverses : problème de signature, non-conformité du document, …

.           La fiabilité du système repose en effet essentiellement sur la vérification des signatures. Aux États-Unis, il n’y a pas de carte d’identité nationale, et jusqu’à 11 % des citoyens américains, plus de 21 millions d’individus, n’auraient pas de pièce d’identité officielle avec photo. Il faut donc vérifier que la signature, qui se trouve sur l’enveloppe contenant le bulletin, correspond bien à celle de l’électeur, enregistrée lors de son inscription électorale. Dans certains États, cette base de données n’est pas régulièrement renouvelée et la signature peut ne plus correspondre à celle de l’électeur qui, au fil du temps, a parfois changé sa façon de signer. Certains États peuvent également exiger d’autres mesures comme la signature d’un témoin ou celle d’un notaire.

.           Seuls 20 États prennent contact avec les électeurs pour leur signaler tout problème sur l’enveloppe (comme une signature manquante ou mal assortie) et leur permettre ensuite de remédier à toute insuffisance de signature, en renvoyant un formulaire au comité électoral de leur comté. Le taux de rejet des bulletins de vote par correspondance est en moyenne faible, moins de 1 %, mais on a pu avoir jusqu’à 9 % dans le New Jersey lors de l’élection spéciale de mai 2020. Ces rejets affectent de façon disproportionnée les électeurs des minorités et les primovotants.

Dans 29 États cependant, les bulletins expédiés sont dotés de codes uniques, liés à un électeur en particulier et traçables (à l'instar d'un courrier suivi, ils peuvent voir si leur vote a bien été pris en compte – et le contester s'ils ne sont pas à l'origine de l'envoi), ce qui limite le potentiel de fraude.

.           Les bulletins, au dépouillement, sont retirés des enveloppes triés, placés par lots, parfois à l’aide d’un scanner de bulletin de vote. Ces machines de « tabulation à haute vitesse » réduisent le temps de dépouillement dans les États qui en sont équipés, mais c’est la partie manuelle du traitement qui prend beaucoup de temps. Certains États (Arizona, Colorado, Floride, Géorgie, Iowa, Minnesota, Nevada, Caroline du Nord, Ohio et Texas) permettent de traiter ces bulletins avant les élections. Mais 15 États, dont les États clés du Michigan, du Wisconsin et de la Pennsylvanie devront attendre le jour de l’élection et quoi qu’il en soit, il faut que tous les bulletins soient dépouillés pour la date où les Grands électeurs doivent élire le président.

Des armes dans l’isoloir

.           Certains Américains ne se rendent pas armés de leur seul devoir de citoyen pour aller voter. Ils viennent avec leur fusil d'assaut ou leur revolver. Dans beaucoup d'Etats, aucune loi n'interdit les armes dans les bureaux électoraux. Celles-ci ne sont spécifiquement bannies que dans 11 Etats, plus Porto-Rico et le District de Columbia. Ailleurs, les lois existantes sur les armes à feu tendent à aggraver les choses. En Pennsylvanie, par exemple, les électeurs peuvent se pointer avec leur arme (à condition bien sûr de ne pas faire mine de s'en servir) mais les forces de l'ordre n'ont pas le droit de s'approcher à moins de 30 m des bureaux de vote. En Caroline du Sud, vous n'avez pas le droit d'emmener votre revolver dans l'isoloir mais êtes autorisé à vous balader dans le bureau de vote avec un fusil !

Pourquoi un tel laxisme législatif ? Voter armé est tellement incongru que les législateurs n'ont pas éprouvé le besoin de spécifier une interdiction.

Entourloupes et fraude électorale ?

.           Les Etats ont la responsabilité totale de l’organisation des élections de leurs Grands Electeurs. De là à penser que beaucoup leur est permis ! Le contexte des élections 2020 est très particulier en raison d’une part de la crise de la Covid-19 qui pousse à maximiser le vote par correspondance, et d’autre part de la personnalité du président républicain sortant Donald Trump.

Selon un article du Huffington Post (Paul Guyonnet – 31 oct 2020), de nombreuses initiatives républicaines visant à décourager les Américains démocrates d’aller aux urnes, voire à rendre leurs bulletins irrecevables, émergent aux quatre coins du pays.

.           En Californie, le parti républicain a installé des urnes illégales destinées à recueillir les bulletins par correspondance ... en vue de les remettre lui-même aux autorités. Rien de plus aisé ainsi de faire disparaître certains bulletins qui n’iraient pas dans le bon sens ou de bourrer ces urnes avec de nouvelles voix, ou encore de démarcher des électeurs potentiels en influençant leur vote et de faire récupérer immédiatement leur bulletin par le citoyen démarcheur, ce qu’autorise une loi californienne.

.           Au Texas, le gouverneur Greg Abbott, très proche du président en place, a décrété, au nom de la santé publique dans le contexte de la Covid, qu’il n’y aurait qu’un seul endroit par comté où déposer son bulletin de vote par correspondance durant les semaines précédant le scrutin.

Dans le comté d’Harris par exemple, qui compte près de 4,7 millions d’habitants, tous les électeurs doivent ainsi faire la queue en un seul endroit pour espérer glisser leur bulletin dans l’urne. Cette disposition, en créant des contraintes logistiques, non seulement pénalise en priorité les minorités, les personnes handicapées et les personnes âgées, mais tend également à décourager les électeurs des aires urbaines progressistes, autant de catégories enclines à voter démocrate, favorisant ainsi le poids relatif du vote, probablement républicain, des habitants des zones rurales moins peuplées ayant facilement accès au bureau de vote.

Dans ce même comté de Harris, les républicains ont tenté de faire invalider près de 130.000 votes anticipés au prétexte qu’il était inconcevable de laisser des citoyens voter par “drive through”. C’est-à-dire voter sur un parking, dédié à cet effet, et choisir sur une machine portable entre les deux Biden et Trump depuis l’intérieur de sa voiture avec l’aide d’un agent chargé de superviser la procédure. La Cour suprême du Texas a rejeté cet appel le 1er novembre sans faire le moindre commentaire.

Et au niveau national, la même situation pourrait se reproduire. Car selon Vice News, la dernière semaine d’octobre, près de 20% des bureaux de vote ont été supprimés, principalement dans des zones qui votent démocrate et dans des États (swing states) qui seront clés le 3 novembre.

.           Alors qu’en mai 2020, Donald Trump a nommé à la tête de la Poste l’un de ses grands partisans, depuis la mi-juillet, un courrier sur deux environ est en retard, le plus souvent d’un jour, parfois plus.

Dans ce contexte de lenteur de la Poste, en Georgie, la justice a refusé d’autoriser l’enregistrement des bulletins de vote par correspondance qui arriveraient après le jour de l’élection. Dans le Michigan, la justice a décrété que les bulletins qui n’auront pas été reçus à 20 heures le soir de l’élection ne seraient pas comptabilisés. Des stratégies identiques étaient à l’œuvre dans le Wisconsin, en Pennsylvanie, dans le Nevada, en Floride, dans l’Illinois, le Michigan, le Texas, l’Iowa ou l’Oklahoma. Autant d’Etats cruciaux.

.           En Georgie, Etat traditionnellement républicain, en dépit de la pandémie de coronavirus qui implique que l’on évite au maximum les contacts humains, l’État continue de faire payer aux citoyens les frais pour voter par correspondance. Ce alors que les foyers les plus modestes ont tendance à voter pour les démocrates.

.           En Georgie encore, les autorités s’arrogent le droit de supprimer des listes électorales des citoyens qui ne voteraient pas suffisamment régulièrement, tenant à l’écart du scrutin les populations les moins informées et éduquées, qui ne se mobilisent que pour les élections majeures. Voire qui souhaiteraient voter pour la première fois.

En Caroline du Nord (un État républicain qui pourrait basculer), on a incité les assesseurs et présidents des bureaux à ne pas prendre en compte une nouvelle mesure destinée à faciliter l’accès au vote ! Et ce alors même que, dans cet État, les votes des noirs, bien souvent démocrates, sont jugés irrecevables quatre fois plus souvent que ceux des blancs. Dans le Wisconsin et en Georgie, les assesseurs et présidents des bureaux ont reçu des courriers semant le doute sur la validité des bulletins de vote anticipé.

En Pennsylvanie, ce sont des menaces de procès si jamais ils ne laissaient pas les “observateurs libres” s’assurer de la bonne tenue du scrutin. Et cela sans même parler des milices armées qui pourraient venir faire la loi et intimider les votants, comme la loi le permet dans de nombreux États où il est autorisé à n’importe quel citoyen de venir “surveiller” le bon déroulement du vote.

.           Complexité accrue du processus de vote par correspondance, règles strictes en matière d’identification dans les bureaux de vote, obstacles pour les électeurs déjà condamnés par la justice, restrictions dans la distribution des bulletins, blocages logistiques contre le vote anticipé, autant de façons de compliquer l’accès au vote pour les populations les plus à même de voter démocrate.

.           Une chose sur laquelle les partisans de Trump (75%) comme ceux de Biden (60%) sont d’accord : c’est sur leur sentiment que cette élection sera biaisée par la fraude.

.           Trois questions restent pour l’instant sans réponse. Quel sera l’impact de la très forte mobilisation inattendue des 64 millions de votants par correspondance, un record? A qui profitera le vote par correspondance ? Comment se seraient déroulées les opérations de vote avec la Covid et un président sortant démocrate ?

.           Le système électoral américain, sans identification centralisée des électeurs et légalisant des procédés tels le ballot-harvesting et le vote massif par correspondance qui peuvent favoriser toutes les tricheries, influences et manipulations, particulièrement des plus faibles, est le chancre de la démocratie de Washington et Jefferson. Des tricheries ahurissantes — vote des morts, vote des non-résidents — ont effectivement été détectées lors de la présidentielle de 2020. De plus, les démocrates ont multiplié les dérogations au système électoral de droit commun par les voies administrative et judiciaire, en contradiction directe avec la Constitution des États-Unis qui exige la voie législative. Mais de système de fraude concerté entre États n’a pas pu être démontré.

.           En 2021, au moins 52 lois restrictives ont été promulguées, selon une analyse de FiveThirtyEight, notamment une loi de Géorgie qui considère comme un délit le fait de donner de l'eau aux électeurs qui font la queue et une loi du Texas qui limiterait le pouvoir des responsables électoraux de mettre un frein au comportement inapproprié des observateurs du scrutin. Joe Biden dans son discours du 06 janvier 2022 depuis le Statuary Hall du Capitole a mis en garde contre les efforts généralisés des dirigeants des États républicains de réécrire les lois électorales de manière à faire baisser le taux de participation et à donner aux responsables partisans plus de poids dans les résultats.

Comment le président est-il élu ?

.            Même si les citoyens américains n'élisent pas directement leur président, le choix des Grands électeurs est très tôt déterminant quant à l'issue du scrutin.

Les électeurs américains votent dans chaque état pour choisir leurs Grands électeurs, en pratique affiliés à un candidat particulier. Le jour de l’élection, « le premier mardi qui suit le premier lundi de novembre » les électeurs sont appelés à noircir la case correspondant aux candidats à la présidence et à la vice-présidence de leur choix. Le choix de ce jour précis tient aux préoccupations passées des Américains. Vivant dans un environnement plus rural, il leur fallait du temps pour rejoindre les villes : pour ne pas partir le dimanche, jour du seigneur, ils quittaient leur ville le lundi pour arriver le mardi sur les lieux de vote.

Tous les électeurs américains ne votent pas toujours en même temps. A cause de la rigidité du calendrier électoral qui impose une date de scrutin en semaine, certains États organisent des votes anticipés, pour pallier les contraintes de déplacements et du travail. Le vote anticipé est possible dans 37 des 50 états, soit en envoyant un courrier, soit en se rendant dans un bureau de vote. Les bulletins, en revanche, ne seront dépouillés que le jour officiel de l’élection présidentielle.

.            À l'exception du Maine et du Nebraska, les 48 autres États américains ainsi que le district fédéral Washington D.C., ont tous ont opté pour le système dit du winner-takes-all ("le vainqueur prend tout") qui attribue l'ensemble des Grands électeurs d’un état au candidat ayant reçu le plus grand nombre de suffrages. Par conséquent, un candidat n'a besoin que d'une majorité relative du « vote populaire » dans un état pour y remporter l'intégralité des grands électeurs. Selon un calcul de la National Public Radio, un candidat peut ainsi théoriquement être élu avec seulement 23 % des suffrages populaires ! Cette règle du winner-takes-all empêche de surcroît l'émergence d'autres formations politiques, trop petites pour remporter la majorité des voix et donc un siège.

Par contre, dans le Maine et le Nebraska, le système diffère et inclut une dose de proportionnelle : un grand électeur est choisi dans chaque district congressionnel en fonction du résultat du vote populaire, puis deux Grands électeurs sont désignés en fonction du résultat global dans l’état.

Compte tenu de l’évolution de la carte politique américaine, une majorité d’états ne présentent plus beaucoup, voire plus aucun enjeu pour les candidats. Les états du Sud et des Grandes Plaines du Midwest sont ainsi des « états rouges », acquis aux républicains, ceux du Nord-Est et de la côte Ouest sont à classer parmi les « états bleus », acquis aux démocrates. En réalité, l'élection se joue vraiment dans les « swing states » ou états clés, charnière, ou pivot, (tels la Floride ou l'Ohio, dans les années 2010’s) où les électorats sont parfois moins marqués et peuvent donc changer de camp, d'un scrutin à l'autre, entre les deux partis dominants et faire basculer le résultat du vote final.

.            Qu’ont en commun John Quincy Adams élu en 1824, Rutheford B. Hayes en 1876, Benjamin Harrison en 1888, George W. Bush en 2000 et Donald Trump en 2016 ? Ce sont les seuls présidents à avoir été élus grâce au système des Grands Électeurs, au poids des États, en dépit de leur défaite en termes de voix à l’échelle de la fédération. Le décalage minimum entre le vote populaire et le gain de grands électeurs avait été atteint par Bush avec environ 540 000 voix, soit 0,50 % des suffrages exprimés.

En 2016, Hillary Clinton avait obtenu, elle, 2,7 millions de suffrages de plus que Donald Trump. Mais le candidat républicain ayant fait un grand chelem de tous les Swing states, il a raflé la mise. Parfois pour une poignée de voix dans tel ou tel comté, comme dans le Wisconsin et le Michigan, cœur de la révolte des électeurs blancs ouvriers.

.            Le scrutin majoritaire, rarement mis en cause et d’apparence démocratique, est la source du problème : un candidat mineur, n’ayant aucune chance d’être élu, peut déterminer par sa présence ou son absence le gagnant de l’élection. Sur 57 élections présidentielles américaines, au moins 12 ont été clairement affectées par la présence d’un troisième candidat. C’est le paradoxe d’Arrow.

Candidat indépendant en novembre 2008, l’avocat écologique Ralph Naderl a obtenu pour sa quatrième candidature, 0,56 % des suffrages exprimés, soit le meilleur score obtenu par un petit candidat à cette élection.

.            L’élection officielle du Président et de son Vice-Président intervient seulement « le premier lundi qui suit le deuxième mercredi de décembre » par le vote des 538 Grands électeurs réunis respectivement dans chaque capitale de leur état ou sur le lieu précis désigné par la législature de l’état (et non à l’échelle nationale).

Le dépouillement de leur vote a lieu 15 jours plus tard au Sénat à Washington, quand les listes des votes des Grands électeurs, certifiées et scellées, sont transmises au Président du Sénat. Pourquoi un tel délai ? La constitution américaine date du XVIIIe siècle, une époque, où il fallait du temps pour se rendre à cheval à Philadelphie alors capitale, pour voter.

Les résultats sont ouverts lors d’une session exceptionnelle, le 6 janvier (ou le lendemain si c’est un dimanche) en présence des Représentants et des Sénateurs. Le candidat sera alors déclaré officiellement vainqueur, s’il a obtenu la majorité absolue, soit 270 voix sur 538.

Si aucun candidat à la présidence n’obtient la majorité absolue, la Chambre des représentants choisit le vainqueur parmi les trois candidats arrivés en tête, par un vote au sein du Collège électoral. Si aucun candidat à la vice-présidence n’obtient la majorité absolue, le Sénat désigne le vainqueur parmi les deux candidats arrivés en tête lors du vote.

Les grands électeurs sont-ils obligés de respecter le vote populaire ?

.            24 états ont des textes qui obligent les Grands électeurs à suivre le vote populaire et à voter pour le candidat pour lequel il a été élu. La mesure a été approuvée par la Cour suprême en 1952 (arrêt Ray v. Blair). Les Grands électeurs étant désignés par les partis ou les candidats à la présidence et ayant prêté serment, ils font, dans la plupart des cas, preuve de loyauté envers le candidat et le parti.

Les cas de « trahison » sont rares : lors de l’élection de 2000, pour protester contre la faible représentation du District of Columbia dans le collège électoral, Barbara Lett-Simmons avait choisi de ne pas voter, plutôt que de voter pour Al Gore (*). Son refus n’a pas modifié le résultat de l’élection, George W. Bush ayant été élu avec 271 voix. En 2004, un grand électeur du Minnesota, censé voter pour John Kerry, avait par erreur voté pour John Edwards, le candidat à la vice-présidence choisi par … John Kerry.

(*) « End taxation without Representation ! »

La cérémonie d’investiture

.            Elle a lieu pour chaque nouveau mandat présidentiel, même si le président reste en fonction pour un second mandat. Jusqu’en 1933, les présidents américains étaient investis le 4 mars, mais depuis 1937, l’investiture a lieu le 20 janvier (date de l’Inauguration Day fixée par le 20ème Amendement en 1933) à midi (heure de l'Est), le premier jour du nouveau mandat, quelque 72 à 78 jours après l'élection présidentielle, sauf en trois occasions où le 20 janvier est tombé un dimanche. Dans ces années-là, le serment présidentiel a été prêté en privé ce jour-là, puis de nouveau lors d'une cérémonie publique le lendemain, le lundi 21 janvier. Depuis l'inauguration de Ronald Reagan en 1981, la cérémonie se déroule sur la façade ouest du Capitole des États-Unis, face au National Mall, avec son emblématique Washington Monument et le Lincoln Memorial, situé au loin. La récitation du serment présidentiel est le seul élément de cette cérémonie prévu par la Constitution des Etats-Unis.

.            Lorsqu'un président prend ses fonctions en cours de mandat, la cérémonie d'investiture se déroule sans faste ni fanfare. Pour faciliter une transition présidentielle rapide dans des circonstances extraordinaires, le nouveau président prête le serment d'entrée en fonction lors d'une cérémonie simple devant le Capitole et s'adresse généralement à la nation par la suite. Il n'est pas nécessaire qu'un livre, et en particulier un livre de texte sacré, soit utilisé pour faire prêter serment, et aucun n'est mentionné dans la Constitution. Par convention, les nouveaux présidents lèvent la main droite et placent la gauche sur une Bible, comme la plupart l’ont fait, ou un autre livre pendant qu'ils prêtent serment.

.            Immédiatement après la prestation du serment présidentiel, la fanfare des Marines des États-Unis intervient, tandis que simultanément, une salve de 21 coups de feu est tirée La fanfare des Marines, qui aurait fait ses débuts en 1801 lors de la première investiture de Thomas Jefferson, est la seule unité musicale à participer aux trois composantes de l'inauguration présidentielle : la cérémonie d'assermentation, le défilé inaugural et le bal inaugural.

Seconde investiture de Theodore Roosevelt, 1905

Et les midterms ?

.            Les midterms (élections à mi-mandat) ont lieu au milieu du mandat du président américain, le mardi suivant le premier lundi de novembre, tous les quatre ans. Lors de ce scrutin, les électeurs votent pour renouveler l'ensemble de la Chambre des représentants – 435 députés – mais aussi un tiers des 100 sièges du Sénat.

Les élections de mi-mandat sont particulièrement redoutées par les présidents américains : une défaite de leur parti peut considérablement entraver l'application du programme pour lequel ils ont été élus, voire entraîner une paralysie législative.

Même si le président en exercice bénéficie d'une cote de popularité élevée et d'un contexte économique favorable, sa victoire n'est pas assurée. Depuis 1830, le parti au pouvoir a systématiquement perdu des sièges au Congrès, à de rares exceptions souvent liées à des périodes de crises nationales, comme en 1934, lors de la Grande dépression, en 1962 avec la crise des missiles de Cuba et 2002 après les attentats du 11 septembre. Ces résultats peuvent s'expliquer par le fait que ce sont surtout les électeurs mécontents qui votent lors des midterms, généralement peu mobilisatrices.

Le speaker, figure éminente de la vie politique américaine.

.            D'abord limitée à un rôle purement cérémoniel, la fonction du président de la Chambre des représentants américaine (le speaker) a évolué au fil du temps pour prendre de plus en plus de poids.

Aujourd'hui, le speaker de la Chambre des représentants est la troisième personne la plus importante de la vie politique américaine, après le président et le vice-président. Il est généralement issu du parti majoritaire à la chambre basse du Congrès, et en est donc le chef. Son mandat, appelé "session", dure deux ans. Il est donc réélu à chaque élection présidentielle et mid-term. Selon son allégeance politique, il peut se révéler allié ou épine dans le pied pour le président des États-Unis en soutenant ou contrecarrant son programme politique.

Il préside les débats, définit l'ordre du jour, établit le programme législatif de la Chambre, le calendrier des votes et des travaux, contrôle l'affectation des commissions d'enquête parlementaire et nomme les membres de certains comités. Il représente aussi les États-Unis à l'étranger. Tant que la Chambre n'a pas de speaker, les élus ne peuvent pas prêter serment ni passer quelconque projet de loi : le processus législatif est totalement paralysé. C‘est le cas en janvier 2023, quand le parti républicain majoritaire, eut besoin de 15 tours de scrutin (un record historique) pour se mettre d’accord sur le choix de « son » speaker. Une première en 100 ans : depuis 1923, ce poste essentiel avait toujours trouvé preneur dès le premier tour. (En 1856, les élus du Congrès ne s’étaient accordés qu’au bout de 2 mois et 133 tours !) Kevin McCarthy a finalement été élu speaker, après 4 jours de vote, par 216 voix, soit tout juste la majorité, contre 212 pour le candidat démocrate Hakeem Jeffries, et 6 « présents ».

Lorsqu'un projet de loi ou un amendement est soumis au vote, un représentant peut voter "aye", "no" ou "present", ce qui constitue un refus de prendre parti. Un vote "present" ne compte pas pour ou contre l'adoption d'un projet de loi, mais il contribue au quorum.

Une journée de multiples votes aux Etats-Unis

.            Le jour de l’élection présidentielle, les Américains sont appelés à voter pour le renouvellement de leurs représentants au Sénat et au Congrès, mais aussi de leurs gouverneurs et élus locaux, mais également avoir plusieurs autres scrutins, aux niveaux fédéral et local, voire des référendums.

Election présidentielle

.            Ce mardi-là – puisque l’élection doit se tenir un mardi conformément à la loi –, les Américains choisissent leurs Président et Vice-Président au suffrage universel indirect à un tour. Ils désignent ainsi les Grands électeurs qui éliront à leur tour directement le chef de l’Etat et son adjoint.

Renouvellement d’une partie du Congrès

.            Les Américains doivent également élire au suffrage universel direct la majorité du Congrès, composé de deux chambres :

– l’ensemble des 435 députés de la Chambre des représentants, pour deux ans ;

– le tiers (34 exactement) des 100 sénateurs siégeant au Sénat, pour six ans.

Elections fédérales

           En 2020, 11 Etats, dont le Missouri et l’Utah, en profitent aussi pour élire leur nouveau gouverneur, certains pour quatre ans, d’autres pour deux ans. Les électeurs se prononceront également pour 86 des 99 chambres législatives, 279 sièges au niveau des Cours d’appel, des chefs exécutifs locaux, des législateurs locaux, des tribunaux de première instance locaux, des conseils, …

Elections locales

.            De très nombreux élus locaux seront également désignés à cette occasion : maires, conseillers municipaux, juges, shérifs, etc.

Référendums

.            Selon le site Ballotpedia, pas moins de 157 propositions ont été soumises à référendum en 2016.

Ainsi Les électeurs du Mississippi se prononceront sur l’adoption d’un nouveau drapeau de leur Etat. Depuis 1894, l’actuel arbore un emblème de la Confédération, symbole des Etats du Sud opposés à l’abolition de l’esclavage au XIXe siècle.

De leur côté, les électeurs du Rhode Island sont appelés à changer le nom de leur Etat, appelé jusqu’alors officiellement « Etat de Rhode Island et des plantations de Providence ».

Les Californiens ont la possibilité de rendre le droit de vote aux condamnés bénéficiant d’une mesure de libération conditionnelle. La Constitution de la Californie interdit en effet aux individus condamnés pour des crimes d’exercer leur droit de vote tant qu’ils n’avaient pas purgé intégralement leur peine, libération conditionnelle comprise.

En Louisiane, les électeurs sont appelés à approuver un amendement anti-avortement à la Constitution de leur Etat.

La plupart concernent la légalisation du cannabis, les armes à feu, le salaire minimum, le logement, la réintroduction de loups (Colorado), ou encore la peine de mort. D’autres propositions concernent des problématiques très locales, comme celle, par exemple, du port obligatoire d’un préservatif pour les acteurs pornographiques en Californie où l’industrie du sexe est très représentée.

Les voix des partis

.            Même si plusieurs partis (216 en 2020) présentent des candidats, seuls deux dominent : les partis républicain et démocrate. En effet, comme le scrutin est uninominal à un tour au niveau de chaque État, on a tendance à ne parler que de ceux qui sont représentés dans tous les États et ayant une forte chance de l’emporter. Pourtant, lors des élections présidentielles américaines, une foultitude de candidats de petits partis se présentent à chaque fois. Certains ne sont présents que dans un seul État ; d’autres se présentent dans tous les États.

A titre d’exemple, lors de l’élection présidentielle américaine de 2016 qui opposa le président Trump à l’ancienne Secrétaire d’État Clinton, il y avait de nombreux autres candidats de tous les bords politiques. Pour n’en retenir que quelques-uns :

Plus la marge de l’un des deux candidats principaux – l’ancienne Secrétaire d’État Clinton ou le président Trump – est grande, c’est-à-dire plus on s’éloigne de l’axe vertical (en rouge), et plus les scores des petits candidats sont élevés.

 

.            Le Parti républicain a été fondé sur l’abolitionnisme et la déségrégation. L’isolationnisme est parmi les caractéristiques fondamentales du Parti républicain depuis sa création en 1854 jusqu’au début de la guerre froide. Depuis sa fondation et donc logiquement, il est partisan de barrières douanières pour protéger l’économie et les emplois américains, principe économique non respecté par Ronald Reagan. Le nativisme, ou l’hostilité aux immigrants, a toujours été ancré dans le Parti républicain depuis ses débuts, et dure jusqu’à tard au XXe siècle.

.            Le parti démocrate est le descendant du parti républicain-démocrate fondé par Thomas Jefferson. Au XIXe siècle les partis politiques américains étaient radicalement opposés à ceux d’aujourd’hui, le parti démocrate était esclavagiste alors que le parti républicain était abolitionniste. Jusque dans les années 1960, le Parti démocrate était le parti raciste. Les Noirs votaient traditionnellement pour le Parti républicain. Tout a changé après l’époque des Droits civiques (1865-1970). Le Parti républicain est devenu celui du nationalisme blanc, alors que les démocrates sont devenus le parti inclusif des minorités.

.            1932 est une des années clé du parti démocrate, avec l’élection de Franklin Roosevelt pendant la crise économique, lorsque le parti décide de s’emparer des questions autour du social, de l’emploi et de l’économie. Franklin Roosevelt devient le premier président démocrate à rompre avec la tradition des États du Sud.

La réforme du système électoral ? Presque impossible

.            Selon un sondage du Pew Research Institute, 61% des Américains estiment désormais qu’il serait temps de passer à un système d’élection au suffrage universel du président américain, en ne prenant comme critère que le vote à l’échelle fédérale sans la pondération des États. Une écrasante majorité des Démocrates sont pour, une écrasante majorité des Républicains sont contre. Il y a donc peu de chances qu’il y ait un accord.

Ce dilemme entre les États et la Fédération existe depuis 1776, c’est-à-dire depuis la déclaration d’indépendance des treize premières colonies vis-à-vis de la puissance britannique. Toute l’histoire américaine, et le quotidien de ses habitants, est marquée par la coexistence, parfois conflictuelle, entre les prérogatives fédérales et les revendications de chaque État, qui a conduit à ce système d’élection indirecte du président, censé éviter l’élection d’un tyran, Il n’y a pas que le système électoral qui constitue un maquis juridique, les lois et réglementations de toutes sortes varient d’un État à l’autre, qu’il s’agisse du port d’armes ou des licences de pompistes.

Enfin, il y a un obstacle presque insurmontable à cette réforme vers le suffrage universel. Pour qu’elle advienne, plusieurs voies existent, notamment une réforme de la Constitution. Pour cela, il faudrait obtenir un vote des deux-tiers à la Chambre des représentants ainsi qu’au Sénat. Hypothèse hautement improbable si l’on regarde les équilibres politiques à Capitol Hill depuis trente ans. Surtout, il faudrait que trois-quarts des États ratifient cet amendement de la réforme constitutionnelle. Inimaginable. Les petits Etats comme le Wyoming ne sont pas prêts à renoncer au privilège de compter bien davantage que leur poids réel. Il y a eu jusqu’ici 700 tentatives de réformer ou d’abolir le collège électoral. Le dernier essai sérieux fut en 1969. Le système actuel est justement le levier d’affirmation et de pouvoir des nombreux États du centre de la fédération, qui ne disposent pas de la puissance économique de la Californie ou de la Côte Est.

Le financement des campagnes

.            En 1992, la somme totale des dépenses relatives aux élections présidentielles s’élevait à environ 550 millions de dollars. L’époque où les sommes versées par les candidats et les contributions des personnalités en place suffisaient à financer la campagne est depuis longtemps révolue. Les dépenses totales des élections de novembre 2016 -D.Trump / H.Clinton- ont atteint les trois milliards de dollars.

Plusieurs lois ont donné petit à petit un cadre juridique aux budgets des campagnes présidentielles. Un premier pas est franchi en 1925 avec le Federal Corrupt Practices Act. Dans les années 70, une nouvelle série de réformes voit le jour, avec en particulier le Federal Election Campaign Act de 1971 (FECA) et le Revenue Act de 1971.

.            Le financement public joue un rôle important dans la campagne présidentielle, notamment par le biais de subventions et de prélèvements auprès des contribuables. En affectant une partie de leurs impôts au Presidential Election Campaign Fund, les citoyens américains permettent aux partis politiques de financer une partie de leurs conventions nationales très coûteuses.

Il faut ajouter que les restrictions légales mises en oeuvre par le Congrès et la Cour Suprême s’appliquent au financement public. Il est donc possible aux partis politiques de recueillir des fonds par d’autres moyens de financement, que ce soit par des initiatives indépendantes de particuliers ou de groupes dans la mesure où les contributions ne sont pas versées en coordination avec l’un des comités électoraux des candidats. Lors des grandes conventions nationales des partis, par exemple, les villes candidates n’hésitent pas à accorder des facilités financières aux visiteurs pour être choisies comme ville hôte.