3-2-1 – Les Pères Pèlerins (Pilgrim Fathers)

http://les-caterina-on-the-road.fr / Herodote.net – Alban Dignat – 23 aoû 2019 / Wikipedia

La situation religieuse en Angleterre

.            Après que le pape Clément VII eut refusé de reconnaître la nullité de son mariage avec la catholique Catherine d’Aragon, qui ne lui donnait pas de fils, le roi d’Angleterre Henri VIII a provoqué en 1534 le schisme anglican de l'Église d'Angleterre avec Rome. Après sa mort en 1547, vont régner successivement Edouard VI (1547/1543), Jeanne Grey (9 jours), Marie I° (« Bloody Mary », 1553/1558), Elizabeth I° (« La reine vierge », 1558/1603) et Jacques I° (1603/1625).

Cependant certains protestants, les « puritains », veulent aller plus loin et purifier le culte de l’Église. Parmi ceux-ci, les « séparatistes », vont jusqu’à estimer que chaque congrégation doit se diriger seule, indépendamment de l’Église nationale. Ce qui naturellement contrarie le pouvoir anglais.

Le roi Jacques I°, élevé dans le calvinisme écossais bien que fils de la catholique Marie Stuart et donc aussi roi d’Ecosse, une fois monté sur le trône d’Angleterre se convertit à l’anglicanisme. Pour « venger » le règne de la catholique Marie I°, il renforça le combat de l’anglicanisme contre le pape, et étendit son emprise sur les séparatistes, poussant à l’émigration ces « dissidents » puritains, qui désiraient vivre librement leur foi.

.            Robert Browne, fut ordonné prêtre anglican tard dans la vie, sous l’influence de théologiens puritains, dont Thomas Cartwright et Richard Greenham. Bientôt ses prêches qui critiquaient les doctrines et la discipline de l'Église d'Angleterre attirèrent l’attention. Browne devint le chef de file d’un mouvement à Norwich, les « Brownistes », qui tenta de créer une église congrégationaliste dissidente de l'église d'Angleterre officielle. Arrêté, puis libéré, Browne, avec ses compagnons, quitta l'Angleterre pour s’installer, en 1581, à Middelburg aux Pays-Bas. Là, ils ont organisé une église sur ce qu'ils pensaient être le modèle du Nouveau Testament, mais la communauté a éclaté, deux ans plus tard, suite à des dissensions internes. Browne revint en Angleterre où, employé comme maître d'école et, après 1591, curé de l'église d'Angleterre, il fut souvent en désaccord avec ses compagnons séparatistes d’alors qui le considérèrent finalement comme renégat.

.            À la fin du XVIe siècle, à Scrooby, une petite ville dans le Nottinghamshire au centre de l’Angleterre, le jeune William Brewster, après avoir travaillé comme assistant du secrétaire d'État auprès de la reine Elizabeth I°, avait pris la suite de son père, dans les années 1590, comme huissier de justice de l'archevêque, et postier. Mécontent de l'Église anglicane telle qu'elle se développait à l'époque, il devint sensible aux idées brownistes. Après une première tentative infructueuse de partir pour les Pays-Bas en 1607, Brewster et sa congrégation libre de Scrooby, sous la conduite de John Robinson, réussirent en 1608 à s’enfuir à Amsterdam qui offrait plus de liberté.

Un refuge en Hollande

.            En mai 1609, le groupe des émigrés, fort de 300 membres, s'est déplacé à Leyde. Et puis, avec le temps, les séparatistes se trouvèrent moins à l’aise dans leur nouvelle terre d’accueil qu’ils ne l’étaient en Angleterre, tant la Hollande, aux mœurs relâchées, était tolérante à l’égard des autres religions. Aussi les difficultés d'existence, économiques et religieuses, les incitèrent dès 1617 à envisager de quitter l’Europe, pour élire domicile en Amérique du Nord, dans l'intention d'y réaliser dans des conditions meilleures le projet d'une communauté, libre à l'endroit des autorités, une « Nouvelle Jérusalem » fondée sur la libre adhésion de ses membres, attendant de ceux-ci un strict biblicisme et une conduite irréprochable. Leur volonté de partir loin de chez eux pour vivre en accord avec leurs croyances leur vaudra l’appellation de « pèlerins ».

.            L’expression « Pilgrim fathers » (Pères Pèlerins) est apparue au début du XIX° siècle aux Etats-Unis d’une référence de William Bradford à un passage de l’écriture aux Hébreux. Elle désigne les 102 passagers, hommes, femmes et enfants, qui, le 21 décembre 1620, débarquèrent du Mayflower, dont Bradford raconte la geste dans The History of Plymouth Plantation. Les Pères Pèlerins dont une majorité de séparatistes étaient brownistes, furent d’ailleurs connus pendant deux siècles comme des émigrés brownistes.

.            Le premier soin des exilés de Leyde fut de s’assurer le libre exercice de leur religion. Jacques I° accueillit leur projet de colonisation avec une certaine faveur bien qu’il refusa de donner une promesse explicite de tolérance. Il paraît cependant que les émigrants obtinrent l’assurance qu’on ne les inquiéterait pas ; ils se contentèrent de cette vague garantie. N’espérant rien de plus de ce côté, ils traitèrent avec la compagnie de Virginie ou du Sud, pour une concession de terres dans les limites de la patente, ce qu’ils obtinrent facilement d’une société désireuse d’encourager l’émigration dans cette vaste contrée, dont elle n’occupait que la moindre place. Ils obtiennent finalement la permission de s’installer en Amérique, dans la colonie britannique de Virginie.

Le voyage

.            Le voyage fut difficile : après accord avec la Virginia Company (qui organise le peuplement de la nouvelle colonie anglaise de Virginie) et avec le marchand aventurier Thomas Weston, un bateau, le Speedwel, quitte Delftshaven le 1er juillet 1620 et gagne Southampton, où il rejoint le Mayflower, (un voilier de 180 tonneaux) pour faire route avec lui. Après des escales à Dartmouth (05 août) et Portsmouth (12 août), le Speedwel doit être abandonné et les membres de la communauté, après un jeûne solennel, quittent Plymouth le 16 septembre 1620 (06 septembre selon le calendrier julien alors en vigueur en Angleterre) sur le seul Mayflower. Parmi ces Pères Pèlerins se trouvaient 35 membres de l’Église séparatiste anglaise de Leyde, dont William Bradford (†1657) et William Brewster (†1644). La plupart des 67 autres passagers, émigrants anglais, venaient de milieux modestes (petits fermiers, artisans…) et adhéraient aux principes puritains.

.            À la suite d’une halte pour se ravitailler à Terre-Neuve auprès de pêcheurs locaux, une tempête menaça le bon déroulement de l’expédition. Le mauvais temps oblige alors le vaisseau à aborder les rivages de l’Amérique au Cape Cod (sur le site de la ville de Provincetown) le 21 novembre 1620 (11 novembre). Les passagers comprennent alors qu'ils ont fait fausse route. Ils doivent se résigner à débarquer sur une terre inhospitalière, encore inconnue des Européens, et non sur les bords du fleuve Hudson, là où plus tard fut établi New-York, but initial du voyage. A moins que le capitaine du vaisseau, payé, dit-on, par les Hollandais qui projetaient un établissement sur ce beau fleuve, les porta beaucoup plus au nord-est, loin de la Virginie !

La signature du pacte du Mayflower Compact, par Jean Leon Gerome Ferris (1863)

.            Avant de débarquer, les 41 hommes chefs de famille s'étaient engagés par un contrat mutuel de bonne entente, le Mayflower Compact (21 nov. 1620), qui constituait la règle du nouvel établissement, la constitution de la nouvelle colonie : stricte observance de la foi et du culte calviniste, vie communautaire intense, discipline sociale et morale sans faille. Ce document est considéré comme l'un des textes ayant inspiré la Constitution des Etats-Unis,

Le débarquement

.            Une fois débarqués sur le site de Provincetown, ne trouvant pas d’endroit où s’établir durablement, une mission exploratoire d’une quinzaine d’hommes commandée par le capitaine Myles Standish fut organisée vers le 15 novembre. Puis, une deuxième mission avec un groupe de 34 hommes, commandés par Christopher Jones, partit le 27 novembre à bord d’une chaloupe que les pèlerins avaient eux-mêmes construite. Une troisième mission subira quelques premières escarmouches avec des indiens Wampanoags de la tribu des Nausets au niveau de Eastham, le 6 décembre. Devant ces échecs successifs, les colons du Mayflower levèrent l’ancre. Le navire longea alors les côtes de la baie du Cape Cod, et aborda sur la côte sauvage du Massachusetts la petite baie de « New Plymouth » le 18 décembre (8 décembre), sur le site d’un village indien abandonné nommé « Patuxet ». Ils y restèrent trois jours pour arpenter la zone. L’emplacement fut finalement choisi pour sa position défensive, et par le fait que les terres pouvaient être facilement mises en culture, puisque précédemment occupées par les autochtones.

Landing of the Pilgrims by Michele Felice Cornè, circa 1805. Displayed in the White House

.            Le 21 décembre 1620 (11 décembre), William Bradford, le chef de la communauté, débarqua avec quelques hommes sur le site qu’ils baptisèrent Plymouth Rock et fondèrent officiellement la première ville baptisée naturellement « New Plymouth » (actuellement la ville de Plymouth).

.            Les Pères Pèlerins du Mayflower ne furent cependant pas les premiers colons anglais établis dans cette partie du monde. Bien que l'Amérique du Nord fût déjà connue depuis près d'un siècle par les Espagnols, et que les Français établirent Fort Caroline en 1564, les Anglais ne commencèrent à la coloniser qu'en 1584 avec l'envoi de navires vers la colonie de Roanoke, la « colonie perdue ». Cette première tentative d'installation durable ayant échoué, les Anglais renvoyèrent des navires en 1606 en Virginie, alors récemment achetée à l'Espagne où ils fondèrent le fort de Jamestown (qui fut plus tard détruit par les Amérindiens, la famine, le paludisme et les rudes hivers).

Dès 1607 une compagnie commerciale non religieuse fonda, avec charte royale, la colonie anglaise de Jamestown en Virginie, en souvenir de la Reine Vierge Élisabeth Ière, dans la zone fertile de la baie de Chesapeake, pour cultiver du tabac. Ce fut la première colonie britannique sur l’emplacement de ce qui deviendra plus tard les États-Unis.

L’implantation

.            En 1621, un accord financier ayant été conclu avec Weston, une charte fut accordée à la colonie par le Conseil de la Nouvelle-Angleterre. Il est prévu une assemblée, le General Court, où se réunissent autant que de besoin tous les planteurs mâles et majeurs, nommée par le suffrage universel et assistée d’un conseil de cinq membres. Telle fut la forme primitive de la constitution de New-Plymouth.

Elle élit le gouverneur et les administrateurs, fait les lois, lève les impôts et établit les tribunaux. John Carver, qui avait négocié les conditions du voyage, en fut le premier gouverneur. William Bradford lui succéda peu après et devait être réélu jusqu'en 1656. Dès 1639, avec l'extension de la colonie et l'impossibilité pour beaucoup de fermiers d'assister aux réunions, il faudra recourir à un système représentatif.

Reconstitution du village des colons dans le musée en plein air de Plymouth Plantation (Massachusetts)

.            La colonie, après des débuts difficiles, finit par s’implanter malgré les conditions climatiques défavorables. Beaucoup moururent du scorbut ; ainsi, sur les 102 premiers immigrants, la moitié périrent le premier hiver.

.            Au mois de février 1621, les premières rencontres avec les Indiens Wampanoag furent tendues et obligèrent les colons à s’organiser militairement sous le commandement de Myles Standish, un officier anglais qui avait été spécialement recruté dans ce but par les Pères Pèlerins.

Le 16 mars 1621, eurent lieu les premiers contacts pacifiques entre colons et indiens, et la communauté conclut un traité de paix avec les Indiens des environs (Narrangans et Wampanoag). Elle n'aura dès lors à se plaindre que d'incidents de voisinage, nombreux mais sans gravité. L’un de ces indiens nommé Samoset, leur servit d’interprète (il avait précédemment un peu appris l’anglais grâce au contact des pécheurs venant d’outre-Manche). Grâce au chef indien Wampanoag Massasoit, il put leur offrir de la nourriture, puis leur apprit à pêcher, chasser et cultiver du maïs. Au cours de l'hiver, la famine et la maladie eut raison de nombreux colons. Cependant, les dindes sauvages et le maïs obligeamment fourni par les Indiens permettent toutefois au plus grand nombre de survivre.

Afin de célébrer la première récolte, à l’automne suivant, en novembre 1621, le gouverneur Bradford décréta trois jours d’action de grâce. Les colons invitèrent le chef Massasoit et 90 de ses hommes à venir partager leur repas, en guise de remerciement pour l’aide apportée, et afin de sceller une amitié durable en concluant un pacte commercial. Des dindes sauvages et des pigeons furent servis à cette occasion : ce fut le premier Thanksgiving fêté sur le territoire américain.

Le premier repas de Thanksgiving, par Jean Leon Gerome Ferris

.            Quelques semaines plus tard, les Indiens, qui commencent à s'inquiéter de l'enracinement des Blancs, envoient à ceux-ci une troupe de 50 guerriers porteurs d'une poignée de flèches liées par une peau de serpent. À ce signe évident d'hostilité, Bradford répond en renvoyant une peau bourrée de poudre et de balles. Les Indiens se le tiennent pour dit et la paix est préservée entre les deux communautés.

Il peut paraître singulier, qu’il soit accordé tant d’importance à l’établissement d’une poignée d’hommes qui ne joua jamais un rôle considérable ; mais ce qui rend la mémoire des pèlerins impérissable, c’est moins leurs actions que l’esprit nouveau qu’ils apportèrent sur le continent, car c’est cet esprit qui a fait la grandeur des États-Unis. Les puritains du Mayflower et leurs compagnons d'aventure vont apprendre non sans difficulté les vertus de la tolérance et de la démocratie locale. Ces vertus nées de la cohabitation de différentes communautés de réfugiés sont devenues l'idéal nord-américain. C'est pourquoi le souvenir du Mayflower reste encore si vif aux États-Unis et au Canada.

Et ensuite (citations de William Bradford, Of Plymouth Plantation)

.            « Nous ferons ensemble pousser nos récoltes et en partagerons les fruits équitablement ».

.            Bien entendu, conformément à l’expérience séculaire du comportement des hommes, certains membres de la communauté (notamment les adolescents) travaillèrent moins que d’autres et même, la disette survenant, volèrent les aliments.

De toute évidence cette situation ne pouvait qu’aboutir à la famine et à la disparition de la petite communauté dont le chef, le gouverneur Bradford dans son journal de bord, notait « Nous commençâmes à réfléchir sur les moyens de produire le plus de maïs possible afin d’échapper à la famine ». La réponse fut aussi simple qu’efficace « Attribuer à chaque famille une parcelle de terre ».

L’institution de la propriété

.            Certes la collaboration technique et sociale avec les indiens facilita la production abondante de maïs mais, alors que ceux-ci avaient des droits de propriété tribaux mal définis, les pilgrims réinventèrent l’institution de la propriété, concept importé du Royaume d’Angleterre et consacré par la Magna Carta de 1215, fondement de la Common Law.

« Chacun pour son compte gèrera son propre maïs et de ce fait ils se devront mutuelle confiance ; toutes les autres choses continueront au profit de la communauté comme avant. Et ainsi, à cette fin, fut assignée à chaque famille une parcelle de terre, en proportion de leur nombre, seulement pour une utilisation immédiate (sans aucune division sujette à héritage), après que les garçons et les jeunes aient été répartis dans des familles. Cela fut un grand succès, car chacun fut motivé pour travailler plus intensément et s’organiser, de sorte qu’il fut planté beaucoup plus de maïs qu'il ne l’aurait été par quelque autre moyen qu’aurait pu proposer le gouverneur ou mis en oeuvre par quiconque. Beaucoup de troubles furent évités, pour une bien plus grande production. Les femmes allaient maintenant volontiers dans les champs, et emmenaient leurs petits avec elles pour semer du maïs ; alors qu’auparavant, elles auraient allégué la faiblesse et l'inaptitude ou fait état de tyrannie et d’oppression. »

Le Mayflower Compact

Le document original a été perdu, mais la transcription qu’en a donné William Bradford dans son journal est généralement reçue comme très fidèle.

.            Au nom de Dieu, Amen.

.            Nous soussignés loyaux sujets de notre puissant Souverain, le Roi Jacques.I°, par le grâce de Dieu, Roi de Grande-Bretagne, de France et d'Irlande, défenseur de la foi, etc, ayant entrepris, pour la gloire de Dieu, et l'extension de la Foi Chrétienne, et l'honneur de notre roi et de notre pays, un voyage pour établir la première colonie dans la partie septentrionale de la Virginie, décidons par la présente, solennellement et de concert devant Dieu, et en présence les uns des autres, de nous engager et de nous constituer par nous-même et ensemble en un corps politique civil, en vue d'une meilleure organisation et protection et dans le but de servir lesdites fins; et en vertu de cela de promulguer, constituer et développer de justes et équitables lois, ordonnances, actes, constitutions, et mandements, qui pourront être conçus comme très séants et convenables pour le bien général de la colonie, sous réserve de quoi nous y promettons tous soumission et obéissance.

En témoignage de quoi nous avons ci-dessous inscrit nos noms, à Cape Cod en ce 11 Novembre, sous le règne de notre Seigneur et Souverain, Jacques, Roi d'Angleterre, de France et d'Irlande en sa dix-huitième année, et d'Ecosse en sa cinquante-quatrième année, Anno Domini 1620.

Mr . John Carver, William Bradford, Edward Winslow, William Brewster, Isaac Allerton, Myles Standish, John Alden, John Turner, Francis Eaton, James Chilton, John Craxton, John Billington, Joses Fletcher, John Goodman, Samuel Fulle, Christopher Martin, William Mullins, William White, Richard Warren, John Howland, Steven Hopkins, Digery Priest, Thomas Williams, Gilbert Winslow, Edmund Margesson, Peter Brown, Richard Bitteridge, George Soule, Edward Tilly, John Tilly, Francis Cooke, Thomas Rogers, Thomas TinkerJohn Ridgdale, Edward Fuller, Richard Clark, Richard Gardiner, John Allerton, Thomas English, Edward Doten, Edward Liester.

102 au départ et ... 102 à l’arrivée !

.            Une naissance fut enregistrée à bord durant la traversée : celle d'un petit garçon, au nom d'Oceanus Hopkins. Mais le valet d'Edward Fuller, William Butten, mourut pendant le voyage. Une naissance fut également enregistrée alors que le Mayflower n'avait pas encore accosté et que les pèlerins cherchaient un endroit où s'établir : celle de Peregrine White. La toute première femme européenne à débarquer fut Mary Chilton. La dernière survivante des passagers du Mayflower fut Mary Allerton, décédée à l'âge de 83 ans le 28 novembre 1699.

Présidents des États-Unis descendant des passagers du Mayflower :

John Adams, 1735 - 1826

John Quincy Adams, 1767 - 1848

Zachary Taylor, 1784 - 1850

James Abram Garfield, 1831 - 1881

George Herbert Walker Bush, 1924

George Walker Bush, 1946

Une autre facette de l’histoire.

.            Ce n'est pas une histoire d'amitié

.            Il est assez bien documenté que les Anglais, et plus tard les Américains, ne s'entendaient pas avec leurs voisins indigènes. Les Amérindiens ont été chassés de leurs terres et pratiquement exterminés par les colons au cours des siècles qui ont suivi l'arrivée de ces derniers.

S'il est vrai qu'au départ, les colons de Plymouth entretenaient d'assez bonnes relations avec la tribu Wampanoag (auraient-ils eu, en fait, une alliance contre les Français et d'autres rivaux indiens ?) cette amitié s'est érodée. Peu à peu, les colons de Plymouth, bien que redevables aux Wampanoags, prirent possession de leurs terres, mettant à rude épreuve le mode de vie des habitants. Et comme si cela ne suffisait pas, la maladie, propagée par les nouveaux arrivants, a décimé la population autochtone.

.            En plus de la famine et de la maladie, les raids sont devenus de plus en plus fréquents. Les enlèvements, les massacres, les razzias et les pillages sont devenus monnaie courante et, des deux côtés, les victimes ont été nombreuses. Mais alors que les colons ont eu le privilège de s'installer dans des villages plus fortifiés, les Wampanoag ont été contraints de quitter leurs villages et de fuir vers des régions éloignées.

.            L’épidémie de variole de 1633 avait emporté la moitié de la tribu des Pequots. Leur rivalité avec les Narragansetts et les tentatives de colonisation de leur terre par les colons ne leur laissèrent pas le choix … Les Pequots entrèrent en guerre contre l’envahisseur anglais. Le 26 mai 1636, la garnison du capitaine John Mason, épaulée de guerriers Niantics, Mohegans et Narragansetts, attaqua le village fortifié des Pequots en bordure de la Mystic River. Ils brûlèrent le village, bloquèrent les sorties, et mirent le feu aux palissades. Les Pequots étaient faits comme des rats : quiconque escaladait les portes finissait fusillé. 500 hommes, femmes et enfants furent exterminés. Le Massacre de Fort Mystic est resté ancré dans bien des mémoires, surtout chez les Natifs. Le conflit se solda par une amère défaite des Pequots et la signature du Traité de Hartford le 21 septembre 1638, qui enterra définitivement l’existence des insurgés. Cette lutte émancipatrice des Pequots a été passée sous silence et oubliée de beaucoup d’Américains.

.            Metacomet le nouveau chef Wampanoags ordonna des raids contre les colonies après l'exécution de plusieurs de ses hommes pour le meurtre d'un interprète Punkapoag. En 1675, le conflit conduisit à une guerre dévastatrice et totale. Les combats durèrent un an, dans le sud de l’actuelle Nouvelle-Angleterre. Près d'un dixième des Amérindiens et des Anglais furent tués ou blessés. Le conflit se termina par la victoire des colons anglais qui finirent, grâce à leurs alliés Iroquois, par tuer Metacomet. En 1676, à l’issue de ce que l'on a appelé la "guerre du roi Philippe", les colons avaient perdu environ 30 % de leur peuple, tandis que près de la moitié de la population amérindienne avait été anéantie. Un lourd tribut.