Soustraire l’or français aux Nazis, une véritable odyssée

.        Le 3 septembre 1939, au moment où elle déclare la guerre à l’Allemagne hitlérienne, la France possède la deuxième réserve mondiale d’or. Monnaie de dernier recours, garante de la puissance et de la crédibilité économique du pays, le « métal jaune » est le moyen le plus fiable pour financer l’effort de guerre. C’est évidemment l’une des premières cibles d’Hitler lorsque la Wehrmacht entre dans Paris, le 14 juin 1940.

.            Les réserves de la Banque de France sont décidément nomades. En 1870, lors du conflit contre la Prusse d’Otto von Bismarck et de ses alliés, l’or français avait été envoyé à Brest, prêt à être évacué vers le Royaume-Uni. En 1914, elles sont mises à l'abri dans des caches du Massif central. En temps de paix, les réserves nationales sont réparties entre Paris et les succursales régionales de la Banque de France. Si une crise survient, la procédure impose un transfert automatique de l’or stocké dans les succursales proches des frontières vers l’intérieur du pays, puis éventuellement vers les ports militaires (Brest, Lorient, Toulon, Le Verdon-Bordeaux), d’où il serait évacué hors de l’Hexagone.

En 1932, avant même l’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir, la plupart des succursales proches des frontières allemandes, belges, mais également espagnoles et italiennes sont vidées. En 1938, l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne est un message clair pour la France ; des mesures d’ampleur sont prises. Sur les 2.800 tonnes d’or que possède le pays, la Banque de France en sécurise 600 à New York, dans les souterrains de la Réserve fédérale des États-Unis. Ce transfert, assuré par les navires de la Marine nationale, répond à deux impératifs : la mise à l’abri de l’or d’abord, et ensuite l’assurance de disposer de réserves financières importantes destinées à l’achat d’armes et de matériel aux États-Unis. Car si le pays a massivement relancé son industrie militaire depuis quelques années, cette dernière accuse un sérieux retard sur l’Allemagne, notamment dans le domaine aérien.

Dès l’arrivée de Hitler au pouvoir en 1933, la France voyant venir le pire, décida de faire déplacer d’abord 275 tonnes d’or des 148 banques, dispersées sur presque un tiers du territoire français le long des frontières de l’est, jusqu’à la Banque de France. Deux autres zones, une médiane intermédiaire et une autre proche des côtes maritimes et des ports militaires cachaient également beaucoup d’or. En 1934, avec la démonétisation, beaucoup de monnaies de Napoléon III en or furent fondues pour en fabriquer des lingots et des barres en or, afin d’en faciliter aussi le transport dans le cas d’un éventuel transfert urgent.

Au printemps 1939, la Belgique et la Pologne confient leur or à la France, soit 248 tonnes, et au cours du mois de mai 1939, la Banque de France répartit ces stocks entre Paris et 51 succursales régionales proches des ports de Brest, Toulon et Bordeaux. 756 tonnes de métal précieux sont également acheminées par camion au Puy. Pour faciliter le transport, on transforme en lingots les pièces d'or, que les Français patriotes avaient apportées durant la Première Guerre mondiale.

La torpeur régnant à la frontière ne ralentit pas le programme de mise à l’abri de l’or, qui suit son cours activement. Ainsi, la Marine nationale convoie 400 tonnes vers les États-Unis entre septembre 1939 et mars 1940. Torpilleurs, contre-torpilleurs, croiseurs, cuirassés : c’est toute une flotte que la Marine a mise à disposition de la Banque de France. L’or est réparti sur une dizaine de navires pour diminuer le risque de pertes en cas d’attaque de sous-marins allemands.

.            Les Etats-Unis ont voté, à partir de 1935, les Neutrality Acts (la dernière en novembre 1939), une série de lois qui, progressivement, vont : imposer un embargo général sur le commerce des armes et des matériels de guerre avec toutes les parties en guerre ; interdire tout prêt ou crédit aux belligérants ; interdire aux citoyens américains de voyager à bord des navires de nations belligérantes ; interdire aux citoyens et navires américains d'entrer dans les zones de guerre.

À Washington, malgré la pression toujours plus forte du courant isolationniste, le président Franklin D.  Roosevelt fait son possible pour appuyer les démocraties européennes. Ainsi réussit-il à faire contourner la loi sur la neutralité en faisant adopter le 01 mai 1937 la clause Cash and Carry (Paie et Transporte) pour permettre la vente de matériel et de fournitures aux belligérants en Europe, à condition que les bénéficiaires se chargent du transport et payent immédiatement rubis sur l'ongle.

.            « Le stock d'or de la Banque de France constitue le trésor de guerre. Ce stock est considérable. Il n'est pas inépuisable. » Dans son numéro daté du 8 mars 1940, le Journal des Finances souligne avec raison l'importance vitale des réserves d'or de la France. Mais ce que le journal ne dit pas, car la chose doit rester totalement secrète, c'est que ce trésor, gage ultime de la France, ne se trouve plus à Paris et va même bientôt connaître une odyssée digne de l'époque des galions.

.            Au printemps 1940, après la percée des armées allemandes, les précautions des décennies précédentes sont insuffisantes. Il faut organiser l'évacuation outre-mer des 1.777 tonnes d'or de la Banque de France, auxquelles s'ajoutent les 248 tonnes d'or belge et polonais, ainsi que 200 caisses de la Banque Nationale de Suisse. A noter que les réserves de la Bank Polski ont déjà effectué un étonnant périple : évacuées de Varsovie à l'arrivée des troupes allemandes en septembre 1939, elles ont gagné par chemin de fer le port de Constanza, en Roumanie, d'où un petit pétrolier anglais les a apportées en Turquie. De là, elles partirent en train pour Beyrouth, d'où la flotte française les convoya jusqu'à Toulon, avant de gagner les caves de la succursale de la Banque de France à Nevers.

Seules, si l'on ose dire, les réserves de la Banque de Tchécoslovaquie ne posent pas de problème, et pour cause ! Après l'occupation du pays, en mars 1939, l'Allemagne a demandé la restitution de l'or tchécoslovaque à la Banque des Règlements Internationaux, sise à Bâle, à laquelle Prague avait remis son or. Le plus incroyable est que la BRI et la Banque d'Angleterre aient accepté aussitôt sans en référer au tribunal arbitral prévu par les accords de La Haye.

.            En revanche, grâce à la diligence de la Banque de France et à l'efficacité de la Royale, les Allemands ne récupéreront pas une once de l'or français.

Lorsque, dès le 16 juin 1940, une semaine avant l'armistice, un général allemand se présente rue de La Vrillière et demande : « Où est l'or ? ». A 30 mètres sous terre du bâtiment se trouvait le plus grand coffre bancaire du monde, appelé “la Souterraine“. Les officiers allemands descendirent avec une troupe dans le puits n° 11, celui qui était censé garder l’or de la France, mais aussi ceux de la Pologne et de la Belgique confiés à la France. Les Allemands découvrent l’immense Souterraine de 11.000 mètres carrés complètement vide. Même les billets dits de « la réserve du gouverneur » se sont volatilisés : ils ont gagné l'Angleterre par les ports de la Manche et de la Bretagne (iIls reviendront à hauteur de 7 milliards de francs dans des avions anglais pour être parachutés à la Résistance). Les conditions de stockage avaient permis une évacuation rapide, surtout celle des lingots d’un kilo et des barres d’une dizaine de kilos d’or chacune.

L’entrée de la Banque de France à l’époque et sa « Souterraine » vidée de son or.

.            A la vérité, le stock d’or, alors la deuxième plus grande réserve du monde, a bien maigri depuis septembre 1939. Les 150 autres banques de tout le reste du territoire français avaient acheminé en 35 convois et 300 camions, tout leur or vers les ports maritimes de Toulon et de Brest. Plus de 800 tonnes d'or, répartis dans 4 convois, ont déjà gagné New York via Halifax, au Canada, pour régler les achats réalisés dans le cadre du cash and carry. Pour sécuriser l’acheminement et diminuer les risques en cas d’attaque de sous-marins allemands, 11 navires avaient été mobilisés, dont les fameux croiseurs rapides de 7.500 tonnes.

Quant au reste du stock, il s'en faut de peu qu'il ne tombe dans les mains nazies. Notamment à cause des tergiversations du gouvernement, qui refuse l'aide américaine. Début juin, le président Roosevelt propose d'envoyer un croiseur et deux destroyers pour « transporter en lieu sûr tout l'or restant en France ». Pour contourner le Neutrality Act, qui interdit de transporter sur un navire de guerre de l'or monétaire « appartenant à un Etat belligérant », un astucieux montage juridique est même mis au point : l'or serait, au départ, « vendu » aux Etats-Unis, et « racheté », au même prix bien sûr, par la France à son arrivée à New York. Mais le gouvernement français est divisé : « Les ministres qui déjà opinent pour l'armistice veulent que la France garde son or ». L'affaire, si l'on peut dire, tombe à l'eau, et c'est la Royale qui doit organiser en catastrophe la mise à l'abri du stock d'or restant en France.

.           Début Mai 40, alors que les armées alliées s’écroulent après la percée de Sedan, Lucien Lamoureux, ministre des Finances, propose l’évacuation de l’or de France. Devant l’opposition générale du gouvernement, qui argue que cela donnerait le signe d’une débâcle, le président du conseil Paul Reynaud refuse. Mais Lamoureux, désobéissant, ordonne tout de même l’évacuation de l’or. Cette initiative sauva l'or de France.

Mais, l’or français doit être débarqué à Halifax, au Canada, pour être convoyé jusqu’à New York par train blindé. En effet, la France étant désormais en guerre, elle est concernée par les Neutrality Acts, une série de lois américaines qui interdisent aux navires de nations belligérantes de faire escale plus de vingt-quatre heures dans un port américain, un délai trop court pour débarquer la précieuse cargaison, ravitailler le navire, et embarquer le matériel acheté aux Américains.

.           Le 19 mai, le porte-avions Béarn appareille de Toulon avec 195 tonnes d’or à son bord pour acheter les avions américains dont la France manque cruellement. Le Béarn doit rejoindre dans l’Atlantique deux croiseurs partis de Brest, la Jeanne d’Arc et l’Émile Bertin, eux aussi remplis d’or. Si l’embarquement toulonnais ne rencontre aucun incident, en Bretagne apparaissent les premières difficultés. Les deux croiseurs brestois doivent embarquer 4.200 caisses de lingots, dont 200 viennent de Paris. Or, les nœuds ferroviaires sont bombardés par la Luftwaffe. Dans ces conditions, impossible d’utiliser les chemins de fer depuis Paris.

Ce sont donc deux convois de camions qui partent vers le Finistère en embarquant l’or des succursales bretonnes croisées en chemin (Vannes, Morlaix, Quimper, …). Symbole de la dégradation de la situation militaire et de l’inquiétude qui gagne le pays, les convois sont gênés par la méfiance des gendarmes et les multiples contrôles. Le secret qui entoure l’opération provoque des suspicions de sabotage ou d’espionnage et chaque contrôle entraîne des heures de retard. Le 20 mai, 210 tonnes d’or réparties en 4.200 caisses de 52 kilogrammes chacune, ainsi que des dizaines de sacoches de pièces, sont disposées devant les deux croiseurs qui appareilleront du port militaire de Brest le 21 mai. Les marins de l’Émile Bertin apprennent, en mer, la nature de leur mission : rejoindre le porte-avions Béarn au niveau des Açores, puis gagner les Amériques.

.            Regroupés dans l’Atlantique, les trois navires français filent vers Halifax, tandis que de l’autre côté de l’Atlantique les camions de la Banque de France continuent leur noria vers Brest, Toulon, Lorient et Le Verdon. L’or débarqué, ils repartiront de Halifax chargés de canons, mitrailleuses et avions. Le Béarn et la Jeanne-d'Arc chargent aussitôt 110 avions, mais, quand ils approchent des côtes françaises, l'armistice va être signé et ils sont détournés vers la Martinique, où les appareils rouilleront au sol. L’Emile-Bertin, le croiseur le plus rapide du monde (« le lévrier des mers », filant 40 nds (74 km/h) -une vitesse très élevée encore de nos jours- connaît une aventure encore plus surprenante. Arrivé à Brest le 09 juin, en provenance d’Halifax, il appareille le 11 à nouveau pour Halifax après avoir embarqué 254 t d'or, la plus grosse cargaison sur un seul navire.

Arrivé le 18 juin à Halifax, son commandant refuse de débarquer l’or en l’absence d’ordre précis. La situation est tendue avec les Britanniques qui menacent le croiseur français. Le 21, il reçoit l'ordre du nouveau gouvernement français, le gouvernement Pétain, de gagner aussitôt la Martinique. Mais trois croiseurs lourds anglais l’attendent à la sortie pour l’escorter. Profitant de sa vitesse, le français sème les anglais dans la nuit et fonce vers la Martinique. L'Emile Bertin arrive le 24 à Fort de France. Il y rejoint notamment le porte-avions Béarn, qui avait été dérouté en pleine débâcle des armées françaises. On ne sait pas encore à ce jour si les Anglais avait ordre de tirer comme ils le firent à Mers El Kebir (3 juillet) et Dakar (8 juillet).

L’or est débarqué à Fort-de-France et gardé au fort Desaix, jusqu’à la fin du conflit, par l’armée de Terre et l’employé de la Banque de France, Edouard de Katow. L'Emile Bertin, à l’instar de la Martinique, resta sous blocus américain, et malgré deux ordres de sabordage, en aout 43, il rejoindra les Alliés.

L'Emile Bertin sortant de Toulon le 28 octobre 1938. La tourelle II porte les marques de neutralité de la guerre d'Espagne.

.            Alors que les armées nazies déferlent sur la France, la course contre la montre pour évacuer les centaines de tonnes d’or restantes continue. Des paquebots sont réquisitionnés par la Marine, sous la supervision d’employés de la Banque de France. Scène improbable, au Verdon le 28 mai, des douaniers essaient d’empêcher l’embarquement de l’or sur le paquebot Ville d'Oran, car les documents ne sont pas totalement en règle. Ils seront neutralisés par des marins et 200 t sont finalement embarquées pour Casablanca.

Le 12 juin 1940, à la veille de l'armistice, il reste quelque 1.260 tonnes d'or à évacuer, dont l'essentiel est à Lorient et à Brest (750 t d’or et 16.201 caisses et sacoches) dans le fort de Portzic, à une dizaine de kilomètres des navires du port de Brest, qu’il faut évacuer en toute urgence. Sous la supervision de deux employés de la BdF, et d'un officier, 300 marins vont assurer le transfert du fort vers les navires. Le chargement a lieu du 16 au 19 juin, sur des bateaux civils réquisitionnés. Il faut mettre les caisses sur des chariots, charger les camions, conduire, décharger sur le quai, charger à bord des navires… L’amiral Brohan, major général du port de Brest, met à disposition 5 paquebots pour accélérer l’embarquement de l’or.

Le 16 juin, alors que la Luftwaffe bombarde déjà la rade de Brest, il n’y a que 6 camions pour effectuer le transfert, mais heureusement l’on réquisitionne 11 camions anglais abandonnés. Dans son rapport, l'envoyé de la Banque de France raconte comment des marins en détention, sortis de la prison de Pontaniou tout exprès et à moitié ivres (un navire pinardier vient d'accoster), transportent dans des camions-bennes du service à ordures de Brest 16.201 caisses et sacoches d'or.

17 juin midi, coup de tonnerre. Le Maréchal Pétain, remplaçant Paul Reynaud depuis la veille, annonce la demande d’armistice française à la radio. Mais immédiatement l’Amiral Darlan, chef d’Etat Major de la Marine, conteste et annonce par radio à la Marine que la guerre continue à outrance. Les marins ne respectent pas l'ordre de Pétain et le transfert se poursuit.

Entre les bombardements et les alertes aériennes, le dernier chargement sur les camions se termine le 18 juin à 4 h du matin au Portzic. Dans la base navale, la tension est extrême. 75 navires doivent quitter Brest avant l'arrivée de l'armée allemande, tout le monde court partout, à la recherche de vivres, matériel, mazout.

La sortie de la rade n’étant pas possible de nuit en raison des mines et des filets, l’amirauté prévient que tout navire qui n’a pas appareillé de Brest à 18 h sera sabordé, l’or chargé ou non. Il reste 7 h pour terminer le chargement sur les cargos. Depuis 14 h, la flotte quitte le port de Brest, le dernier cargo, le El Mansour, appareille à 18 h 30, à la toute dernière minute, l’or de la Banque de France à son bord. Au même moment, l’or polonais et belge quitte le port de Lorient. L'immense flotte gagne Casablanca puis Dakar.

.            Mais un autre problème se pose désormais. A qui appartient-il ? La France Libre ? Vichy ? Le cas de l’Emile Bertin est révélateur de la confusion des jours qui suivirent la demande d’armistice. En juillet 40, l’or est alors réparti entre New York (environ 1.200 t), Fort de France (250 t) et Dakar (1.300 t, dont l’or belge et polonais). Suite à l’attaque de Mers El Kébir le 3 juillet, l’or de Dakar est sécurisé 70 km dans les terres. L’opération est terminée le 7 juillet, la veille d'une attaque anglaise destinée à neutraliser la flotte française de Dakar. De Gaulle voulant gagner en crédibilité et en moyens, persuade Churchill de s'emparer de la région de Dakar pour récupérer, entre autres, de l’or. Mais l’assaut (23-25 sept) est un échec et la réputation de de Gaulle en souffrira.

La conséquence de cette attaque fut le transfert de l’or par chemin de fer vers le village de Kayes au Soudan français (l’actuel Mali), à 900 km des côtes de Dakar. L’accès est compliqué : il n’y a que 3 trains par semaine qui nécessitent 18 h de voyage, pas de téléphone et les routes sont impraticables lors de la saison des pluies. L’or est à l’abri des nazis. Il y restera durant toute la guerre, malgré les pressions allemandes pour son rapatriement en métropole. Plus d’une trentaine de bateaux au total ont contribué à ce sauvetage : des croiseurs, des torpilleurs, des contre-torpilleurs et même le Clairvoyant un chalutier. Sans oublier le torpilleur la Bayonnaise qui transporta 8 grandes caisses de billets de banque, soit 2 milliards de francs, afin d’alimenter les banques du Liban et de la Syrie qui étaient à l’époque sous mandat français.

Très vite, Hitler exigea que Vichy lui remette l’or belge et polonais. Alternant menaces et négociations avec la Banque de France (institution privée n’étant pas aux ordres politiques), l’or belge est finalement sacrifié et remis aux nazis. L’or ne parvient en Allemagne qu’en mai 42 après moult obstructions françaises. Tous les lingots d’or belge furent ensuite refondus en Prusse Orientale. Afin de lever tout soupçon sur la provenance de l’or, les nazis l’estampillèrent aux années 1936 et 1937

La Banque nationale de Belgique, intenta un procès à New-York contre la BdF en février 1941, dans le but de réclamer une partie de l’or français. Après une longue bataille de procédures, la BdF dut rembourser intégralement la banque belge en octobre 44.

.            La situation restera globalement inchangée jusqu’à la libération. L’or de Martinique ne reviendra dans l’Hexagone qu’en 1946. En tout, environ 395 kg manqueront à l’appel, ce qui est très peu, probablement perdus ou volés entre Dakar et Kayes, ou Kayes et Alger. Très peu d’informations sont disponibles sur l’or manquant. Une caisse de 50 kg venant de la succursale de Laval est arrivée au port de Dakar « remplie de boulons et de morceaux de fer, au lieu des lingots attendus ».

Le 23 juin 1940, la Banque de France avait inscrit à son bilan 84,616 milliards de francs d'encaisse or. En décembre 1944, ses réserves métalliques s'élèvent à 84,598 milliards. La France retrouve ses 1.777 tonnes de métal précieux. Ou plutôt « aurait retrouvé » ce tonnage de métal précieux, si elle n’avait pas dû restituer à Bruxelles l'or belge livré par Vichy à l'Allemagne. Au total, en tenant compte à la fois de cette cession et des prises sur l'or nazi, la France dispose de 1.700 tonnes d'or pour faire repartir son économie.

.            Les fantasmes sur l’or de France disparu peuvent encore provoquer des drames, telle l’affaire Troadec, à Orvault, dans laquelle quatre membres de la famille sont assassinés le 17 février 2017 par Hubert Caouissin, persuadé que ceux-ci ont possédaient une caisse d’or prétendument tombée dans la rade de Brest lors de l’embarquement de juin 40 !

Sources : Journal des Finances - 25 août 2007 / Atlantico - Loic Guermeur – 13 jan 2022