La piraterie

.            La piraterie a toujours été un problème dans le détroit de Malacca. La piraterie y est quasiment une activité traditionnelle ... au même titre que la pêche ! Cette permanence peut s’expliquer par les caractéristiques géo-environnementales de l’Insulinde : archipels et îlots pour se dissimuler, bancs de sable sur lesquels dévier des bateaux et passage ininterrompu de navires, autant de proies dont la cargaison et le matériel constituent l’appât des pirates. La piraterie fut importante dans les années 2000, en particulier après les événements du 11 septembre 2001. Après que les attaques aient à nouveau augmenté au cours du premier semestre 2004, les marines régionales ont intensifié leurs patrouilles dans la zone en juillet 2004. Par la suite, les attaques contre les navires dans le détroit de Malacca ont diminué. En 2013, le Bureau Maritime International recensait 128 attaques de pirates ou tentatives rien que pour l’Asie du sud-est, la plupart au large de l'Indonésie (contre 104 en 2012 et 80 en 2011). 2015 a vu une augmentation au niveau mondial des actes de piraterie graves, près de 54, dont 38 rien qu’en Asie du Sud-Est. 40 % des cas de piraterie dans le monde ont eu lieu dans les eaux indonésiennes, dont une partie significative dans le détroit de Malacca.

.            Alors que les années les plus intenses en matière de piraterie, d’une manière générale dans le monde, se situent entre 2010 et 2011, le nombre d'attaques de pirates a augmenté de près de 20 % entre 2019 et 2020. La piraterie incite les entreprises exportatrices à passer du transport maritime au transport aérien afin d'en éviter les risques. Pour la même raison, les navires modifient leur itinéraire et augmentent leur vitesse de croisière. Malgré ces ajustements, le commerce global diminue. Sur les routes reliant la Chine à l'Europe, la piraterie a réduit les exportations chinoises de 2,3 % en moyenne. L'impact est donc assez important. On estime même que la piraterie le long des côtes somaliennes a réduit le trafic par le canal de Suez de 30 %, entraînant une perte estimée à 30 milliards de dollars.

.            La plupart des activités de piraterie ont lieu près des côtes, essentiellement dans la mer de Chine méridionale, l'océan Indien ainsi que dans le détroit de Malacca. Le détroit de Malacca est un véritable goulot d'étranglement, car il s'agit de la principale voie de navigation entre l'océan Indien et le Pacifique. Il n'y a pas de moyens faciles pour les navires de le contourner car le détour s'élève pénalise de 1.000 miles nautiques. Les côtes de l'Afrique (en particulier l'Afrique de l'Ouest en ce moment) sont aussi fréquemment sujettes à des attaques de pirates.