6.8 – Les routes romaines

Les routes romaines.

D’après: National Geographic – 28 jan 2021, 31 jul 2022 / Human Progress - 09 aoû 2022

Plus Rome gagnait en influence, plus son système routier s’étendait, rattachant les nouveaux territoires et leurs habitants à la civilisation romaine. De l’Angleterre à l’Égypte, les empereurs romains ont construit des routes, puis élevé des murs pour protéger les territoires conquis des envahisseurs. Les vestiges de leurs constructions subsistent de part et d’autre de l’Europe.

Hadrien passa plus de la moitié de ses vingt et un ans de règne sur les routes, surveillant la construction des cités nouvelles et des fortifications frontalières. On le voit ici, à cheval, bras tendu, au cours de l’inspection du fort de Saalburg, en Allemagne, vers 121.- Jaime Jones.

Un Empire … grâce à ses routes

.            Conformément au mythe de sa fondation (-753) par Romulus, un fils du dieu de la guerre Mars, Rome a été en proie à des conflits pendant une grande partie de son histoire. Elle était la capitale d’un État qui cherchait souvent à étendre son territoire. À son apogée, l’Empire romain couvrait une superficie de près de 2 millions de kilomètres carrés. Il comprenait l’Espagne, le Portugal, la France, la Belgique, certaines parties de l’Allemagne, de l’Angleterre, du Pays de Galles, une grande partie de l’Europe centrale et du Sud-Est, la Turquie, certaines parties de la Syrie, ainsi qu’un long territoire le long de la côte de l’Afrique du Nord, dont une partie importante de l’Égypte.

.          Pour soutenir leur expansionnisme, les Romains ont fini par former une grande armée professionnelle d’élite. Motivés en partie par la nécessité de déplacer leurs soldats sur de vastes distances, les Romains ont créé leur vaste réseau routier dont les vestiges sont encore visibles dans une grande partie de l’Europe et dans certaines régions d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Il faudra attendre le réseau routier de l’Empire inca, un millier d’années plus tard, pour voir apparaître un système routier d’une complexité comparable.

Dès 4000 avant J.-C., la civilisation plus ancienne de la vallée de l’Indus avait créé des routes pavées et droites se croisant à angle droit. Et bien que les Romains n’aient pas inventé les routes –une innovation de l’âge du bronze– ils en ont considérablement amélioré le concept et le potentiel. Les routes ont toujours fait partie de l’« ADN » de Rome. En 451 av. J.-C., la rédaction de la Lex XII Tabularum (loi des Douze Tables), premier ensemble de politiques écrites, débuta. Cette loi, gravée sur douze tables de bronze, énonçait les procédures à suivre en matière de procès, de propriété foncière, de crimes et de châtiments, et de droits civiques. Elle incluait aussi des règles relatives aux voies, comme l’instauration d’une largeur standard de 8 et 16 pieds romains respectivement pour les voies droites et celles sinueuses (soit environ 2,30 mètres et 4,70 mètres de large).

.            Les premières voies furent construites pour relier la ville du bord du Tibre à d’autres cités de la péninsule italienne. Plus Rome gagnait en influence, plus son système routier s’étendait, rattachant les nouveaux territoires et leurs habitants à la civilisation romaine et, à terme, à l’Empire romain. Une trentaine de voies partaient de toute l’Italie pour converger vers Rome (tous les chemins mènent à Rome !). Beaucoup portaient le nom de leurs bâtisseurs, à l’image de la voie Appienne nommée en l’honneur d’Appius Claudius. D’autres affichaient le nom de leur destination, comme la voie Ardeatina, qui menait jusqu’à Ardea, une ville située à environ 40 km de Rome.

Sur la table de Peutinger (une copie -œuvre d'un moine, qui l'aurait conçue au milieu du 13e siècle dans la ville de Colmar- d'une carte romaine qui aurait été tracée au 4e siècle), certaines distances sont réduites et d'autres étendues. Ci-dessus, la section représentant la moitié sud de la péninsule italienne où la Méditerranée n'est pas plus large qu'une rivière. Au centre de cet empire se trouve, bien évidemment, Rome. La capitale italienne est représentée par un personnage assis sur un trône et tenant dans sa main un globe terrestre, une lance et un bouclier. Rome est la caput mundi (capitale du monde) où tous les chemins mènent. Les routes constituent la caractéristique principale de cette carte : 112.654 kilomètres de routes romaines, toutes tracées en rouge, Cette carte, d'une longueur de 6,70 mètres ne mesure que 35,5 centimètres de hauteur, et comporte 12 sections (dont une perdue) - Österreichische Nationalbibliothek, Vienna

.            Les viae Romanae (voies romaines) par leur ampleur (on parle d’un vaste réseau de voies reliées les unes aux autres, qui s’étendait sur plus de 320.000 km à son paroxysme) et l’introduction de plusieurs innovations importantes allaient modifier à jamais la façon dont les gens se déplacent. Construites en partie pour faciliter le transport des soldats et l’acheminement des fournitures militaires, les routes ont grandement facilité la libre circulation des civils et des marchandises.

.            Aujourd’hui, nous considérons les systèmes routiers avancés comme acquis, mais les routes fiables étaient autrefois une rareté, et bien sûr, de nombreux voyages avaient lieu sans aucune route. En rendant les voyages plus rapides et plus faciles, les routes romaines ont considérablement amélioré l’efficacité du transport des marchandises, des personnes et des messages. Le système routier romain a augmenté le taux d’échange culturel et encouragé les connexions qui ont contribué à unifier l’Empire romain –un creuset de cultures, de croyances et d’institutions différentes-.

Une construction sophistiquée et … moderne

.            Les Romains ont été les premiers à utiliser des nouveaux concepts tels que les bornes kilométriques, l’arpentage avancé et diverses merveilles d’ingénierie, comme les viaducs, afin de créer les routes les plus courtes et les plus droites possibles.

.            Alors que la plupart des routes de l’époque étaient sinueuses et irrégulières et construites en fonction des obstacles naturels, les Romains étaient fiers de créer des routes droites. Les ingénieurs romains trouvaient le moyen de tracer droit en construisant des ponts, des tunnels ou des viaducs. Ils asséchaient également les marais, traversaient les forêts, voire détournaient le cours des ruisseaux lorsque cela s’avérait nécessaire.

.            Plutarque, biographe grec du 1er siècle, nous offre de riches renseignements sur la construction de voies dans sa biographie de Caius Gracchus, l’un des politiciens les plus importants de la République romaine. Tribun de la plèbe au 2e siècle av. J.-C., Gracchus fit « de la construction de voies son principal centre d’intérêt, alliant utilité et beauté dans les voies qui traversaient de manière rectiligne les terres, sans virages ni détours, et qui reposaient sur des fondations en pierres découpées, renforcées par des couches de sable ou de graviers tassés. Les dépressions furent comblées. Des ponts furent érigés au-dessus des rivières et des ruisseaux ; leurs côtés mesuraient la même hauteur et étaient parallèles pour assurer la beauté et l’uniformité de l’ouvrage. En outre, il mesura toute la route et plaça une borne en pierre tous les milles romains pour informer les voyageurs. »

.            Avant de construire une route, on procédait à un arpentage approfondi, étudiait la topographie de la région et on recueillait des informations auprès des habitants. On traçait ensuite l’itinéraire le plus logique en donnant la priorité à la rectitude, aux pentes modérées et à la longueur. La route serait la plus droite possible sur terrain plat : ainsi, l’ancienne voie Appienne qui reliait Rome à Terracina, comporte une ligne droite continue de 90 km de long.

Lorsque le terrain était vallonné, les « ingénieurs » atténuaient les dénivelées en procédant à des excavations et à la construction de ponts et de viaducs. Dans les zones montagneuses, ils concevaient de grands virages pour s’adapter au terrain et ainsi lisser au mieux les pentes de la route. En haute montagne, ils avaient recours aux virages serrés, voire aux tunnels. Lorsque cela était possible, les routes étaient construites sur les pentes orientées est et sud, plus exposées au soleil, pour que les chutes de neige n’entravent pas la circulation.

Le tracé le plus court, le plus droit et le plus nivelé possible entre deux points étant défini, on déterminait les prouesses de réalisation nécessaires pour surmonter les obstacles. Les arpenteurs vérifiaient les niveaux et marquaient le tracé à l’aide de piquets de bois. Il se servait d’un outil, appelé groma (une croix en bois munie de poids), pour s’assurer que les lignes étaient droites.

Une fois le tracé validé, la première étape de construction consistait à enlever les arbres, les pierres et le moindre obstacle sur le tracé de la route. Puis le sol était drainé et les eaux de pluie déviées au moyen de canaux et d’égouts. Les ouvriers nivelaient en creux pour façonner des lits (aggers) de terre ou d’un mélange de sable et de chaux, sur lesquels on allait déposer les matériaux de la route. Les matériaux, extraits de carrières voisines, ou à défaut importés, étaient mis en place sur plusieurs couches. D’abord de grosses pierres positionnées de façon à favoriser le drainage naturel. Puis une épaisseur de graviers, roches de taille moyenne, était déposée au-dessus pour tasser la couche inférieure et combler les espaces. Enfin, des pavés de pierre étaient ajustés sur une couche de sable compacté ou de terre sèche, ou parfois de gravier et de ciment. Finalement, la chaussée surélevée par rapport au terrain alentour, était tassée et durcie avec de l’eau, par un damage manuel ou à l’aide d’un grand rouleau en pierre. Ces couches superposées ont conféré aux routes romaines leur longévité. Alors que d’autres routes s’usaient rapidement pour devenir des pistes boueuses et enfoncées, les routes romaines ont duré des siècles, voire des millénaires.

Des trottoirs en pierre bordaient la voie et de grands fossés étaient creusés de chaque côté pour collecter l’eau de pluie, l’un des principaux ennemis d’une route. Les routes étaient en général bombées pour permettre à l’eau de pluie de s’écouler dans ces fossés ou des caniveaux parallèles.

Par ailleurs, les Romains ont expérimenté des routes rainurées pour faciliter le transport des chars et des chariots à roues.

Pour finir, des poteaux cylindriques en pierre étaient plantés dans le sol tous les miles romains (qui correspondent à mille pas, ou milia passum). Pouvant mesurer jusqu’à 2,50 mètres de haut, ces bornes indiquaient les distances et rendaient hommage à la personne qui avait financé la construction de la voie. Outre l’institution de ce système de jalons réguliers, les Romains ont aussi normalisé la largeur des routes.

Les routes principales du réseau routier romain étaient généralement bordées de pistes cavalières ou de sentiers pour chevaux et de chemins pour piétons afin de séparer les différents types de trafic.

Section transversale d’une voie romaine reliant Osma à Garray dans le nord-ouest de l’Espagne. Groupe d'archéologie expérimentale ARECO S.L.

Une organisation « professionnelle »

.            D’anciens érudits de la République romaine (–509 / -27) laissèrent des écrits détaillés de la conception des voies, de l’attribution des contrats à leur construction. L’historien romain Tite-Live raconta ainsi comment Quintus Fulvius Flaccus et Lucius Postumius Albinus, des censeurs du 2e siècle av. J.-C., « furent les premiers à attribuer des contrats pour paver les voies de la ville avec de la pierre, mettre des cailloux sur les bas-côtés, construire des trottoirs et des ponts à de multiples endroits ».

Un processus d’appel d’offres était lancé pour sélectionner les entrepreneurs privés qui se chargeraient de la construction de la voie. Ces derniers employaient à cette fin des ouvriers, mais aussi des personnes réduites en esclavage et des criminels condamnés aux travaux forcés. L’armée et des ingénieurs militaires étaient parfois appelés pour concevoir la route ou diriger les travaux. Les légions se chargeaient aussi de la construction de voies dans le cadre d’opérations militaires et dans les zones conquises. Et lorsqu’elles étaient inactives, les commandants (ou légats) décidaient de préposer des soldats à cette tâche. C’est ainsi que la voie Flaminienne, qui reliait Rome à Ariminum (actuelle Rimini) en passant par les Apennins, fut construite par les hommes du consul Caius Flaminius en 220 av. J.-C.

Pose de pavés sur une voie, relief datant du 1er siècle apr. J.-C. Musée de la civilisation romaine, Rome.

Sous la République, la construction des voies relevait donc des censeurs, nommés ainsi parce qu’ils assuraient le recensement des citoyens romains. Si des réparations urgentes s’avéraient nécessaires, un curateur pouvait être nommé pour superviser les travaux ; Jules César fut ainsi désigné curateur de la voie Appienne en 67 av. J.-C. Après sa victoire contre Marc-Antoine en 31 av. J.-C., l’empereur Auguste se chargea de la réparation des dégâts causés par un siècle de guerres civiles. En 20 av. J.-C., Auguste, devenu surintendant des voies romaines, nomma des magistrats (les curatores viarum) responsables de la supervision des chemins, de l’attribution des contrats et de l’encadrement des travaux de construction et d’entretien.

Ces derniers étaient financés par les impôts, les péages, le mécénat privé ou impérial ; ce fut le cas de la Via Traiana, financée par l’empereur Trajan, qui devint la voie principale entre Bénévent et Brindisi au détriment de la voie Appienne. Les villes traversées par ces chaussées étaient tenues de contribuer à leur entretien.

Les voyageurs pouvaient se reposer dans des mansiones, des auberges officielles qui émergèrent le long des voies romaines. Elles étaient situées tous les 20 à 25 milles romains (mille pas de 1,47 m !), soit 29 à 37 km, l’équivalent d’une journée de voyage. Ces structures, groupées autour d’une cour centrale, abritaient des étables et des auges pour les chevaux, un lieu où se restaurer et des dortoirs. Certaines d’entre elles possédaient des bains publics où les voyageurs pouvaient se débarrasser de la poussière.

La plupart des routes, de par leur conception sablonneuse, étaient en effet poussiéreuses. En particulier lorsqu’un flux continu de soldats et de charrettes les empruntaient. Suétone, un historien romain du 2e siècle apr. J.-C., y fit allusion dans sa biographie de l’empereur Caligula :

« Il se mit en marche avec une si brusque précipitation, que, pour le suivre, les cohortes prétoriennes furent obligées, contre l'usage, de mettre leurs enseignes sur des bêtes de somme. Alors qu’il voyageait dans une litière portée par huit personnes, les troupes le suivaient avec tant de mollesse, qu’il ordonnait aux habitants des villes voisines de balayer les chemins, et de les arroser pour abattre la poussière. »

Pendant l’Empire

.            Avec l’expansion de la République, puis de l’Empire romain, le réseau routier continua à se développer. Sous Auguste, les voies construites pendant la République connurent un renouveau ; l’empereur redynamisa le système de construction et d’entretien des artères. Il avait conscience de leur importance vitale pour le déplacement des armées et le commerce, mais aussi de leur symbolique. Ce réseau était le fruit d’un incroyable savoir-faire qui unissait l’empire grandissant et permettait à ses sujets de profiter des avantages de la domination romaine. De nouveaux chemins furent construits dans des terres nouvellement acquises en Grande-Bretagne et en Syrie.

À l’apogée de la puissance et de l’influence de Rome, les provinces de l’Empire étaient reliées entre elles par 372 grandes routes, dont pas moins de 29 partaient de la ville de Rome elle-même. D’où l’expression populaire « Tous les chemins mènent à Rome »

Le règne d’Auguste (-27 / -14) marquera le début d’une ère de paix relative connue sous le nom de Pax Romana, au cours de laquelle Rome évite de s’engager dans une guerre majeure pendant près de deux siècles, même si elle poursuit des guerres d’expansion à petite échelle. Bénéficiant de cette paix relative et d’un réseau commercial exceptionnel grâce aux routes de l’Empire, la ville de Rome s’est développée et a prospéré. Elle comptait environ un million d’habitants à l’époque ou s’en rapprochera rapidement. Cela constituait une population urbaine qui n’a plus été égalée dans aucune ville européenne jusqu’au XIXe siècle.

.          Les techniques de construction employées par les Romains étaient très efficaces, si bien qu’elles furent à nouveau employées au 18e siècle. C’est pour cette raison qu’il est parfois difficile de savoir si une route ancienne est romaine, sauf à y trouver des indices archéologiques. La plupart des voies romaines ont servi de fondement aux principales autoroutes et voies secondaires de l’ancien monde romain. Elles témoignent de l’habilité des ingénieurs derrière leur conception et de leur construction

Le Milliarium Aureum ou Pierre d’Or

.            C’était un monument important, mesurant probablement environ 12 pieds de haut et construit en marbre … peut-être recouvert de bronze doré. Il se dressait près de l’imposant temple de Saturne, dans le forum central très animé. Le monument était le point central symbolique et pratique du système routier romain. On considérait que toutes les routes commençaient à la Pierre d’Or, et toutes les distances dans l’Empire romain étaient mesurées par rapport au monument. Il représentait la réalisation de la connexion d’une grande partie du monde grâce à un réseau de routes fiables, permettant de voyager, de transporter des marchandises et d’acheminer plus rapidement des messages.

Localisation du milliaire d'or dans la Rome antique

La Via Appia

.            La Via Appia (voie Appienne) est la plus connue de toutes. Construite au 4e siècle av. J.-C. sous la direction du censeur Appius Claudius, elle est pavée de grandes dalles de basalte. À l’origine, elle reliait Rome à Capoue, située à environ 210 km de là dans la région italienne de la Campanie. Vers 244 avant J.-C., la route a été prolongée pour s’étendre au-delà de Capoue jusqu’à la ville portuaire de Brundisium (actuelle Brindisi), une ville portuaire sur la mer Adriatique, située dans la région des Pouilles au sud-est de l’Italie.

Élu censeur en 312 av. J.-C., Appius Claudius, dont le nom figure sur cette inscription datant du 4e siècle av. J.-C., finança deux chantiers romains emblématiques : la Via Appia (voie Appienne) et l’Acqua Appia, premier aqueduc de Rome.

Principale route entre Rome, les ports de la côte adriatique et la Méditerranée, la voie Appienne devint un élément essentiel à l’économie et à l’armée romaines. Sa largeur permettait à deux charrettes de se croiser ou à cinq soldats de marcher côte à côte. L’ampleur et la qualité du projet firent de la voie, pendant des siècles, un exemple du savoir-faire romain. Statius, poète romain du 1er siècle apr. J.-C. qualifia la voie Appienne de longarum regina viarum (reine des longues voies). L’historien byzantin du 6e siècle, Procope, loua même son ingéniosité des centaines d’années après sa construction :

« Il… s’agit d’une réalisation des plus remarquables. La pierre, très dure de nature, n’existe pas dans cette région du pays et a dû être acheminée de loin. Les pierres ont été polies et aplanies, avant d’être découpées en forme angulaire et placées les unes à côté des autres sans qu’il soit nécessaire de les assembler avec du bronze ou un autre matériau. Elles ont été si bien emboîtées et assemblées que l’on a l’impression qu’il s’agit d’une seule masse compacte… La voie a été construite il y a longtemps, et malgré le passage incessant des charrettes et des bêtes de somme, aucune pierre n’a bougé, ne s’est usée ou n’a perdu son lustre. »

.            Les poètes Horace et Statius ont chanté les louanges de la Via Appia (voie Appienne) en la qualifiant de longarum regina viarum, ou « reine des routes à longue distance ». En tant que meilleure route vers les ports maritimes du sud-est de l’Italie, et donc porte d’entrée importante vers la Grèce et la Méditerranée orientale, la voie Appienne revêtait une importance stratégique considérable. Si la voie Appienne a d’abord été construite pour accélérer l’acheminement des fournitures militaires pendant les guerres samnites, elle s’est révélée être la première d’une série « d’autoroutes » dont l’importance allait bien au-delà des usages militaires.

La voie Appienne, dont la construction débuta en 312 av. J.-C., est sans doute l’une des voies romaines les plus connues. Elle reliait à l’origine Rome à Capoue, puis fut prolongée au sud jusqu’à la ville portuaire de Brundisium (Brindisi) sur la côte adriatique.

Ce qui reste de l’Empire

.           Les routes romaines ont sans doute laissé la plus grande marque de tous les temps. Aujourd’hui encore, bon nombre de ces routes ont survécu, et certains de leurs tracés sont toujours utilisés, même si des routes modernes recouvrent les tracés originaux. De nombreux chemins romains, dans des régions allant de l’Europe occidentale à l’Afrique du Nord, sont encore empruntés aujourd’hui. Au-delà des routes …

Une voie romaine pavée traverse le paysage près de l’actuelle ville d’Alep, en Syrie. Elle fut construite par Rome afin de relier Alep à la ville d’Antioche (actuelle Antahya en Turquie).

Cet arc de triomphe inspirait crainte et admiration aux visiteurs de la ville de Thamugadi (aujourd’hui Timgad), la Pompéi de l'Afrique du Nord, dans l’actuelle Algérie. Thamugadi a peu à peu été oubliée sous les sables du désert L’empereur Trajan fonda cette colonie civile, à côté du fort de Lambèse, vers l’an 100 ap. J.-C. Les sillons laissés par les chariots et les attelages sur les voies pavées sont toujours visibles. George Steinmetz.

Rome imposait son sens de l’ordre dans tout l’Empire. La ville de Thamugadi, construite selon un plan quadrillé, accueillait un marché (au centre), des portes monumentales, plus d’une douzaine d’établissements thermaux, une bibliothèque et un théâtre de 3 500 places. George Steinmetz.

Ces vestiges de la Rome glorieuse furent d’abord un fort, puis une colonie civile qui approvisionnait les soldats en garnison sur le mur d’Hadrien. - Robert Clark.

 

Les Barbares devaient écarquiller les yeux devant cette section du mur bordant une falaise, près du village d’Once Brewed. À son apogée, le mur mesurait 4,5 m de haut et s’étendait sur 118 km de l’est à l’ouest du pays. Il était, par endroits, renforcé par un fossé profond. - Robert Clark

.          

 

Les soldats romains construisirent plus de 800 tours de guet le long des 550 km de frontière entre le Rhin et le Danube. Il n’en reste que quelques fondations en pierre. - Robert Clark

Bâti à l’orée du désert vers 300 ap. J.-C., cet avant-poste de cavalerie est l’un des forts romains les mieux préservés du monde. Entre 70 et 160 cavaliers empêchaient les nomades arabes d’attaquer les caravanes d’encens et de myrrhe. - Robert Clark