"Attention Statistiques, ..."
. Par passion, sur ce site, je mets beaucoup de chiffres et de statistiques, que je maîtrise parfois, que j’ai tout simplement lus le plus souvent. Malheureusement, même les médias et publications sérieux et de renommée certaine ne sont pas à l’abri de faiblesses, de défaillances, voire de biais.
Ce serait une erreur de tout rejeter, même si les statistiques peuvent tromper. En effet :
> Les statistiques peuvent être fausses : les réponses aux questions peuvent ne pas être toujours sincères, quand bien même ces questions seraient bien posées, claires et relatives à des sujets … que le sondé connaît ;
> Les statistiques peuvent être truquées ou du moins orientées, si des intérêts sont en jeu ;
> On peut faire dire aux statistiques plus que ce qu’elles ne peuvent donner, surtout si l’échantillon sondé n’est pas représentatif ;
> Les statistiques peuvent être « vraies-fausses », c'est-à-dire trompeuses, par exemple avec des graphiques dont l’origine des ordonnées ne part pas de zéro ;
> Les affirmations peuvent parfois être sans fondement, voire inventées : on a par exemple affirmé un jour qu’il y avait 50 millions de morts par an de la faim, chiffre répété à l’envi, alors que le nombre total de morts à l’époque, toutes causes confondues était inférieur à 50 millions par an ;
> Des précisions illusoires sont un leurre, qui cache des ordres de grandeur ou pire des falsifications (voir, parmi d’autres, les statistiques chinoises) ;
> Les erreurs d’ordre de grandeur. Chaque affirmation nouvelle et surprenante se doit d’être recoupée ;
> Les moyennes sans signification peuvent gommer des spécificités ;
> Des calculs aux résultats impressionnants peuvent ne rien vouloir dire ;
> Les comparaisons de choses non comparables sont sans fondement ;
> Les fausses corrélations : aux Etats-Unis, les divorces évolueraient comme le nombre d'ascenseurs !
> Et probablement (terme statistique !) d’autres, encore.
D’après : « Attention, statistiques » Joseph Klatzmann, ancien administrateur de l’INSEE (La Découverte - 1996), un petit ouvrage facile et agréable à lire qui remet les pieds sur terre.
. Aux Etats-Unis, en 1936, l’institut de George Gallup, refusant d'organiser des sondages financés par les deux principaux partis, a prédit la victoire (56%) de Roosevelt sur la base d’un échantillon représentatif de 5.000 personnes tandis que le sondage réalisé par le Literary Digest auprès d’un échantillon gigantesque de deux millions d’abonnés au journal, que l’élection intéressait suffisamment pour répondre au sondage, donnait son opposant, Landon, gagnant. Roosevelt l’emporta à 62%. Depuis lors, les sondages publiés par cet institut ont toujours influé sur le résultat final des élections présidentielles aux Etats-Unis.