1856 / Mouilleron-en-Pareds, Saint-Germain-l’Aiguiller, Le Tallud-Sainte-Gemme

Mouilleron-en-Pareds

M.L Audé Société d'émulation de la Vendée. 1856 - Bibliothèque nationale de France

.            Il y avait alors une petite forteresse appuyée sur une vaste église (1). Cette église, lors de sa reconstruction au commencement du XVe siècle fut comprise dans le système de défense du fort et reçut des appareils de guerre qui en complétèrent les ouvrages. A une petite distance du bourg, au bord du ruisseau qui en découle, se trouvait une maladrerie destinée à recevoir les lépreux, signe évident d'une population importante.

.            Le temple protestant reporte nos souvenirs aux guerres de religion ; ce sont à peu près les seuls que nous ayons à enregistrer. C'est de ce bourg que partirent plusieurs fois les rassemblements qui parcoururent le Bas-Poitou. Les habitants se signalèrent des premiers par leur turbulence en ces jours de troubles. Aucuns prétendent, mais nous ne voulons pas accepter la responsabilité de leur opinion, que cette disposition de tempérament n'a point tout-à-fait disparu, et qu'elle s'est signalée par des indices apparents à chaque période difficile de l'histoire de notre temps.

.            Dès le principe, en septembre 1562, ils se révoltèrent contre les gendarmes de M. du Lude, gouverneur de la province, et sonnèrent le tocsin. Plusieurs personnes de part et d'autre furent tuées dans cette échauffourée. Un peu avant ou peu de temps après, nous ne savons lequel au juste, « Moilleron fut entièrement saccagé, avec plusieurs meurtres par un nommé de Lys, et un autre nommé Vitré, estans en la ville de Fontenay-le-Comte » (2). Ceux-là étaient catholiques; mais les huguenots (101) reprirent bien leur revanche.

.            Un synode (102) y fut tenu en 1564 ; l'exercice du culte, à partir de ce moment, cessa entièrement. Le curé de Saint-Germain-l'Aiguiller, menacé de mort par les habitants de Mouilleron, dut suivre le même exemple et borner son ministère à l'administration du baptême. L'année suivante, nous trouvons les réformés faisant le prêche dans l'église (18 sept.) ; c'est à ce moment que cet édifice fut pillé et détruit. Le culte protestant se maintint à Mouilleron jusqu'en 1665. En cette année, le 8 août, un arrêt du Conseil d'Etat en interdit l'exercice et ordonna la démolition du temple.

.            Le 25 avril 1793, Chalbos (103) remporta à Mouilleron un avantage sur les Vendéens. Le curé et le nommé Cahors avaient été condamnés à trois années de bannissement, par la justice de Fontenay, pour avoir poussé les habitants au pillage, en septembre 1789. Il ne parait pas qu'ils aient subi leur jugement, car le dernier resta longtemps à Mouilleron pendant la guerre, répandant l'épouvante aux environs par le pillage et te meurtre.

L’église.

.            Elle n'a rien de monumental ; mais quelle autre offrirait à l'étude un modèle plus saisissant des ravages exercés pendant nos guerres, des réparations maladroites que l'on essayait ensuite ! Trois époques s'y reconnaissent, la construction primitive, la reconstruction du commencement du XVe siècle et les réparations entreprises après les guerres de religion. La construction primitive nous parait tenir de la fin du style roman. Elle se retrouve dans le premier pilier, à droite de l'entrée A, reconnaissable à la colonne cylindrique à demi-engagée, surmontée d'un chapiteau orné de feuilles larges et perlées. La fenêtre longue, au-dessus de la porte, et les trois puissants contreforts voisins, aussi bien que le mur, doivent être attribués au même temps.

La reconstruction du XV° siècle couvrit la vaste superficie occupée par l'église actuelle, par le parterre et par la maison du presbytère. La fureur des religionnaires n'en laissa rien debout. Quand le flot des guerres civiles se fut retiré, l'embarras fut grand pour remettre l'église en état de servir au culte. Le temps des grandes constructions avait passé avec la foi des populations ; tout fut refait à la hâte et avec économie. Ce qui était sur le parterre et le presbytère actuels fut retranché ; les piliers rasés au-dessus des chapiteaux reçurent un plafond en charpente ; le clocher horriblement ruiné fut repris aux faces du sud et de l'est, que l'on établit sur un lourd massif de maçonnerie en forme de pilier prismatique à huit pans.

Quelles circonstances avaient obligé l'architecte du XV° siècle à donner à sa construction une forme aussi étrange ? Tandis que le bas-côté va en diminuant vers le chevet, la nef s'élargit jusqu'à la chaire B pour s'infléchir ensuite à gauche. Etait-ce pour donner à cette partie de l'église le signe symbolique de l'inflexion de la tête du Christ sur la croix, que des antiquaires ont voulu voir en des cas analogues ; ou bien plutôt, après s'être servi du mur et des piliers primitifs, fut-il obligé de subir ce retour pour éviter le trop grand écart de la ligne droite ? Quoi qu'il en soit, en considérant la maigreur des piliers, caractère ou plutôt défaut distinctif de la fin du style ogival, leur excessive distance, l'irrégularité du plan, on ne peut concevoir de quelles voûtes l'architecte put recouvrir son édifice avec de pareilles conditions.

Les trois piliers du milieu, dont un est engagé dans le chevet, sont reliés par les arcades sans style du temps de la réparation. Leur plan est un massif carré dont les angles, formant une surface concave ou rentrante, étaient décorés de colonnettes, et dont les faces étaient consolidées par une colonne engagée, à arrête mousse. Des chapiteaux au tailloir étroit, à la corbeille cylindrique rehaussés de choux d'un faire peu habile, surmontaient le tout. Les colonnettes de ces piliers ont toutes disparu ; il en a été de même des colonnes dans le sens de la longueur, qui gênaient pour établir le plafond.

Les piliers engagés dans le mur latéral du nord sont du style des piliers isolés qui leur répondent ; ceux du midi forment un faisceau de cinq colonnettes à arrête mousse, se touchant sans vide, d'un bon style, et ornées de feuillages.

Les fenêtres à ogive équilatérale sont percées au nombre de quatre d'inégale grandeur dans le mur du nord, et de deux dans le mur du midi. Elles étaient évidemment divisées par des meneaux pareils à ceux de la fenêtre, qui subsiste sous le clocher. Cependant celles du nord semblent avoir été ouvertes après coup dans le mur, au XV° siècle ; on peut supposer en effet que l'architecte n'eût pas établi en ce point des jours qui eussent nui à la défense ; mais qu'elles furent percées lorsque les fortifications, dont était munie cette partie, devinrent plus tard sans objet.

Deux baies existaient dans le chevet qui est rectiligne ; elles sont bouchées par de la maçonnerie. Celle de la nef était très large ; elle devait être divisée par plusieurs meneaux.

Le chapiteau du pilier engagé, auprès de l'autel, porte l'écusson bien conservé de Dunois, le célèbre bâtard d'Orléans, un des chefs militaires de la guerre de Cent Ans (3).

Le tableau, placé au-dessus du maître autel, représentant les Pélerins à Emmaüs a été donné par le gouvernement, en 1850.

Sous l'autel de la Vierge (D du plan) on conserve des reliques de Saint-Aurèle, martyr, données par le pape Pie IX, en 1846. Une petite médaille fut frappée à l'occasion de leur réception ; d'un côté elle représente S. Aurèle, de l'autre S. Hilaire, sous l'invocation duquel se trouve !'église. La chaire B, de chêne sculpté (4), œuvre d'un habile artiste de Nantes, est remarquable par son travail. Sur la boiserie de la rampe sont ciselées les scènes du Semeur, de la Pêche miraculeuse et de la Samaritaine. Autour du siège, l'artiste a sculpté la Prédication, Saint-Paul et les Quatre Evangélistes.

La cuve des fonts baptismaux repose sur un fût cylindrique récent, imitant l'antique,

A l'extérieur, on remarque d'abord que la porte d'entrée A, a été placée après coup dans le mur primitif ; on trouve que les contreforts voisins sont plus anciens et plus épais que ceux du reste de l'église ; enfin on admire les belles proportions et la hauteur des deux piliers du clocher (5). Leur sommet porte encore les consoles des mâchicoulis qui les couronnaient. Des vestiges semblables de défense se voient le long du mur du nord et sur les piliers et le mur du chevet, protégés autrefois par des fossés profonds.

.            Nous nous sommes arrêté à la description de cette église plus longtemps que nous ne ferons pour aucune autre, à cause des nombreuses observations auxquelles elle prête et dont le motif, nous le regrettons au point de vue de l'antiquaire, va disparaître bientôt. Un plan de reconstruction (6), dont l'exécution partielle va commencer, doit remplacer ces constructions curieuses dans leur incohérence par une nef, deux bas côtés, une abside et deux absidioles, dans le goût du XV° siècle. Ce plan est complet, mais on n'en exécutera pour le moment que les absides.

La fontaine de la Fosse.

.            Sur la fontaine, connue probablement des Romains (7), le Santeuil de l'endroit a fait graver, il y a une trentaine d'années, ce quatrain devenu célèbre dans le pays :

  • Du superbe Hélicon découlait l'Hippocrène,
  • N'étant pas celle-ci je suis une fontaine
  • Qui doit au sieur Mosnay sa nouvelle beauté,
  • Maire il me rebâtit pour plus d'utilité.

Ces vers ridicules ont été récemment effacés au grand regret des plaisants ; nous en conservons te souvenir pour leur amusement, et non pour nous égayer aux dépens de l'excellent maire qui administra la commune pendant tant d'années, et aimait à en rire le premier.

Ce n'est pas la fontaine des Muses : les vers du poète nous le disent assez. Peut-être eussent-elles préféré celle de la Fosse, gracieuse fantaisie que l'on croirait enlevée aux jardins d'Académus ; mais les chastes filles de la Grèce pouvaient-elles quitter leurs monts poétiques, pour des vallées hantées par des divinités subalternes aussi compromises ? Fées au visage vermeil ou crochu, sylphes diligents, farfadets et leur suite mystérieuse et ensorcelée, dont notre âge se raille, se plaisaient avec les brises du printemps, par les rafales mugissantes de l'hiver, à mener, la nuit, leurs folles sarabandes sur les rochers de Mouilleron et de Cheffois, dans les ravins, au bord des ruisseaux ombragés. Ils avaient construit à la Fosse une fontaine où ils signalaient leur séjour par plus d'un tour joué aux paysans. M. Fillon en a raconté un des plus intéressants, que nous tenons pour un modèle de notre langage populaire.

.            Cette fontaine forme un petit monument grec à deux étages, dont l'ordonnance ionique est du plus beau style. Une colonne complètement dégagée décorait chaque angle ; une coupole couverte d'imbrications couronnait l'édifice. Les détails sont traités avec un fini remarquable ; l'ensemble est du plus gracieux dessin. La vue que nous en donnons dispensera d'une plus longue description. La base a disparu, encombrée sous les immondices de l'ignoble cour qui l'entoure (8).

Fontaine au Château La Fosse

La date 1557, qui s'y voit, ainsi que l'écusson des Le Vénier (9), nous rendent défiant pour les données de la légende, et nous font, de préférence, attribuer la construction de la fontaine à Jacques Le Vénier, seigneur alors de la Raymondière et de la Fosse.

.            La famille Le Vénier, des environs de la Châtaigneraye avait commencé sa fortune dans le commerce, à la fin du XV° siècle ; elle l'avait complétée dans les tailles. Une fois enrichie, elle s'allia à toutes tes familles de la noblesse du pays. Pierre, un des fils de Jacques, d'abord receveur des tailles à Fontenay, parvint à la haute position de président de la chambre des comptes à Paris.

La terre de la Fosse passa ensuite à la famille du Régnier (10) et par partie aux Tallensac (11), puis aux Baudéan-Parabère, qui la vendirent en 1765, avec la Rousselière, à L Joseph de Liniers.

La porte d'entrée et l'escalier du château dénotent la même architecture et nous font penser que le corps du logis était du même temps. Cette porte était doublée en dedans d'une curieuse armature en fer. Du château il ne reste plus que des ruines amoncelées.

.            La chapelle située au sud, un peu en dehors des bâtiments, était une pièce sans voûte, ni ornement. Jusqu'en 1793, le curé de Mouilleron était tenu d'y dire la messe, comme chapelain (104) de la seigneurie (12).

II y avait autour de la Fosse des souterrains très-étendus ; le peuple pense qu'ils communiquaient avec le Châtelier et avec la Rousselière, en passant sous le rocher. De semblables contes n'ont pas besoin d'être discutés. Un champ voisin garde le nom de Fosse aux Soldats (13). Des combats y furent-ils livrés ? Les morts y furent-ils inhumés après la bataille ? Notre village en reçut-t-il son nom ?

La maison noble de la Fosse avait droit de haute, moyenne et basse justice (105).

Si, après avoir salué la fontaine des Fées, nous allons visiter le Châtelier en suivant la fraîche vallée du Loing, nous passerons auprès de la petite seigneurie de la Graslière, simple ferme dont les maîtres s'intitulèrent hauts et puissants seigneurs.

Le Châtelier-Portault.

.            Au nord du Châtelier, de l'autre côté du ravin, un petit promontoire, autrefois baigné par les eaux d'un vaste étang, présente toutes les apparences de fortifications antiques. Peut-être étaient-elles romaines, comme on pourrait l'induire du nom de Châtelier (14). La forme du terrain est un triangle, dominant sur la vallée, défendu à la base par un vallum (106) dont la terre avait été rejetée en dedans. Les fondements de constructions placées au sommet ont été arrachées, il y a peu de temps ; sur le reste de l'enceinte, nous n'en avons point retrouvé de traces. Quelles circonstances en amenèrent la ruine, et en quel temps ? Le souvenir s'en est totalement perdu. Le feu dut y jouer son rôle, car on en trouve partout les marques, et il fut si violent que les pierres mêmes entrèrent en fusion (15). Lorsque le château fut reconstruit, vers la fin du XV° siècle, on le porta au midi du ravin, sur un emplacement sans défense.

« Il était alors aux Prévost ; originaires du Haut-Poitou qui possédaient plusieurs petits manoirs dans le pays. Un d'eux était avocat à Poitiers, sous Louis XI et Charles VIII, et a donné la première édition imprimée de la Coutume de Poitou, dont il existé un exemplaire, peut-être unique, à la bibliothèque de Poitiers (16). »

Loys Prévost, seigneur du Chastelier-Portautt, épousa Paule Chabot, fille d'Artus Chabot, seigneur de Passay, en la paroisse de Vandœuvre, près Poitiers, et en eut :

  1. N., tué en Italie, à la Mirando!e, en 1551, par Charry ;
  2. Antoine, qui suit ;
  3. Honorat, connu sous le nom de Chastelier-Portault, sur lequel nous allons donner quelques détails ;
  4. Jean, mort jeune ;
  5. Deux filles.

Antoine, seigneur de la Tour, se maria par contrat du 11 août 1560, passé au Parc-Soubise (17), avec Marguerite Fumée, fille d'Antoine Fumée, conseiller au Parlement de Paris, et de Françoise du Fau. Fumée ayant été poursuivi comme calviniste s'était réfugié au Parc, près de Jean-de-Parthenay-l’Archevêque, l'un des chefs du protestantisme, qui voulut doter lui-même sa fille. Antoine servit dans les rangs des calvinistes et fut connu sous le nom du Capitaine La Tour. De ce mariage naquirent:

  1. Honorat, seigneur du Châtelier-Portault, marié à Anne Du Prat, de la maison de Nantouillet, qui ne lui donna point d'enfants. Honorat servit avec distinction et devint maréchal-de-camp (107).
  2. Suzanne, femme de Pierre Hélies, seigneur de la Roche-Esnard.
  3. Madeleine, femme de Chartes Chenu, baron de Cernon et d'Autry, d'une famille du Berry.

Revenons maintenant à Honorat, premier du nom, le principal personnage de la famille. Honorat, dit le Capitaine Chastelier-Portault, servit d'abord en Italie, sous les ordres de Jean-de-Parthenay-l’Archevêque, seigneur de Soubise, chez lequel il avait été élevé comme page. Son protecteur le présenta ensuite à Coligny et aux princes de la maison de Navarre, et lui assura surtout les bonnes grâces de Condé, dont il devint le confident et l'âme damnée. Le parti protestant une fois constitué, Honorat se trouva mêlé à toutes ses intrigues et à tous ses dangers. Plusieurs fois on le chargea de missions secrètes de la plus haute importance, et il sut toujours s'en tirer avec adresse. Envoyé en Allemagne pour conclure alliance avec les réformés de ce pays, il en revint à la tête de troupes nombreuses qu'il était parvenu à y lever. A partir de ce moment, il prit part à une foule de combats, et s'y distingua tellement qu'il arriva très jeune au grade de maréchal-de-camp.

En 1563, le traité d'Amboise (108) avait fait cesser tes hostilités entre catholiques et protestants; on était en pleine paix, mais les chefs militaires étaient loin de s'entendre. D'Andelot, colonel général de l'infanterie française, frère de Coligny, avait particulièrement à se plaindre de la hauteur de Charry (18), capitaine commandant le régiment des gardes sous Strozzi (109). Châtefier-Portault ne pouvait non plus lui pardonner la mort de son frère ; il s'en suivit une rencontre mortelle pour Charry. Voici comment d'Aubigné raconte l'aventure :

« Avint qu'en décembre Charry, accompagné du capitaine La Gorette, basque, et d'un autre soldat, fit rencontre de Bricmaut, Mouvans et Chastelier ; le dernier des trois ayant à demander à Charry la mort d'un sien frère tué par lui en Piémont, tous les six mettent l'épée à la main ; quelqu'un commence à crier à l'Huguenot, le peuple accourt pour y aider, mais non sitôt que les trois catholiques ne fussent estendus sur le pavé. Tout le pont de Saint-Michel s'esmut contr'eux mais ces trois se confians bien l'un de l’autre, percèrent tout ce qui les attaqua sur le qué des Augustins, et gagnèrent leurs chevaux qui les attendaient à la porte de Nesle. Les prescheurs de Paris, et à leur exemple plusieurs autres exagérèrent ce fait, dont suivirent plusieurs esmutes en divers endroits. »

De Thou et Brantôme ne donnent pas cette rencontre de la même manière. La reine, qui avait attaché Charry à sa personne, à la recommandation de Montluc, fut très sensible a sa mort. Cependant elle dissimula pour ne point rompre la paix signée avec tant de peine; elle se contenta de satisfaire l'émotion du peuple de Paris par de magnifiques obsèques qu'elle décerna au défunt. Dans la suite, elle fit condamner à mort par contumace Châtetier et ses tenants, et attacher leur effigie en paille à une potence sur le pont Saint-Michel.

Les catholiques en conçurent contre Châtelier une haine qui fut cruellement assouvie à Jarnac. Il venait de joindre Condé, après avoir ramené sa flotte à la Rochelle ; l'armée protestante déjà refoulée une première fois, s'appuyait sur le ruisseau de Bassac. En cette extrémité, Coligny envoie au prince de Condé l'avis de charger avec sa cavalerie. Le prince, malgré l'infériorité du nombre, mettant Châtelier à la tête des siens (19), donne avec le plus grand courage dans le gros du corps d'armée de Montpensier. Les protestants sont enveloppés en un instant. Il y avait là un grand nombre de Poitevins. Condé, renversé de cheval et obligé de se rendre est assassiné par Montesquieu, capitaine des gardes du duc d'Anjou. Le même sort était réservé à Châtelier, son lieutenant, qui, tandis qu'il encourageait les siens par son exemple, fut renversé avec son cheval tué sous lui, et fait prisonnier. Reconnu aussitôt, il fut massacré de sang-froid par ses ennemis.

Le Châtelier passa dans la maison de Turpin par le mariage de Suzanne, fille de Madelaine Prévost et du baron d'Autry avec Louis Lancelot Turpin de Crissé, comte de Sanzay, seigneur de Cherzay (20). I! en sortit sous le lieutenant-général Lancelot comte Turpin de Crissé qui le vendit par parties détachées. Le comte Turpin, habile tacticien, littérateur distingué, à qui la Biographie Universelle a consacré un article, est né en 1715 ; il émigra et mourut en Allemagne. Il avait épousé en premières noces Huguette-Gabrielle de Lusignan de Lezay, décédée vers 1755, et en secondes Elisabeth-Marie-Constance de Lowendal, fille du maréchal, vainqueur de Berg-op-Zoom.

La famille Turpin est encore représentée auprès de nous par M. le comte Théodore Lancelot Turpin de Crissé, membre de l'Institut, propriétaire dans les marais de Benet, petit-fils du lieutenant de son premier mariage et par M. Leroy de la Brière, receveur général du département, arrière petit-fils issu du second, mariage. Ces rapprochements de l'histoire seront agréables à nos collègues, car ils rappellent que notre musée doit un tableau au premier et personne n'oublie la part qu'a prise le second à la fondation et à la prospérité de la Société.

Le Châtelier passa plus tard à la famille Majou de la Débutrie, qui le fit démolir en 1844, pour construire à la Rousselière, puis le céda à des spéculateurs qui l'ont vendu en détail.

Cette seigneurie prétendait droit de « tenir les assises de haute justice (105). »

.            Du château il ne resta plus que la chapelle, petite, voûtée d'arête, style du XV° siècle. Un escalier placé dans l'angle des bâtiments donnait accès aux différentes pièces ; les appartements étaient ornés de sculptures.

.            Pour compléter l'histoire féodale de Mouilleron, nous mentionnerons encore les seigneuries inférieures du Petit-Châtelier, de la Roche de Mouilleron, et du Bourg-Laneau, celle-ci située dans le bourg. Ces deux dernières, attachées depuis longtemps au Châtelier, en furent détachées en 1769, époque ou Maximilien Arnault, sieur de la Motte, les acheta du comte Turpin. La seigneurie de la Roche avait alors, avec un petit château, une tuilerie, une futaie, et deux métairies.

Mais le seigneur supérieur et haut justicier était celui de Vouvant, qui s'intitulait Seigneur des baronneries et seigneuries de Vouvant, Mervant, Mouilleron, Puy-de-Serre, St-Hilaire-sur-l’Autize, etc. I! avait dans l'église les prérogatives attachées au premier rang seigneurial ; ses armes, nous l'avonsdéjà remarqué, s'y voient sur le chapiteau du pilier du choeur (21).

Début XX° siècle

Administration

.            La révolution avait fait de ce bourg un chef-lieu de canton pendant l'existence des districts. Sa circonscription comprenait les communes de Bazoges, Ie Tallud, Chavagnes, Monsireigne, Tillay, Sainte-Gemme-des-Bruyères et Saint-Germain-l’Aiguiller. Ce souvenir lui est resté comme un rêve d'ambition auquel les communes voisines se seraient fort bien prêtées. A plusieurs reprises, l'excellent maire (41) qui l'a administré pendant plus de 30 ans a songé à demander pour lui la création d'un chef-lieu de canton démembré de ceux de Pouzauges, de la Châtaigneraye et de Sainte-Hermine. Sous l'habile direction, administrative, dont nous venons de parler, les rues et les places se sont nivelées et alignées, les établissements réparés, les chemins ouverts ou améliorés, les constructions particulières elles-mêmes, se sont embellies.

La Perception de Mouilleron comprend le Tallud-Sainte-Gemme, Bazoges-en-Pareds et Saint-Germain-l'Aiguiller.

Le Curé est secondé dans ses fonctions par un vicaire. La commune de Saint-Germain lui est complètement réunie pour le culte.

Les Protestants ont un temple et un ministre. La paroisse protestante renferme avec Mouilleron Bazoges, le Tallud-Sainte-Gemme, la Châtaigneraye, Saint-Sutpice-en-Pareds, Thouarsais-Bouildroux, Saint-Pierre-du-Chemin, Chavagne-les-Redoux, Saint-Maurice-le-Girard, Antigny et Cheffois ; sa population est de 531 habitants. Le temple fut construit en 1833 sur un terrain cédé sous forme de vente, mais réellement par donation, par M. Loyau, de Pultaud (42). L'édifice manquait de solidité ; on fut obligé de le reconstruire en 1846. La paroisse n'a été érigée et desservie par un ministre spécial qu'en 1842 (43) auparavant c'était celui de Pouzauges qui en était chargé.

Instruction :  L'école communale reçoit les enfants de St-Germain. Malgré la réunion des communes, l'instituteur a peine à atteindre le minimum de 600 fr. Il se fait 70 fr. comme secrétaire de la mairie de Mouilleron et 50 fr. pour Saint-Germain. Il existe en outre une école religieuse tenue par deux frères de Saint-Laurent et une école protestante recevant les enfants de Mouilleron et des communes voisines. L'instituteur protestant n'atteint le minimum de 600 fr. qu'au moyen d'une subvention qui est fournie par l'administration supérieure ; l'administration locale y reste étrangère. Enfin, 6 religieuses de Chavagnes enseignent les petites filles.

Nous trouvons ensuite à Mouilleron :

1 bureau de charité, 1 médecin, 1 notaire, 1 brigade de gendarmerie à pied, 1 garde-champêtre., 1 bureau de distribution des lettres.

Voirie : Le chef-lieu est traversé par la route stratégique n° 13 de Chantonnay à Parthenay, et par les chemins de grande communication n° 8 et 89. Elle a de plus un tronçon de chemin vicinal ordinaire, classé pour 115 m de la route stratégique au temple protestant.

Industrie : Anciennement on y voyait, comme dans tout le pays, des fabriques qui ont cessé de fonctionner : Dufour dit qu'il s'y faisait de la sergette. Un grand nombre de journaliers vont dans les plaines, à l'époque de la moisson, aider à couper le blé.

3 moulins à eau et 14 à vent font tourner 19 meules. Deux tuileries, une à la Roche, dont la terre est très pure, et l'autre à la Darotière. Une poterie dans le bourg.

Foires, bonnes pour toute espèce de bestiaux, le 1er mercredi de janvier, février, mars, avril, mai, juin, et le 4ème de septembre.

Halle pour les marchands.

Marchés, tous les vendredis.

Assemblée, le 2ème dimanche de juin, créée le 9 mai 1851

Le sol est boisé ; le châtaignier y vient à merveille.

L'aspect du pays est celui du reste du bocage ; mais les rochers avec leurs 17 moulins, dont 4 en ruine, offrent les plus belles perspectives. Tous ces moulins furent brûlés en 1793. Du côté de Cheffois, la chaîne se termine brusquement. Les rochers abrupts s'échappent des entrailles de la terre, entassés en tumulte, présentant l'image d'une des plus grandes scènes de la nature. La composition en est le quartz gris blanc.

Hydrographie. La commune est fertilisée par plusieurs ruisseaux; le Loing la limite au midi ; l'Ebé de Mouilleron la traverse dans une longueur de 4,000 mètres environ. Trois petits étangs : au Moulin-du-Bourg, à la Pouzinière et au Châtelier.

Saint-Germain-l’Aiguiller.

.            Saint-Germain vient enlever ses dernières maisons au faubourg de Mouilleron. C'est ainsi que Beauregard (22) et la maison religieuse du Saint-Sauveur lui appartiennent.

.            Le Vigneau surgit au milieu d'une touffe d'arbres, avec ses pins balançant leurs larges cimes sur le bord de ses prairies au lointain horizon, comme dans un paysage d'Orient. Avec le pin à fruit, arbre si pittoresque, le grand buis et le houx étaient les seuls arbres verts connus autrefois pour l'ornement des habitations de campagne. Le buis était très répandu ; on en formait des promenades ; il partage avec le pin l'honneur de représenter les palmes que le peuple porta sur le passage du Rédempteur du monde, à son entrée dans la ville de Jérusalem, et de recevoir la bénédiction le jour des Rameaux.

Voulez-vous vous faire une idée d'une petite habitation noble au commencement du XVII° siècle ? Détournez-vous seulement de quelques pas de votre chemin : celle-ci porte la date de 1624. Sous un pavillon au toit aigu couvert en tuiles plates, s'ouvrent un grand et un petit portails. Leur plein cintre est régulier, leurs ventaux sont garnis de gros clous à large tête ; ils donnent entrée dans une cour entourée de bâtiments élevés sans ordre et sans goût. En face était l'habitation principale : rien ne la distinguait. A cette époque, l'élégant et riche meneau ne décorait plus les croisées ; quelquefois des pilastres, surmontés d'un petit fronton grec, ornaient la porte d'entrée ou les lucarnes du toit, comme ici, celle du pavillon. Mais on ne voit plus de fossés, plus de tours ni de machicoulis ; parfois seulement une petite tourelle en brique se suspend en encorbellement à l'angle des murs, ou des moucharabis pleins (23) simulent une défense devenue inutile depuis l'agrandissement du pouvoir central.

Telle était aussi la petite seigneurerie de Maunic, perdue dans les terres à droite de la route devenue propriété, depuis le milieu du XVII°' siècle, des seigneurs de Réaumur (24).

Saint-Germain cache la pauvreté de ses maisons sous les arbres de ses vergers. Son église pillée et ruinée dans les guerres de religion, puis réparée avant 1793, a été vendue nationalement et totalement détruite (25). Il n'en reste plus rien. Ce n'était qu'une simple chapelle, surmontée d'une fenêtre à arcade pour recevoir la cloche.

Ce bourg a donné son nom à ses anciens seigneurs et au château qu'ils habitaient, La Mothe-Saint-Germain, commune de la Meilleraye-Tillay. Comme à Mouilleron, leur titre ne reposait sur aucun manoir.

La commune est traversée par la Taillée.

Administration

C'est une des plus petites communes, ne pouvant suffire à ses dépenses ordinaires d'administration que par une imposition extraordinaire de 5 centimes chaque année. Le Conseil municipal est composé de 12 membres.

Pour le Culte comme pour l’Instruction primaire la commune est réunie à celle de Mouilleron. Il n'y a même pas de cimetière à Saint-Germain.

L'établissement du Saint-Sauveur a été fondé en 1838 par Mgr Soyer, comme maison de prêtres auxiliaires du Diocèse. L'évêque hésitait entre le Petit-Bourg-sous-Napoléon et Mareuil ; les offres de M. le curé Bonnet le décidèrent pour Mouilleron. Le préfet, M. Paulze d'Ivoy, et le Conseil Général opposèrent d'abord une résistance invincible à cette fondation. L'établissement ne fut occupé que sous le successeur de M. Paulze, par pure tolérance et sans autorisation régulière maigre les plaintes du Conseil renouvelées chaque année jusqu'en 1848.

Accueilli d'abord avec faveur par le dernier évêque, il a vu ces bonnes dispositions s'adresser ensuite à Chavagnes où le chef-lieu a été transféré en 1853. De ce moment, son existence devint précaire et ta succursale fondée à Niort, qui promettait de dépasser la maison mère, se détacha pour se joindre au diocèse de Poitiers.

Les prêtres sont associés entre eux. Ils n'ont point de ressources effectives ; mais plusieurs sont à l'aise et apportent à la congrégation le concours de leurs revenus.

Le but de l'institution est de tenir des prêtres à la disposition des curés, soit pour les soulager dans leurs fonctions habituelles, soit pour prêcher le carême. Ils fournissent aussi des professeurs au petit séminaire de Chavagnes.

Leur titre primitif était Congrégation des Prêtres auxiliaires ; le dernier évêque l'a changé en celui d'Oblats ou de Congrégation des enfants de Marie. Ils sont en ce moment au nombre de 21.

Voirie. La commune est traversée par le chemin vicinal de grande communication n° 8; elle a, de plus 3 chemins vicinaux ordinaires classés :

  1. de St-Germain à la Chenelière, longueur 340 m à l'état naturel ;
  2. de St-Germain au Grand-Beugnon, 2,050 m dont 1,200 à l'état d'entretien ;
  3. De la route stratégique au Petit-Beugnon, 640 m à l'état d'entretien.

Une Assemblée se tient de temps immémorial le dimanche après le 18 mai.

Agriculture. Le sol est maigre et peu productif. La partie de la commune située au midi du petit ruisseau de Saint-Germain est la meilleure ; au-delà, le terrain est très ingrat, mouillé l’hiver, brûlé l'été.

.            Voici la peinture que les habitants faisaient d'eux-mêmes en 1728, en s'adressant à t'Intendant de Poitiers pour obtenir une diminution de la Taille et autres subsides. La couleur ne paraîtra point forcée à ceux qui ont connu le pays il y a 30 ou 40 ans.

« Ils remontrent la pauvretez de ladite paroisse quy est une terre inculte, quy ne produit que ageon et bruière, ne produit fort peu de blé et qui est plus que moitié d'avoine. Ladite paroisse est fort petite, les habitans tous pauvres gens ne composent que 55 feux. Les métayers n'ont pas amassé de blé suffisamment à la dernière récolte pour retourner en terre cette présente année, ce qui fait qu'ils sont tous sur le point d'abandonner. De plus lesdits métayers sont obligés à aller mener et charroier les équipages des soldats quand nen passe au bourg de Réaumur, ce qui leur cause de grandes pertes et maux, car le plus souvent arrive qu'ils sont batteus eux et leurs bœufs par les soldats et les cbarettes rompues par la pesanteur qui y est mise. Il n'y a seulement pas de maison pour loger le curé, dont il faut que les habitans luy payent une taxe de 25 livres pour son logement. »

Hydroraphie. La Maine limite une partie de la commune au N. et au N. E. Il y a un étang, dit l'étang Pallard, ou du Paligny.

Le Tallud-Sainte-Gemme.

.            Le Paligny a donné au Poitou ses quatre derniers grands sénéchaux (110), messieurs Beufvier, marquis des Palignys (26).

La charge de Grand Sénéchal fut, pendant plusieurs siècles, la première dignité de la province ; elle donnait à la fois le commandement des armées, et la direction de la justice et des finances. La trop grande importance de cette position présentait des dangers ; les usurpations des grands officiers de la Couronne avaient amené le démembrement de l'empire de Charlemagne : ducs et comtes s'étaient rendus héréditaires et indépendants dans leurs gouvernements. La leçon ne fut point perdue ; aussi les rois, s'appliquèrent-ils à amoindrir l'importance des grands sénéchaux, en leur enlevant d'abord le maniement des finances, puis le commandement militaire par l'établissement des gouverneurs, ne leur laissant que le droit de convoquer, assembler et conduire le ban et arrière ban de la noblesse, d'en faire la montre et revue, comme signe de leur ancien pouvoir. La justice se rendait dans toute la province en leur nom mais c'était encore par une fiction honorifique, car, comme ils étaient plus hommes de guerre que jurisconsultes et que, d'ailleurs, ils ne pouvaient être choisis parmi les légistes, ou les gens de robe longue, ils l'exerçaient par leurs lieutenants, avec la prérogative de l'intitulé et du prononcé de toutes les sentences en leurs noms, titres et qualités.

Voici l'intitulé d'une sentence rendue sous le second sénéchal de la famille Beufvier :

« Alexis Beufvier, chevalier, marquis des Palliniers, seigneur des Bredurières (27), la Bouanchère (28), la Jollandrie, de Ry et autres places, conseiller du roi en tous ses conseils, grand sénéchal de Poitou gouverneur et capitaine du château de Poitiers (29), à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut ; Savoir faisons qu'en l'audience demandée, etc, »

C'est la formule réservée aujourd'hui, au chef de l'État.

La liste de ces grands officiers, dressée par le chevalier Beufvier, en 1780, et complétée, en 1830, par M. Filleau, remonte à l'année 1127, et contient les plus grands noms de l'histoire. Ce sont, au XIII° siècle, Aimery, vicomte de Thouars, le célèbre Savary de Mautéon, Hardouin de Maillé, Geoffroi de Rançon, Saint-Venant, Philippe de Beaumanoir ; au XIV°, les Anglais Guillaume Felton, James Audley, le sage et vaillant Chandos, Thomas Percy, pour le prince de Galles ; puis après, Vivonne, Rouault, Brézé, Beaumont, d'Estissac, Philippe de Comynes, d'Amboise, Rochechouart, LaTrémoulle.

Après Georges de la Trémouille, seigneur de Royan, baron d'Olonne, d'Apremont, etc., quatre autres membres de cette illustre famille ont occupé les fonctions de grand sénéchal, du milieu du XVI° siècle à 1697.

A cette dernière époque, Séraphin Beufvier en fut pourvu par Louis XIV, « d'après la connaissance, est-il dit dans les lettres de nomination, de la conduite, fidélité et affection à notre service dudit. etc. » Il avait fait avec distinction les campagnes de Flandre et de Hollande. Il laissa ses charges à Alexis, son fils, dès 1715. Celui-ci les céda à son fils Marc-Antoine, qui mourut le 27 mars 1789. Anastase-Alexis-Eulalie Beufvier, marquis des Palignys, de Ry, etc., les exerça à son tour en vertu de la résignation que Marc-Antoine, son père, lui en fit le 7 mars 1769.

Ainsi cette famille a rempli avec une grande distinction, pendant près de cent ans, et par quatre générations successives, les fonctions éminentes de grand sénéchal de Poitou et de capitaine du château de Poitiers.

Anastase-Alexis présida, le 16 mars 1789, les trois ordres de la province réunis à Poitiers pour l'élection des députés aux Etats-Généraux (111) ; il présida ensuite l'ordre de la noblesse. C'était un usage dans les Etats-Généraux que la noblesse et le clergé se couvrissent même devant le roi, tandis que le tiers-état restait la tête nue. Leur dernière réunion remontait à 1614. Mais, depuis, le tiers-état avait grandi sous la haute impulsion littéraire et philosophique du XVIII° siècle. Il arrivait peu disposé à se soumettre à un cérémonial en désaccord avec Ies progrès du temps, avec les convenances d'une société nouvelle, et qui humiliait son amour-propre. D'une autre part, les exaltés de la noblesse ne voulaient rien céder de leurs antiques privilèges et ne lui épargnaient aucune des blessures de l'étiquette, genre d'offense que le coeur de l'homme pardonne le moins. Dans cette lutte imprudente et sans profit, prélude des grandes scènes qui allaient se dérouler à Versailles, ils ne voyaient pas quels périls ils provoquaient, et pourtant la révolution menaçante était sous ce coup de chapeau. Pendant les jours qui précédèrent la séance d'ouverture, les esprits, déjà divisés par bien d'autres questions, s'étaient échauffés de part et d'autre ; tout faisait présager une assemblée orageuse. Le marquis des Palignys se tira de ces difficultés en homme d'esprit. Jallet, curé de Cherigné, un des assistants, a donné de ces circonstances un récit frappant :

« Notre assemblée a commencé ses opérations avant-hier, écrivait-il le 18 mars à ses amis; c'était un fort beau spectacle : il y avait plus de 2.000 personnes. M. le sénéchal ouvrit la séance par un discours qui fut fort applaudi ; c'est un homme de la plus belle figure. Il avait la robe noire l'épée au côté, la grande cravate et un chapeau rond, orné d'un très gros panache noir. Le lieutenant-général parla ensuite et après lui le procureur du roi. Le tout se passa avec beaucoup de décence.

A l'arrivée de M. de Paligny, on cria : Bas les chapeaux ! Tout le monde se découvrit, excepté une dixaine de gentilshommes qui ne voulurent point ôter les leurs. Comme cela faisait du murmure, le sénéchal mit son chapeau, et dit : Tout le monde peut se couvrir. Aussitôt on battit des mains, on cria bravo ! et l'on se couvrit. »

Le Paligny devait hommage (30) à la haute justice de la Mothe-Saint-Germain, en Tillay. Ce n'était point une habitation importante; Séraphin Beufvier l'abandonna tout-à-fait vers 1700, pour le château des Bredurières. La maison moderne date de 1819.

Une voie romaine, que nous croyons celle de Poitiers à Nantes, passait à peu de distance, au-dessus du village des Ahayes (31).

La Grignonnière disparaît dans un pli de terrain, entre deux petits étangs, sur un fond plein de sources. L'œil d'abord attiré par sa tourelle en tuiles plates où les années ont posé leur cachet de lichens, est bien désenchanté lorsque l'on pénètre dans les salles, basses, mal éclairées, sans goût, la plupart inachevées, où tout est vermoulu, où tout penche vers sa ruine.

La Grignonnière devait son existence et son nom aux Grignon, qui la possédaient à la fin du XIV° siècle et au commencement du suivant ; elle portait son hommage au Sgr de Réaumur. Elle entra dans ta famille Béjarry par le mariage de Renée de Plouer avec Jacques Béjarry, seigneur de la Roche-Gueffier, la Guesmenière, le Petit-Châtelier (32), vers 1570. Son fils, François Béjarry, était gouverneur de la ville de Juliers aux Pays-Bas, vers 1630. M. Beauchet-Filleau en a conclu à tort qu'il avait émigré pour ses opinions religieuses, car c'est du roi de France qu'il tenait ce commandement.

La famille Béjarry s'est fait une place honorable dans les guerres de religion et de la Vendée. Nous remettons à en parler au moment où nous en serons à la Roche-Louherie (33), le principal fief de la famille.

Le chemin de Sainte-Gemme nous mène près du Plessis-l’Amiral, autrefois Plessis-Vincendeau. Ce nom lui vient de Jacques Chrestien-l'Amiral qui y faisait sa demeure en 1640. Le Plessis relevait de la Fosse (34). La maison fut brulée dans les guerres de la Vendée ; elle a été reconstruite vers 1834.

Jacques-Auguste de la Douëspe, sieur de la Biffardiëre, l'habitait alternativement avec la Biffardière (35), avant la révolution. Il avait d'abord accueilli les nouveaux principes, comme une conséquence des théories sociales qui occupaient alors les esprits même dans les classes élevées de la société. Mais les excès de la République n'avaient pas tardé à changer ses dispositions. Homme paisible, d'ailleurs, et inoffensif, il passait pour avoir une grande fortune et beaucoup d'écus. C'était un avantage qui rendait suspect ; être suspect c'était être digne de la mort, et la prison en était le chemin infaillible.

Il fut arrêté comme prévenu d'être un des chefs des révoltés et conduit en prison à Fontenay d'où il s'échappa le tridi, 3 frimaire An II (23 nov. 1793). Le Conseil Général du département fut vivement ému de voir lui échapper un prisonnier si dangereux. Il publia immédiatement une proclamation rappelant que « la peine de mort était la peine prononcée contre ceux qui favorisaient l'évasion des prisonniers ou qui les recelaient ; que la sûreté publique et l'intérêt de la société exigeaient également que cet homme subît la peine due au crime dont il allait être convaincu. »

Les prisons de Fontenay regorgeaient de détenus voués à la mort comme suspects. Entassés dans des salles trop étroites pour les contenir, privés d'air, en proie aux maladies et manquant de tout, leur position était affreuse. Que pouvaient-ils craindre de plus ? Aussi les menaces redoutables du Conseil-Général n'arrêtaient point les évasions. Le même jour, 3 frimaire, 22 personnes s'échappèrent à la fois. Cependant la proclamation produisit un effet funeste pour la Biffardière. Des gens du pays, ses voisins, l'arrêtèrent aux environs de la Grignonnière où il se tenait caché, et malgré les offres considérables qu'il leur fit, le conduisirent le 9 à Fontenay. Le tribunal criminel le jugea le 11 ; le 12 il était guillotiné.

Le Conseil Général décida que « les noms des vertueux citoyens qui ont servi la République en livrant à la vengeance des lois l'un des conspirateurs contre la patrie, en résistant à l'appât de sommes considérables offertes avec instances par La Douëspe pour obtenir sa liberté, seraient inscrits au procès-verbal. »

La condamnation emportait la confiscation des biens au profit de la République ; le Conseil envoya des commissaires pour saisir les sommes considérables en or et son argenterie que la Biffardière avait cachées à la Rocardière.

Administration.

Cette commune est formée de celles du Tallud-sur-Maine et de Sainte-Gemme-des-Bruyères, réunies par une ordonnance royale du 17 avril 1827. Le chef-lieu du Tallud ne se composait que d'une seule maison, qui était celle du curé, devenue métairie. Le bourg de Sainte-Gemme n'est lui-même qu'un village, mal construit, éloigné de toute voie de grande communication et où l'on n'arrive que par des chemins impraticables aux voitures. Malgré leur réunion, ce n'est encore qu'une petite commune ayant peine à suffire à ses dépenses administratives.

Le culte protestant est professé par 39 personnes.

L'Ecole est mixte, c'est-à-dire que l'instruction primaire est donnée aux garçons et aux filles par un instituteur communal. Son traitement ne s'élève à 600 fr. qu'avec une subvention de l'administration supérieure ; il a, de plus, 50 fr. comme secrétaire de la mairie et 60 comme chantre. La maison d'école n'appartient pas à la commune ; elle est en mauvais état et insuffisante.

Garde champêtre.

Voirie. Chemins de grande communication n° 23 et 89. Un chemin vicinal ordinaire est classé de la Rocardière à la Vendrie. C'est la seule commune du département dont le chef-lieu soit privé de chemin de grande communication.

2 Moulins à eau et 5 à vent font tourner 8 meules. Une tuilerie au Paligny est la seule industrie.

La commune est peu favorisée sous le rapport de l'hydrographie : les quelques ruisseaux qui l'arrosent, restent à sec de bonne heure. Le principal, La Maine, la borne au N.et au N.E. Il y existe quatre étangs, à la Grignonnière, au Plessis-l'Amiral, à la Bruyère et celui des Landes ; ce dernier est le plus grand.

Sainte-Gemme-des-Bruyères.

.            L'Eglise se réduit à une nef unique, séparée du choeur par deux arcades supportant une coupole d'arête au-dessus de laquelle est le clocher. L'édifice a 24m 50c de longueur sur une largeur qui varie de 4m 65c à 5m 50c. La nef est couverte d'un plafond en planches ; le chœur, d’un plafond en plâtre ; le chevet est plat. A l'extérieur comme à l'intérieur, nous ne trouvons rien à remarquer, point de modillons (112), point de tour pour le clocher, mais seulement deux espèces de cônes en maçonnerie, entre lesquels est suspendue la cloche que rien ne recouvre. C'est le seul exemple d'une semblable disposition. Peut-être y-eut-il autrefois un clocher-arcade ; mais l'inspection des murs ne nous permet point de croire qu'il y eut un clocher massif semblable à ceux du pays. ·

La voûte du clocher et le chœur sont du XV° siècle ; la nef est une réparation postérieure aux guerres de religion (36). Le curé avait le titre de prieur.

Au mois de mai 1564, les curés de Sainte-Gemme et du Tallud firent leur déclaration de cessation de l'exercice du culte, comme tous les autres curés de la contrée. Cette commune, portait un joli nom Saint-Gemme-des-Bruyères. Son mariage avec le Tallud l'en a dépouillée. L'arbuste lui-même qui le lui donna, humble proscrit de l'agriculture, disparait de ses collines. Bientôt, sur ce sol préféré des bruyères, on n'en trouvera plus d'autres que celles qui croissent dans les serres du Paligny.

C'était en foulant leurs tapis onduleux, par des chemins cent fois détournés, dans la solitude d'une campagne agreste comme un paysage de Bretagne, que l'on parvenait au petit manoir de la Bruyère. Rien de plus étrange que cette habitation. Walter-Scott (113) n'a rien décrit de plus propre à recevoir une scène du moyen-âge.

Ses murs noircis par le temps dominent sur une vallée inclinée vers le nord. Les constructions, ensemble de toutes les époques, difficiles à préciser, sont ajoutées l'une à l'autre, sans ordre, sans harmonie, sans qu'aucune pièce soit de plein pied avec aucune autre. Le pavillon carré, situé sur la cour, porte une tourelle de brique en encorbellement, et sur chaque face un moucharaby simulé. On trouvait au haut de ce pavillon « une chambre laquelle est pour la défense de la maison ; en laquelle il y a huit ouvertures de pierre de taille pour y mettre huit quanons, et comme l'on monte en ladite chambre, il y a une tourette faite en queue de lampe, en laquelle il y a neuf meurtrières pour mettre des mousquets … Plus, à t'entrée de ladite maison, il y a une porte de bois avec une porte de fer par derrière. » (37)

Attenant à celui-ci, un autre pavillon donne sur le ravin ; le corps du logis vient à la suite et s'appuie sur deux grosses tourelles rondes, basses, sans ornement, qui le flanquent à l'est. Ces deux tours nous paraissent ce qu'il y a de plus ancien : nous pensons qu'on ne peut les attribuer qu'au XIV° siècle. Le reste nous semble de différentes années du commencement du XVI° siècle ; mais les appartements ont été revêtus de boiseries moulurées, vers la fin du XVII° par René Thomas des Nouhes probablement. Enfin, plus tard, on a remplacé plusieurs des anciennes croisées par des fenêtres modernes.

Cette seigneurerie relevait de Bazoges à qui elle devait foi, « hommage-lige (114), cheval de service et devoir de rachat à mutation d'homme. » Elle avait tous les privilèges appartenant aux petites seigneuries droit de fuie (115), droit de garenne (116) et d'étang (117).

En 1394, elle était habitée par Jean de la Bruyère (38) ; après lui, par Jean et ensuite par René de la Bruyère. La fille de celui-ci, la porta, vers 1500, dans la maison de Crunes ; elle vint aux des Nouhes par le mariage de Rachel de Crunes avec Isaac des Nouhes, Sgr. du Pally et de Beaumont, le 4 janvier 1615. La branche de la Cacaudière, dite d'abord de la Normandelière, descend du 3e fils de ce mariage. Elle appartint à Gabriel des Nouhes de Beaumont, abbé des Fontenelles ; et, après lui, à René-Thomas des Nouhes, Sgr. de Beaumont, du Pally, lieutenant de vaisseau, qui l'habitait de 1700 à 1710. Celui-ci l'abandonna ensuite pour habiter le Pally (39). Le mariage de sa fille avec Louis-Jacob de L'Espinay fit tomber la Bruyère dans la famille de L'Espinay qui l'a vendue aux Maignen le 12 septembre 1790.

La tempête révolutionnaire avait balayé la constitution de l'ancienne monarchie ; des institutions nouvelles appelèrent des hommes nouveaux. Les frères Maignen (40), par leur instruction et leur capacité se trouvèrent des premiers désignés au choix du pays. Ils commencèrent leur carrière politique en entrant d'abord au district de la Châtaigneraye ; l'élection ensuite en porta un, François, à la Convention, et l'autre à l'administration du département où il resta jusqu'à la création des préfectures.

François Maignen n'était pas orateur, aussi son rôle à la Convention fut sans éclat.; mais c'était un homme énergique, convaincu, inspirant la confiance par sa probité ; capable, d'ailleurs, et destiné à l'une des deux chambres de l'Empire, le Sénat ou le Corps législatif, si la mort ne l'eut frappé encore jeune. Il est mort le 15 prairial An IV, étant membre du Conseil des Anciens (118) au Corps Législatif. Il avait voté la mort de Louis XVI, entraîné par cette conviction qui maîtrisa un moment bien des consciences, à savoir que la mort du roi était nécessaire pour le salut de la République.

Maignen ne pouvait nourrir contre ce prince la haine violente de la Montagne ; plusieurs de ses lettres montrent au contraire quelle estime il avait pour ses vertus. En juillet 1789, Monsieur, comte d'Artois, et Madame avaient signé au contrat de son cousin Maignen, placé dans une position élevée à Paris. Le 2 janvier 1792 il écrivait à un ami « Notre bon roi a paralysé nos décrets ; il ne voit pas qu'on le trompe. Les méchants auront beau faire, la constitution se maintiendra. » Et après: « Tout ce que l'on débite sur le roi est faux ; il veut la constitution, c'est son intérêt qu'il perdrait, si on lui faisait envisager un autre qu'il évitera. Il emploie la douceur inutilement envers les mécontens. »

Nous reviendrons plus tard sur le rô!e politique de Maignen. Cependant nous croyons devoir, dès maintenant, publier une lettre inédite de lui, destinée à jeter un nouveau jour sur le procès du général Turreau dont on n'a pas craint d'écrire en ces derniers temps non pas la réhabilitation mais le panégyrique. Après le 13 Vendémiaire, une amnistie avait ouvert la porte des prisons à tous les généraux arrêtés pour les mêmes causes que Turreau ; mais, ce général persistant à demander des juges, fut traduit devant un conseil de guerre. Le Directoire, en lutte alors avec les partis contre-révotutionnaires, n'avait plus intérêt à proscrire les derniers instruments du Comité de salut public ; Turreau fut acquitté. C'était un acte politique ; on feint de ne pas le comprendre et le chef des Colonnes Infernales amnistié reçoit la couronne civique. Cette insulte à l'humanité et à l'histoire, nous la relevons. Le jugement avait été pour la forme ; les contemporains ne s'y sont pas trompés, et la lettre de Maignen va en devenir une preuve irrécusable ; elle est datée du 18 nivôse An IV.

« L'Official et Chapelain ont été appelés pour déposer ainsi que moi. L'Official a été assez lâche pour ne rien dire de toutes les vérités qu'il avait recueillies dans sa mission. Des collègues qui étaient présents à la déclaration de Chapelain m'assurent qu'elle est très-exactement insérée dans les journaux. Je lui ai fait mainte fois reproche de sa lâcheté ; il m'a dit qu'il craignait de s'exposer, qu'on avait défiguré ce qu’il avait dit, qu'on voulait le perdre, enfin il en a été fou jusqu'à vouloir s'ôter la vie. Il est un peu plus tranquille maintenant, et j'espère que son dérangement sera de peu de durée.

Quant à moi, il y a apparence que l'on me redoutait.

Le 27, l'ordre de me présenter au tribunal pour déposer fut expédié ; il ne me fut remis par le gendarme que le 29, et Turreau fut acquitté le 28. Je n'étais pas le témoin des crimes attribués à ce général, mais j'eusse dit à ces juges débonnaires : comment voulez-vous connaitre la vérité dans cette information, si vous ne prenez un autre moyen ? Vous appelez ceux qui n'ont rien vu, et ceux qui peuvent parler avec conviction vous les écartez ? Avez-vous, d'abord par devers vous toutes les pièces produites contre cet homme à l'ancien Comité de salut public ? Les administrateurs, les réfugiés et les habitans paisibles de ces malheureux pays, les avez-vous appelés ? On a cru plus prudent de passer sur tout cela et plus favorable de déclarer que ces faits étaient faux et calomnieux. Notre Directoire est entouré de gens qui l'abusent beaucoup sur la Vendée, au point que l’on me dit sans cesse que je suis un homme trompé. »

Le Tallud-sur-Maine.

.            La petite église du Tallud autrefois paroisse, dressait, il n'y a pas très longtemps encore, son petit clocher en forme de balcon en charpente. Elle est tombée faute d'entretien, étant devenue propriété particulière. Ce n'était qu'une petite chapelle de 16m 85c de long sur 5m de large, mur compris, divisée par une arcade sans style, éclairée dans le chevet par une fenêtre que partageait un meneau formant des dessins bien sculptés, dans le goût du XV° siècle, actuellement brisés. Le chevet était plat. Au midi, le presbytère s'appuyait à l’église ; le cimetière était au nord.

La paroisse était sous l'invocation de S. Laurent.

Nous mentionnerons encore pour compléter le tableau des petites seigneuries féodales la Pelletrie, la Riottière, qui fut aux Ranfray la Maison Neuve, pauvre village qui eut aussi sa maison noble, et le Pin. Quoique deux Béjarry aient pris la qualité l'un de Sgr. de la Rocardière, l'autre de Sgr. de Sainte-Gemme, ni l'une ni l'autre de ces localités n'eut le titre de seigneurie.

Notes :

  1. Le fort occupait la promenade attenante à l'église, qui s'appelle encore le fort.
  2. Relations protestantes du temps.
  3. Nous remarquons que le sculpteur à mis mal à propos le bâton d’argent en bande et non en barre. Dunois étant seigneur de Vouvant, Mervent et, Mouilleron, l'existence de ses armoiries dans l'église dont il était patron s'explique naturellement. Il est plus difficile de les comprendre dans celte de Réaumur, où nous les avons trouvées identiques. Faut-il les y considérer comme un hommage rendu au célèbre guerrier par la reconnaissance publique, ou peut-être seulement de l'architecte, que nous supposons avoir construit l'église de Réaumur après celle de Mouilleron ?
  4. PIacée en 1848.
  5. Le clocher est un carré irrégulier à toit plat. Il contient un carillon de 13 cloches, dues aux fonderies du Mans; c'est le seul du département.
  6. le curé Bonnet, dont le goût éclairé est connu, s'occupe depuis longtemps de ce projet. L'exécution en est confiée à M. Segrétain, de Niort
  7. On a trouvé, il y a deux ans, en la réparant, une maçonnerie solide et des tuyaux en terre cuite qui amenaient l'eau de la source à la fontaine.
  8. Il faudrait peu de dépense pour l'en dégager, et la mettre en état de conservation ; mais cette considération ne saurait retarder les soins de l'heureux propriétaire à qui nous la recommandons.
  9. Trois cors de chasse.
  10. De la Tour-du-Régnier, en Touraine.
  11. De la maison de l'Oudrière. Voir commune de St-Mesmin.
  12. Qui lui devait pour cet office 12 charges de seigle et 4 barriques de vin.
  13. Un autre s'appelle la Bataille.
  14. De Castellum, l'ancienne orthographe avait fait Chastel, Chastelain, Chastelier
  15. Nous en avons déposé un échantillon au musée. Nous connaissons dans la contrée d'autres forteresses qui paraissent former un système général. Nous ferons connaître plus tard le résultat de nos découvertes.
  16. Nous devons une partie de nos renseignements sur les Prévost à l'obligeance de M. Fillon, dont nous reproduisons les notes textuellement, notamment sur Honorat.
  17. Commune de Mouchamps
  18. Jacques Prévost, sieur de Charry, gentilhomme Languedocien. Nous ne pensons pas que, malgré le même nom patronymique que Châtelier-Portault, il appartint à une branche de la même famille. Blaize de Monttuc en fait l'éloge dans ses Commentaires.
  19. De Thou l'appelle le Capitaine Latour, le confondant avec son frère dont nous avons parlé.
  20. Cette famille appartenait au Poitou : Crissé est aux environs de Saint-Maixent ; Gherzay et Sanzay qu'elle habitait sont dans l'arrondissement de Bressuire.
  21. Nous ne croyons pas cependant que Mouilleron fut baronnie ; nous pensons que c'était simplement une suzeraineté exercée par la baronnie de Vouvant, sans chef-lieu ni propriétés. Depuis l’extinction de la descendance des ducs de Dunois-Longueville, Vouvant et ses dépendances avaient fait retour au domaine royal ; la jouissance en était livrée à des seigneurs engagistes.
  22. Quoiqu'on l'ait prétendu, nous ne croyons pas que Beauregard eût les droits d'une seigneurie.
  23. Espèces de balcons saillants portés par des consoles entre lesquelles on jetait des projectiles. Dans ta plupart des petites constructions de l'époque dont nous parlons, l'intervalle des consoles est plein, et ne pouvait plus servir à la défense.
  24. Maunic, autrefois Maulnic devait hommage à Saint-Michel et Saint-Brandière en Réaumur. Sa mouvance se perdit vers le milieu du XVI° siècle et fut transportée à Bazoges.
  25. Par un décret daté du Camp de Varsovie, le 25 janvier 1807, Napoléon avait autorisé le préfet de la Vendée à mettre à la disposition du Consistoire de l'Eglise réformée les églises supprimées de Saint-Prouant et de Saint-Germain, à la charge par les protestants des frais d'entretien et de réparation. Ils n'acceptèrent que celle de Saint-Prouant.
  26. On a écrit d'abord les Palleniers, puis les Palliniers, les Paligniers, les Palignys, et le Paligny. Les grands sénéchaux signaient d'abord des Palliniers, puis des Palignys. Le peuple n'a pas cessé de dire les Palleniers.
  27. Le château des Bredurières était situé commune des Moutiers-sur-le-Lay.
  28. Cette terre était venue aux Beufvier par Anne du Chaffault, mère de Séraphin.
  29. Le titre de Capitaine du château était purement honorifique aussi, car le château, bien qu'il en restât encore quelques tours, avait été détruit par les Ligueurs de Poitiers, en 1589.
  30. « Foy, hommage plain, cheval de service, baiser et serment de fidélité »
  31. Du mot haia qui, en basse latinité, signifiait un lieu entouré de bois et de haies.
  32. Que nous avons vu commune de Mouilleron.
  33. Commune de Saint-Vincent-Fort-du-Lay.
  34. Commune de Mouilleron.
  35. Commune et près du Boupère.
  36. Le nivellement du sol de la place au devant de l’église a amené, cette année, la découverte de tombeaux en maçonnerie du moellons, contenant des pots placés uniformément entre la tête du défunt et le fond du sarcophage.
  37. Tiré d'un inventaire du XVI° siècle.
  38. On disait jadis Bruère.
  39. Commune de Chantonnay.
  40. On prononce Magnan
  41. Mosnay, mort en 1855.
  42. 10 juillet 1823
  43. Par ordonnance royale du 31 mars 1812.
  • 101- Surnom (péjoratif à l'origine) donné par les catholiques aux protestants calvinistes, en France, du XVI° au XVIII° siècle.
  • 102- Synode : assemblée délibérante.
  • 103- Républicain, chef de brigade à l'armée de Vendée.
  • 104- Prêtre chargé d'assurer le service religieux dans une église non paroissiale, une chapelle de communauté religieuse, d'hôpital, etc.
  • 105- Haute justice : le seigneur peut juger toutes les affaires et prononcer toutes les peines, dont la peine capitale. Moyenne justice : le seigneur peut juger les rixes, injures et vols. Les délits ne peuvent être punis de mort. Basse justice : le seigneur peut juger les affaires relatives aux droits dus au seigneur, cens, rentes, exhibitions de contrats et héritages sur son domaine. Il s'occupe aussi des délits et amendes de faibles valeurs.
  • 106- Vallum : palissade de rondins garnissant un talus ;
  • 107- Maréchal-de-camp : sa mission : répartir les logements des troupes et de placer celles-ci sur le champ de bataille.
  • 108- Paix d’Amboise : le 19 mars 1563, il met fin par le roi Charles IX à la guerre de religion opposant le prince de Condé, chef des protestants, et Anne de Montmorency, chef de l'armée catholique.
  • 109- Philippe Strozzi, un condottiere italien, cousin de Catherine de Médicis dirigeait le régiment des Gardes françaises, un régiment d'infanterie de la Maison du roi de France créé en 1560 par Catherine de Médicis pour assurer la garde du Roi.
  • 110- Sénéchal : officier au service d'un roi, prince ou seigneur temporel. Officier royal il exerçait des fonctions d'administration et de justice au Sud de la Loire et dans l'Ouest, équivalant à celle des baillis dans le Nord.
  • 111- Etats-Généraux : assemblée réunissant les trois ordres (les états) de la société : la noblesse, le clergé et le tiers état. Ils étaient convoqués, sur ordre du roi, dans des circonstances exceptionnelles (crise politique ou financière, guerre ou question diplomatique majeure). Assemblée sans aucun rôle législatif ou juridictionnel, uniquement porteuse des doléances des habitants de leur circonscriptions (bailliages et sénéchaussées).
  • 112- Modillon : ornement placé sous une corniche, un support.
  • 113- Walter-Scott : poète et écrivain écossais, auteur du roman historique, Ivanhoé.
  • 114- Homme-lige : un même homme peut au Moyen Âge se trouver vassal de plusieurs seigneurs : mais il doit à un seul d'entre eux, qu'il reconnaît comme son principal seigneur, l'hommage lige. Il en devient l'homme lige et doit lui rendre, quitte à négliger ses devoirs vis-à-vis des autres, tous les services d'un vassal, notamment au regard du service d’ost (le service militaire).
  • 115- Droit de détenir un colombier.
  • 116- Le droit de garenne correspondait au droit de chasse et de pêche exclusif qu'avaient les nobles dans les garennes françaises.
  • 117– Droit de pêche.
  • 118- Le Conseil des Anciens, lointain ancêtre du Sénat moderne, est l'une des deux assemblées législatives françaises du Directoire, avec le Conseil des Cinq-Cents.