5-1 – La Chine, les Dynasties

.            La Chine, une appellation occidentale : un Chinois ne connaît son pays que comme zhong guo, le « pays du Milieu », c'est-à-dire l’axe du monde, autour duquel ne peuvent tourner que des inférieurs et des barbares. Les mots Chine et Chinois par lesquels nous désignons le pays et ses habitants viendraient selon certaines hypothèses de Qin, la dynastie du Premier Empereur, selon d'autres, de sseu, qui désigne en chinois la soie, le principal produit d'exportation du pays sous l'Antiquité. Les Romains eux-mêmes appelaient la Chine : Sericale pays de la soie »).

Cet ethnocentrisme repose sur l’idée que les souverains peuvent régner légitimement car ils ont reçu un « mandat du ciel ». Ainsi chaque année, pendant des siècles, à date fixe, le premier sillon des premiers labours a été tracé par les empereurs, les seuls à pouvoir faire revenir le printemps et les récoltes. Ils ont ainsi vocation à régner sur le monde entier … couvert par le ciel ! Ils garantissent l’ordre du monde ; les autres pays sont considérés comme des vassaux.

.             La civilisation chinoise est née dans la « Grande Plaine » du Fleuve Jaune ou Huang He. Sur cette étendue fertile d'environ 300 000 km2 (les deux tiers de la France) s'est développée une agriculture intensive autour de deux céréales : le blé et le millet. La vie des Chinois s'est très tôt organisée autour de la vie des champs.

Le souverain, investi d'un « mandat céleste » qui fait de lui le « Fils du Ciel », a la lourde responsabilité de fixer le calendrier des travaux agricoles et d'ouvrir les saisons par des rituels propitiatoires et des sacrifices. Il garantit l'harmonie du Ciel et de la Terre et prévient de la sorte les catastrophes (famines, séismes, épidémies...).

La mythologie chinoise attribue à Shennong, un héros né d'une immortelle et d'un dragon, l'apport de l'agriculture, de la charrue et de l'écriture.

(voir : https://chine.in/guide/dynasties-chronologie_153.html)

Dynastie des Xia (légendaire) (-2205 / -1767)

.           Selon l'historiographie traditionnelle chinoise, la dynastie Xia qui auraient régné sur la Grande Plaine a été la première de l'histoire de la Chine. Tradition sérieusement mise en doute car les premiers textes chinois ont été écrits plus d'un millénaire après les dates supposées de cette dynastie.

Yu le Grand (descendant de Gun ou Baima -Cheval blanc-, descendant de Luoming -Chameau brillant-, descendant de Huangdi -Empereur jaune-) est connu pour avoir permis aux eaux des fleuves de Chine de s'écouler, lesquelles avaient été bloquées par son père. On peut imaginer que, derrière cette histoire, se cache le mythe indo-européen du combat contre le serpent ou le dragon « obstructeur » des eaux.

Dynastie des Shang (-1767 / -1122)

(selon la chronologie traditionnelle (de -1570 à -1045, selon la sinologie moderne).

.           C’est la première dynastie qui ait laissé des témoignages écrits et dont l'existence soit par conséquent prouvée. On connaît de cette dynastie 102 inscriptions sur bronze, mais surtout 200.000 oracles provenant tous de la dernière capitale des Shang, près de la ville moderne d'Anyang, au Henan. Selon une tradition apparue seulement au IIIe siècle de notre ère, le roi Pan Geng a transféré la capitale dans la cité de Yin (qui a été identifiée à Anyang) et sa dynastie a alors pris le nom de cette cité.

Les Shang considéraient qu'ils régnaient au centre d'une terre carrée. Ils se désignaient comme Zhong Shang, où zhong se traduit par «central». Leur territoire était idéalement divisé en quatre, les «Quatre Pays», orientés selon les quatre points cardinaux.

Six ancêtres pré-dynastiques et 29 rois figurent dans les jiaguwen (écriture ossécaille, gravée suur des os d’animaux). Ils sont désignés par leur nom de temple.

Il semble avoir existé un authentique système d'archivage. On notait toujours le nom du devin et la date de la divination, c'est-à-dire le nom du jour dans le système sexagésimal. Des habitudes bureaucratiques apparaissaient déjà : on notait soigneusement les attaques ennemies, le nombre de prisonniers capturés et le butin ramené grâce aux campagnes, ou le nombre d'animaux pris lors des chasses. Un certain nombre d'officiers étaient répartis sur le territoire des Shang, tels que les «officiers des champs» (tian), qui s'occupaient de l'agriculture, les «officiers des chiens» (quan), qui intervenaient lors des chasses, les «pasteurs» ou les «gardes».

Les paysans vivaient dans des hameaux (yi) entourés de champs (tian). Ils cultivaient principalement le millet. Des exploitations agricoles étaient contrôlées par le roi, qui les confiait à des paysans dirigés par des officiers. On disposait d'un important cheptel, au moins près de la capitale. Des centaines de bœufs, de moutons, de porcs ou de chiens étaient tués lors de grands sacrifices.

La chasse était considérée comme un entraînement à la guerre. Les chasses royales étaient menées comme des campagnes militaires et leur butin pouvait être impressionnant. Durant l'une d'elles, Wu Ding captura 1 tigre, 40 cerfs, 150 biches et 164 renards.

Il n'y a pas d'indice de l'existence d'un esclavage semblable à celui du monde gréco-romain. Les prisonniers de guerre semblent avoir été utilisés comme une main-d'œuvre domestique. Ils devenaient également les victimes de sacrifices humains, que les Shang ont pratiqués à grande échelle.

Cette dynastie coïncide avec  l'introduction du bronze en Chine, en provenance de la Sibérie, et la diffusion de l'écriture, de type idéographique (chaque signe représente un objet ou un concept) et non phonétique comme au Proche-Orient. Elle introduit aussi le culte des ancêtres, lequel est au début réservé aux classes dirigeantes.

La chute des Shang est due en partie à la politique de vexation qu'ils instaurèrent envers les Zhou, alors que ces derniers avaient entrepris des extensions de leur royaume en déclarant la guerre à leurs ennemis. L'empereur Di Xin fut le plus cruel et fut détrôné par Wen Wang fondateur de la dynastie Zhou.

Dynastie des Zhou (-1046 / –256)

(selon la chronologie traditionnelle ; de -1570 à -1045, selon la sinologie moderne).

.           La dynastie Zhou est la troisième dynastie chinoise (une autre dynastie nommée Zhou exista entre 690 et 705). Elle régna le long du bassin du fleuve Jaune (Huang He) et fut la dynastie la plus longue de l'empire chinois qui dura presque un millénaire. Son fondateur fut le roi Wu (Wu Wang). Le prédécesseur de celui-ci, qui n'avait eu que le rang de duc, reçut le titre posthume de « roi Wen ». La première capitale fut la cité de Hao, sur la rivière Wei, dans l'actuelle province du Shenxi.

C'est durant le règne des Zhou que les empereurs furent appelés les Fils du ciel. Selon eux, ils avaient obtenu leurs pouvoirs grâce à la divinité suprême. Toutefois, pour pouvoir gouverner, ils devaient être vertueux. Dans le cas où ils faisaient un manquement à leurs devoirs, le pouvoir pouvait leur être retiré par une rébellion ou une invasion venant de l'extérieur.

Les Zhou étaient à l'origine un peuple nomade qui s’est ensuite sédentarisé, puis ils ont adopté les coutumes en vigueur en Chine, ce qui permet de dire que les Zhou ne sont pas des Chinois, mais un peuple étranger qui à un moment donné a gouverné la Chine … tout comme les Mandchous ou les Mongols.

Les palais des rois Zhou sont orientés selon un axe nord-sud, et comportent trois cours successives. Au nord de la résidence princière, centrale, est établi un marché. Au sud habitent les artisans nécessaires aux activités de guerre et de chasse de la classe noble (charrons, fabricants d'arcs, de flèches et de cuirasses, fours des fondeurs et potiers…), ainsi que divers assistants du pouvoir noble : intendants, scribes, devins, chefs des rites, …

Le monde paysan de l'époque des Zhou, et sans doute déjà celui des Shang, connaît une répartition très stricte des fonctions et des activités entre hommes et femmes. Le tissage, la culture des vers à soie, la fabrication des alcools incombent aux femmes. Les travaux des champs, la cueillette, la chasse du petit gibier, la pêche sont des activités masculines (origine de la dualité yin et yang).

L'empereur Zhou fut chassé de sa capitale par les paysans. Il entraîna sa cour avec lui en direction de l'est, et choisit la ville de Luoyang comme nouvelle capitale de son royaume. C'est cette rupture géographique qui a fait que la dynastie Zhou comporte deux cycles.

Dynastie des Zhou Occidentaux (~ -1122, -1046 / - 771)

.           La première période s’est étalée jusqu'en -771 avant J.C., et elle se réfère à la dynastie des Zhou de l'Ouest dont l'un des grands rois semble avoir été le roi Mu (Mu Wang).

Après avoir renversé les Shang, Wu Wang essaya d'administrer le pays avec Zhougong, son oncle. Parallèlement, il souhaite mettre par écrit tout le cérémonial de la vie quotidienne et la vie de la cour des Zhou. A la mort du roi Wu, des querelles de successions voient le jour, mais Zhougong organise la régence et stabilise l'Empire.

Les arts décoratifs tendent à régresser sous le règne de ces guerriers austères mais, dans le même temps, se raréfient aussi les sacrifices humains. Divisée en un millier de principautés féodales, plus ou moins autonomes, la Chine prospère et s'étend sous la dynastie Zhou.

Dynastie des Zhou Orientaux (-771 / -256)

.           En -771, la capitale, Hao fut prise d’assaut par des Barbares et le roi You tué. La dynastie des Zhou parvint à se rétablir, mais elle dut installer sa nouvelle capitale plus à l'est, à Luoyang, sur la rivière Luo. C'est ainsi que commença l'époque des Zhou orientaux.

La période des Zhou de l'Est se rapporte à la période comprise entre -771 et 256 avant JC. Cette ère comprend ensuite deux périodes distinctes : la période des Printemps et Automnes, puis celle des Royaumes combattants. Au début du règne des Zhou de l'Est, l'empereur Pingwang avait donc déplacé la capitale à Luoyang. Il s'attela à une répartition de son territoire, et forma ainsi sept provinces héréditaires indépendantes. Il avait fait de ses plus fidèles alliés des princes et il les avait nommés à la tête de chacune d'elles. Quand un prince venait à mourir, sa province était partagée entre ses fils. Aussi, à cette époque, la Chine subit-elle un grand morcellement de son territoire.

La période des « Printemps et Automnes », de 771 à 481 av. J.-C, connut des siècles de troubles politiques durant lesquels les seigneurs féodaux de nombreux petits fiefs (170 états duchés et villes, plus ou moins indépendants quadrillaient le territoire) se disputèrent le pouvoir. Elle fut marquée par l'apparition de la métallurgie du fer en Chine ; les Chinois de cette époque maîtrisaient déjà les hautes températures et avaient ensuite appris à fondre le fer.

Les princes se battent aussi les uns contre les autres en respectant un strict code de l'honneur, à la manière des chevaliers féodaux du Moyen Âge occidental. L'arme noble est le char de combat. Cet engin à deux roues est tiré par deux chevaux. Il porte un cocher accompagné d'un archer et d'un guerrier armé d'une hache-poignard. En temps de paix, le char est employé à la chasse.

Puis durant la période qui suivit, dite des Royaumes Combattants (481 à 221 av. J.-C.), le pays fut partagé en sept grands États, dont celui de Qin qui finira par rassembler les 7 royaumes sous sa couronne. Cette période tumultueuse donna naissance aux plus grands penseurs chinois, dont Confucius, Mencius et Lao-Tseu, qui ont contribué à l'évolution de la pensée et de la culture chinoises et à l’émergence de nombreuses écoles philosophiques. Plus que jamais, les rois et princes s'appuient sur des lettrés itinérants pour consolider leur autorité d'où l'expression : « Cent Écoles » parfois employée pour qualifier cette période.

Le ministre Shang Yang, aux environs de 350 av. J.-C., jette les bases d'un véritable État avec des circonscriptions administratives solidement arrimées au pouvoir central. Il impose un ordre policier avec un système efficace d'autocontrôle dans lequel les sujets sont répartis dans des groupes collectivement responsables des fautes que pourraient commettre l'un ou l'autre !

L'époque est propice aux progrès techniques : soucieux d'accroître leur puissance et leur richesse, les rois encouragent les travaux de défrichement, drainage et irrigation. La productivité de l'agriculture est améliorée par l'invention de l'attelage de poitrail et du collier d'attelage (avec plusieurs siècles d'avance sur l'Occident), ainsi que par la production en grand nombre d'outils en fer.

L'industrie de la soie, spécialité chinoise, fait la fortune du pays et nourrit un commerce fructueux avec l'Asie centrale et même le bassin méditerranéen. Des caravanes de plus en plus nombreuses empruntent les routes, ébauches de celle de la soie.

Côté militaire, il n'est plus question de code de l'honneur. Les guerres deviennent brutales. Elles associent la cavalerie montée (préférée aux chars de guerre) et l'infanterie (indispensable pour le massacre des populations ennemies !). Les rois érigent des murailles à leurs frontières pour se protéger autant que faire se peut de leurs ennemis.

Une époque de fer et de sang, mais aussi de progrès intellectuels et techniques.

Dynastie des Qin (Chin) (-256 / -207)

.           A l’issue de la période des Royaumes combattants, Ying Zheng de Qin, un royaume situé à la périphérie du berceau de la culture chinoise et dirigé suivant la doctrine de l'école des Légistes, réussit à conquérir tous les autres royaumes indépendants et à unifier la Chine en un empire centralisé qu'on qualifierait aujourd'hui de totalitaire, remplaçant ainsi le système féodal de la dynastie Zhou. Ying Zheng prit le nom de règne de Qin Shi Huangdi.

Qin Shi Huangdi, réputé être le « premier empereur », le « Cesar chinois », régnera de -247 à -207 sur l’Empire chinois qu’il vient ainsi de fonder. L'empereur procède à des transferts massifs de populations afin de parfaire l'unification du pays et d’en faire le premier empire. Il le protégera des invasions des barbares depuis la frontière nord (des nomades, peut-être ancêtres des Turcs ou des Mongols ou apparentés aux Huns) en construisant les premiers tronçons de ce qui sera la Grande Muraille. Des travaux pharaoniques de nombreux canaux et ponts laisseront l’Empire à genoux. Il standardisa les poids et mesures, la monnaie, l'écriture et la largeur des essieux des chariots. Les caractères de l'ancien état des Qin devinrent standard pour toute la Chine. Il voulut aussi unifier les esprits et, persécutant les lettrés, ordonna un autodafé des tous les livres exceptés ceux ayant valeur purement pratique, comme les traités d'agriculture et ceux de divination. Cruel et paranoïaque, il provoqua révoltes et jacqueries, et fut détesté des toutes les dynasties qui lui ont succédé, jusqu'en 1911, avec la fin de l’empire qu’il avait fondé.

Il se fit construire, non loin de sa capitale Xian, le célèbre mausolée qui s'étend sur environ 56 km2 et comprend un tumulus haut de 115 m, abritant son armée de 8.000 guerriers de terre cuite, bâti par 700.000 ouvriers pendant 38 ans, de -246 à -208, deux ans après la mort de l'empereur. Découvert en 1974, sous Mao qui cherchera à le réhabiliter, la tombe de l'empereur n'a cependant jamais été ouverte en 2 200 ans, car Sima Qian, qui écrit 100 ans après la mort de Qin Shi Huang, parle dans son récit d'une tombe piégée (au mercure ?).

.           Le mot "Qin" s'écrit aussi "Chin" et il s'agit probablement de la source du mot Chine actuel.

Dynastie des Hans  (-206 / 8 ap. J.C)

.          Un officier du nom de Liu Bang prend la tête d'une bande de brigands et, dans le désordre ambiant, devient le nouveau maître de l'empire. Désormais connu sous le nom de règne Gaozu, il s'arroge le titre impérial avec le Mandat du Ciel qui fait de lui, selon la tradition antique, le protecteur des récoltes. Il inaugure la dynastie Han. Il s'installe à Chang'an, la capitale des Qin, près de la ville actuelle de Xian.

Entourée de 25 km de murailles en terre damée, composée surtout de palais et de parcs, la résidence impériale est l'une des plus grandes villes de son époque. Il n'en reste pratiquement rien aujourd'hui, comme de la plupart des autres villes et monuments de la Chine antique

Il offre à ses fidèles de grands gouvernements provinciaux en en faisant des quasi-fonctionnaires qu'il déplace à loisir. Il arrive à contenir les nomades derrière la Grande Muraille. La dynastie confirme la place des lettrés et des paysans au sommet de la hiérarchie sociale. Etant lui-même d'origine paysanne, il évite de pressurer les propriétaires terriens qui forment l'ossature de la société. La Chine, en effet, demeure un pays de hameaux, avec de grosses fermes patriarcales qui pratiquent la culture céréalière et l'élevage.

Wudi, le plus célèbre des empereurs hans, régna 54 ans (-141 / -87). Il va restaurer l'empire dans ses plus grandes frontières. Afin d'assurer l'unité de l'empire, il procède comme les Qin à de grands échanges de populations. Il s'applique à « siniser » l'empire en installant des Chinois en Corée ou dans les provinces du sud et en imposant par la force une « pax sinica » à l'Asie centrale. Ainsi fait-il entrer le Vietnam dans la dépendance de la Chine pour un millénaire.

Pour mieux contenir les Barbares de l'autre côté de la Grande Muraille, il renforce sa cavalerie et, pour cela, en 138 av. J.-C., demande à son général Zhang Qian de lui ramener des « chevaux célestes » du lointain Ferghana. L'expédition va durer de longues années et contribuer à l'ouverture de la mythique route que l’on appellera « Route de la Soie » au XIX° siècle, une succession d'oasis, de caravansérails et de foires par laquelle vont dès lors les marchandises entre l'Orient et l'Occident.

Afin de monter les chevaux à leur aise, ses guerriers sont priés de renoncer à leur robe et d'adopter le pantalon, vêtement habituel des femmes chinoises !

L'une de ses réformes les plus importantes est l'instauration en 134 av. J.-C. de concours pour le recrutement des fonctionnaires les examens mandarinaux qui perdureront jusqu’en 1905 !

Il a fait du confucianisme l’idéologie dominante de l’Empire, et profitant de l’invention du papier il a développé la calligraphie et la fabrication des livres.

Mais les ambitions de Wudi ont un coût supporté par le monopole d'État sur le sel et le fer et les impôts, Les petits paysans lâchent prise et entrent au service des grands propriétaires comme serfs.

Xuandi (73-49), petit-fils du grand Wudi, avec sa stratégie de guerres préventives, détériore toujours plus les finances, et provoque des jacqueries que les successeurs de Xuandi vont être incapables de maîtriser.

Dynastie de Xin (9 / 25)5)

.         Un enfant de 9 ans ayant hérité de l'empire Han, l'impératrice douairière (la veuve du précédent empereur) en profite pour confier la réalité du pouvoir à son neveu, Wang Mang. Au bout de quelques mois, celui-ci fait empoisonner l'enfant et se proclame lui-même Fils du Ciel.

Avec Wang Mang triomphent les lettrés. Ces derniers, disciples de Confucius, un sage qui a vécu cinq siècles plus tôt, à l'Âge d'Or de la dynastie Zhou, quelque peu mythique qui reignait alors sur la province du Chen-Si. Ils prônent un gouvernement patriarcal, la tempérance en toute chose, le culte des ancêtres, et, bien entendu, récusent la guerre.

Les tenues vestimentaires, ainsi que les cérémonies de mariage, tout devait être en rapport avec les préceptes des traités rituels des Zhou, connus sous le nom des Lishu, les rites confucéens classiques. Incarnation même des vertus confucéennes, Wang Mang n'hésita pas à distribuer une partie de son salaire à ses collaborateurs, et faisait aussi des dons aux plus nécessiteux. Comme il l'avait appris dans les enseignements confucéens, avant d'accepter les dons et promotions, il prenait soin de refuser par trois fois.

Le nouvel empereur instaure une politique sociale volontariste. Il impose un partage des grandes propriétés agricoles et interdit les trafics d'esclaves. Il met en place un système de monopole du gouvernement sur le commerce de l'alcool, du fer et du sel ; les prix sont soumis au contrôle de l'Etat. Il dévalue maintes fois la monnaie et uniformise les mesures. Ces réformes généreuses et quelque peu utopiques désorganisent l'économie et provoquent des disettes. Cela entrava le système de libre-échange en place à l'époque et déboucha sur des jacqueries paysannes, dont la plus connue est celle des « Sourcils rouges », les insurgés se peignant les sourcils pour se reconnaître.

En plus des difficultés diverses pour mettre en pratique ses projets, des inondations détruisirent les champs de céréales. La population dut alors faire face à la famine. Cette situation entraîna le chaos et provoqua des épidémies. Les paysans mirent fin à son règne. En effet, selon la croyance chinoise populaire, les catastrophes naturelles étaient des signes qui démontraient qu’il n'avait plus les faveurs du Ciel.

Deux princes de la dynastie Han en profitent pour reprendre l'initiative et, en l'an 23, acculent Wang Mang dans son palais de Chang'an (à l'ouest de la Chine). L'usurpateur est décapité et les Han se réinstallent pour deux siècles à la tête de la Chine.

Dynastie des Hans de l’Est  (25 / 220)

.            Quittant Chang'an (Xian) la nouvelle capitale est établie plus à l'Est, à Luoyang, dans la vallée du Huang He. Aussi les nouveaux empereurs sont-ils qualifiés par les historiens de Han postérieurs (à Wang Mang) ou Han orientaux (établis à Luoyang)

Epoque marquée par la grande activité le long de la route de la soie, favorisée par l’expansion vers l’ouest où sont repoussés voisins et barbares, jusqu’à atteindre l’empire romain.

En 184, une nouvelle jacquerie, la révolte des « Turbans Jaunes », a raison de la dynastie Han. On atteint alors le comble de la misère. « L'anarchie règne dans la capitale de l'Ouest, troublée par les tigres et les loups... Les ossements humains couvrent la plaine. Au bord d'une route, une femme en proie à la famine abandonne son enfant dans les herbes », témoigne un poète. À Chang'an (Xian), les palais impériaux sont détruits ainsi que tous les trésors accumulés par les Han.

Trois royaumes (san guo)  (220 / 265)

.           Trois seigneurs de la guerre rivaux usurpent le pouvoir et prennent une place prépondérante : Cao Cao puis son fils Cao Pi (Wei, capitale Luoyang), Liu Bei (Shu-Han, capitale Chengdu) et Sun Quan (Wu, capitale Nankin). Ils mettent en place les Trois Royaumes (le Royaume des Wei, le Royaume des Shu et le Royaume des Wu) après l'abdication du dernier empereur Han, dont ils se disputent la succession, et se proclamant chacun à leur tour empereur dans les années 220. Leurs successeurs s'affrontent pour la domination de la Chine, avant d'être supplantés l'un après l'autre entre 265 et 280 par le clan Sima.

La période des Trois Royaumes jouit d'une grande popularité en raison de l'importance que la tradition chinoise accorde à plusieurs de ses grandes figures (Cao Cao, Liu Bei, Zhuge Liang, les Sept Sages de la forêt de bambous, etc.), passées du côté de la légende pour devenir de véritables archétypes. Cette popularité est essentiellement due au roman Histoire des Trois royaumes, rédigé au XIVe siècle par Luo Guanzhong, l'un des ouvrages romancés les plus importants du patrimoine de la Chine, et très influent dans les pays voisins.

Dynastie des Jin occidentaux  (265 / 316)

.           Une dynastie, fondée par des membres de la famille militaire des Sima. Sima Yan, en 280, réunifia la Chine et mit fin à la période des Trois royaumes. La dynastie connut par la suite une dizaine d'années de prospérité, avant de s'enfoncer dans une crise profonde, marquée par des luttes pour le pouvoir au sein du clan Sima (la Guerre des huit princes).Ces troubles provoquèrent une perte d'autorité du pouvoir impérial, dont profitèrent plusieurs chefs militaires issus des peuples nomades originaires des régions situées au nord et à l'ouest de la Chine, qui, dans les années 300-310, achevèrent ce qui restait de la puissance militaire des Jin et fondèrent plusieurs dynasties, avant que la dynastie Jin ne soit renversée en 317 et battit retraite vers l’est et le sud.

Durant cette période, on assiste à un regain des courants de pensée légiste et taoïste à tendances métaphysiques. L'amour de la nature, le mépris des rites, l'art pour l'art, le désintérêt taoïste pour les affaires publiques conduisent au développement de la pensée, des lettres et de l'art chinois ainsi que d'une critique littéraire ne tenant compte que de la valeur esthétique des œuvres. Un terreau favorable au bouddhisme qui séduit la Chine.

Finalement, rebutée par les barbares, la dynastie impériale de Jin se réfugia au sud du Yangzi Jiang, le grand Fleuve Bleu qui sépare la Chine du nord de la Chine du sud. Elle s'installa à Jiankang (l'actuelle Nankin) et contribua à la sinisation de cette Chine encore arriérée. La Chine du Nord passa alors sous la domination des « Barbares », période connue sous le nom de Seize Royaumes.

Dynastie des Jin orientaux  (317 / 420)

.           Fondées par des membres de la famille militaire des Sima réfugiés à Nanjing (Nankin), à la suite de la précédente qui dominait toute la Chine jusqu’à la partition opérée par les Seize Royaumes. Progressivement se forma une nouvelle société chinoise, particulièrement florissante autour de la capitale Jiankang (l'actuelle Nankin) qui devint un centre politique, intellectuel et économique de premier plan. Se développa notamment une riche tradition littéraire et artistique, marquée notamment par le développement du bouddhisme.

LesSeize Royaumes des « 5 barbares » et les Dynasties du Nord et du Sud

Les 16 Royaumes (304 / 439)

.           Cette période se situe entre la fuite vers l’est de la dynastie Jin qui domine également le sud, et l'établissement de la dynastie Wei du nord. Le nom de Seize Royaumes fut choisi pour désigner seize états dans la partie nord de la Chine qui auront en commun d’avoir une durée de vie très courte.

Cet ensemble de royaumes fut fondé entre 304 et 409. Depuis l'ère antique, les peuples non chinois, appelés aussi barbares, envahissaient les royaumes de Chine. Le début du IVème siècle fut marqué par la constitution par des non Chinois (les Cinq barbares), des premiers royaumes sur le territoire chinois. Durant cette époque, plus d'une vingtaine de royaumes ont vu le jour. Mais au final, ce sont les Seize royaumes seulement qui ont été retenus pour nommer cette période.

Aucun de ces royaumes n'a réussi à se démarquer pour dominer cette partie de la Chine. Ephémères, ils ne subsistaient que quelques années, avant qu'ils ne tombent dans les mains de l’ennemi. Il régnait alors un climat permanent de guerre, avec des migrations incessantes des populations, ce qui provoqua une fragilisation des structures alors en place.

Dynasties du Nord et du Sud (439 / 589)

.           Les dynasties du Nord et du Sud furent constituées de neuf dynasties principales, cinq au Nord et quatre au Sud, formant deux ensembles séparés par une frontière fluctuante, généralement située au Nord du Yangzi. Les dynasties dominant le Nord sont, dans la lignée des Seize Royaumes auxquelles elles ont succédé, et d'origine non-chinoise. Les dynasties du Sud étaient dirigées par des Chinois descendant des familles ayant fui le Nord depuis qu'il était passé sous la coupe des peuples non-Chinois au IVe siècle, et qui se voyaient comme le conservatoire des traditions chinoises. Sous leur égide, le Sud connut un développement démographique et économique très marqué.

Le Nord et le Sud connaitront cependant des évolutions similaires durant cette période : ouverture accrue vers l'extérieur, adoption du bouddhisme comme religion principale aussi bien chez les élites que dans la population, importance du fait militaire et instabilité dynastique, etc. Au-delà de son image de période troublée et instable, la période des dynasties du Nord et du Sud et plus largement celle de la division de la Chine.

Depuis la chute de la dynastie Han, ce furent trois siècles et demi de divisons infinies, jusqu’à la réunification par la dynastie Sui.

Dynastie des Sui (581 / 618)

.           Fondée en 581, la dynastie des Sui sera l'une des plus importantes de Chine avec la dynastie des Qin. Sous la houlette du général des Zhou du Nord, Yang Jian, qui a battu le royaume des Qi du Nord, deviendra plus tard empereur, et entreprendra la première réunification du royaume qu'il réussit brillamment en 589 en mettant fin à l'empire Chen, le dernier empire des six dynasties du Sud. La dynastie des Sui saura imposer la réunification de la Chine ; les Sui établiront toute leur autorité sur la Chine fixant les prémices de l'empire du Milieu sous un régime sévère.

L'empereur Sui entamera entre autres de grands travaux pour son pays.  Il réformera les terres afin de mieux partager les richesses du sol. Il mettra également en place des silos pour réguler les cours des grains et fera construire un système de canaux. Sous son impulsion, débuteront ainsi les travaux d'allongement du Grand Canal, dont l’achèvement prendra des siècles, et qui facilite le commerce entre le Nord et le Sud (et reste à ce jour la plus grande rivière artificielle du monde). Il part de la ville de Luoyang qui devient la nouvelle capitale à partir de 604.

Le Grand Canal

Les bases du fonctionnariat recruté par examen sont jetées ; la méritocratie est instituée qui perdurera à travers les générations. La Chine prend pour capitale Xian. La Grande Muraille de Chine est rallongée. L'expansion territoriale qui reprend à l'Ouest vers le bassin du Tarim, permet la réouverture de la route de la soie. L’appareil d’Etat est refondé avec la création de trois départements, dont deux organes législatifs et un organe exécutif, qui resteront en place pendant plus de 3 siècles.

Son fils Yangdi Sui s'attachera à construire de grands monuments et participera également à l'extension de la Grande Muraille de Chine. Il enverra également des troupes vers le Vietnam pour revenir là où les Hans avaient réussi à conquérir. Mais la campagne Linyi-champa qui se déroula de 602 à 605 se révèle toutefois être un échec et des milliers d'hommes meurent durant la campagne.

Dès 612, son successeur Yangdi entame ce qu'on appelle la campagne de Corée. La Chine alors réunifiée décide de conquérir la péninsule et mobilise quelques 3.000 navires de guerre, 1,12 millions de fantassins, 50.000 cavaliers, 5.000 pièces d'artillerie … Une mobilisation très importante qui ne réussira pas, durant trois années, à soumettre l'Etat semi-barbare de Goguryeo, l'un des Trois Royaumes de Corée. Les hommes de Chine inventeront alors la pratique de la « patte de bon augure » ou encore de « pied chanceux » : de nombreux hommes valides s'automutileront de manière tout à fait volontaire pour ne pas être mobilisés dans les armées. Les retours des grandes campagnes de Corée sont rares et beaucoup d'éléments de troupes finiront leur jour sur le chemin du retour, terrassés par les maladies.

Ces différentes campagnes causeront la chute de Yangdi et mettront fin à la dynastie des Sui.

Dynastie des Tang (618 / 907)

.           La dynastie Tang est réputée la plus puissante de l'histoire de la Chine

Tai Zhong, le deuxième empereur Tang, rétablit la paix, et connaîtra un long règne (627/649) et une époque de grande prospérité. Avec lui, la Chine va connaître l'une des pages les plus illustres de son histoire. Les ennemis les plus puissants de l'époque sont des Turco-Mongols. Mais après avoir essuyé plusieurs défaites face à l'armée de Tai Zhong vers l'année 630, les Turco-Mongols reconnaissent la suprématie de la dynastie Tang et procèdent à l'échange d'ambassadeurs. Les autres états, moins puissants, adoptent la même attitude. Le rayonnement et l'influence de la dynastie Tang s'étendent dorénavant du Japon à la Perse, de la Mongolie à l'Inde. Le bouddhisme connaît alors son apogée en Chine

Tai Zhong met en place une administration d'une redoutable efficacité en s'appuyant sur des fonctionnaires talentueux et intègres recrutés par concours généraux. Il est séduit par Wu Zetian (624/705), qui lui succédera. La Chine connaîtra d’autres femmes de pouvoir, mais celle-ci, l’unique impératrice de toute l'histoire chinoise, sera donc la seule à porter le titre d’Auguste. De 618 à 751, la Chine connaîtra une succession sans précédent d'empereurs loyaux et compétents.

Sous cette remarquable dynastie, vivent les plus grands poètes chinois tels que les deux empereurs Li Ba (701/762) et Du Bu (712/770). Les poèmes les plus populaires sont regroupés dans "les 300 poèmes de Tang", un recueil qui fait partie du patrimoine de la littérature chinoise.

La première moitié de la dynastie Tang constitue l’un des âges d’or de la Chine. Le pays le plus puissant du monde domine tous les autres dans tous les domaines : commercial, économique, technologique. Chang’an (actuelle Xian), la capitale historique, passe pour être la plus grande ville au monde. Le pays produit deux fois plus d’acier que l’Angleterre 700 ans plus tard !  Ils avaient déjà inventé le papier (adopté par les Arabes), l’imprimerie (réinventée au XV° siècle par Gutenberg), la boussole, la poudre à canon, le harnais de trait, la soie, le kaolin, les allumettes, le gouvernail axial d’étambot, la brouette, la monnaie et le billet de change (l’or servait de réserve). Le Grand Canal, véritable artère (à un coût humain certes exorbitant), relie Pékin à Hangzhou ! La population du pays est passée de 60 à 100 millions durant la dynastie Tang.

Puis, progressivement, les empereurs se laissent aller aux plaisirs de la vie. Ainsi en 755, le despotisme de la favorite de l'empereur, Yang Guifei, provoque la révolte du général An Lou Shan, un chef de guerre d'origine turque. Ce soulèvement ravage le pays et la capitale Chang'An ; il entraîne l'empire dans une totale anarchie, occasionnant des millions de morts. Après le recensement de 754, qui évaluait la population de la Chine à 52 millions d'habitants, celui de 834 n'en relèvera plus que 30 millions. Bien que finalement écrasée, cette révolte affaiblit considérablement la dynastie et marque le début de son déclin, même si sa puissance extraordinaire lui procure encore suffisamment de ressources pour survivre pendant plus de 150 ans avant de disparaître en 907.

Les Cinq Dynasties (Nord) (907 / 960)

.           Ces années intermédiaires, connues sous le nom de Période des Cinq Dynasties et des Dix Royaumes, ont été pour toute la Chine une période de morcellement et d'instabilité.

Les Dix Royaumes (Sud) (902 / 979)

Dynasties des Song (960 / 1279)

.           La dynastie Song (Sung) a réunifié le pays pour la première fois depuis la chute de la dynastie Tang en 907.

La dynastie Song se divise en deux périodes distinctes : les Song du Nord et les Song du Sud. Les Song du Nord (960-1127) correspondent à la période pendant laquelle la capitale était située dans la ville de Kaifeng, au Nord ; la dynastie contrôlait alors toute la Chine. Les Song du Sud (1127-1279) correspondent à celle ou les Song ont perdu le contrôle de la Chine du Nord au profit de la dynastie jurchen des Jin. C'est à ce moment que la capitale fut établie au Sud du Yangzi, dans la ville de Hangzhou.

La dynastie Song est connue pour avoir développé les villes au-delà de leur rôle administratif, les transformant en centres économiques, industriels, et de commerce maritime. Les mandarins, propriétaires fonciers, étaient parfois considérés comme des nobles ; ils vivaient dans les centres provinciaux aux côtés des commerçants et des artisans. Un nouveau groupe de riches roturiers - la classe marchande - émergea avec le développement de l'imprimerie, de l'éducation et du commerce privé ; une économie de marché commença à nouer des liens entre les provinces côtières et l'intérieur du pays. La propriété foncière et les emplois publics n'étaient alors plus les seuls moyens d'obtenir richesse et prestige. Le développement de la monnaie en papier et d'un système de taxes unifié jetèrent les fondements d'un vrai système de marché national.

La production de fer sextupla entre 806 et 1078, année où 125.000 tonnes de fer furent produites pour la fabrication de charrues, marteaux, aiguilles, épingles, etc. pour le marché intérieur et aussi le commerce extérieur alors en plein développement. C'est également à cette époque que les Chinois inventèrent ou développèrent la poudre à canon, le canon, l'imprimerie (caractères mobiles), entre autres. Ces innovations et la révolution agricole qu'elles permirent élevèrent certaines villes chinoises au rang des plus peuplées du monde, très loin devant les villes européennes de la même époque. On estime par exemple la population de Hangzhou à 500 000 habitants. Du point de vue du niveau de vie, on évalue le revenu moyen par personne et par an à l'équivalent de 600 US dollars actuels ; pour comparaison, le revenu européen, qui atteignait dans certaines zones ce niveau en l'an 1, était redescendu à 400 dollars annuels en l'an 1000.

L'art et la culture parvinrent sous la dynastie Song à un haut degré de raffinement, notamment dans les domaines des écrits historiques, de la peinture, de la calligraphie et de la porcelaine. L'intérêt renouvelé pour les idéaux confucéens antiques coïncida avec le déclin du bouddhisme, considéré comme étranger.

Les philosophes néo-confucéens, cherchent alors à retrouver la pureté des anciens textes classiques. Le plus influent parmi eux fut Zhu Xi, dont la synthèse des pensées confucéenne, bouddhiste et taoïste devint l'idéologie officielle à partir des Song et le resta jusqu'à la fin du XIXe siècle. Intégrée au système des examens mandarinaux, la philosophie de Zhu Xi donna par la suite un ensemble de principes officiels rigides, accentuant l'obligation d'obéissance du sujet envers le souverain, de l'enfant envers les parents, de la femme envers le mari, des jeunes envers les aînés. Cette idéologie puritaine a sans doute longtemps entravé le développement social de la Chine. Elle fut jusqu'à la fin du XIXe siècle un facteur de stabilité sociale, mais aussi d'immobilisme institutionnel.

En 1234, les Mongols de Kubilaï Khan, le petit-fils de Gengis Khan, prennent le contrôle de la Chine du Nord, avant d’anéantir les Song du Sud en 1279, ayant eux-mêmes établi leur propre dynastie, Yuan, en 1271. La Chine, de nouveau réunifiée, fut englobée dans l'immense empire mongol. La population de l’empire atteindra alors 120 millions d’habitants.

Gengis Khan, né en Mongolie vers 1155 (1162 ?), un personnage intelligent et d'une extrême dureté, se lance vers 1205 à la conquête de la Chine, rasant Pékin en 1215. Entre 1219 et 1220, il prend Boukhara et Samarcande, dans l’actuel Ouzbékistan. En 1223, c’est au tour de Moscou. Il a ainsi fondé l'empire contigu le plus vaste n’ayant jamais existé, par le contrôle d’une grande partie de l'Asie, avec la Mongolie, la Chine du nord et la Sogdiane (une partie de l'Ouzbékistan, le Tadjikistan et l'Afghanistan). Après sa mort en août 1227, l'empire est encore considérablement agrandi par ses successeurs, qui le dirigent encore pendant plus de 150 ans. Il comptera environ 200 millions de sujets, soit la moitié de la population mondiale, et son territoire couvrira près de 30 millions de kilomètres carrés, soit 20 % des terres émergées. Son petit-fils, Kubilaï Khan (le 5° khan), sera le premier empereur de la dynastie Yuan en Chine. Il s’installe à Pékin, rebaptisée Khanbalik. Il entreprend de grands travaux qui renforcent l’unification de son empire. Il achève le Grand Canal nord-sud qui va de Pékin à Hangzhou.

En 1276, la cour des Song du Sud s'enfuit par bateau pour échapper aux envahisseurs Mongols. En 1277, la cour impériale trouva refuge dans la Baie des mines d'argent (Mui Wo), sur l'île de Lantau (actuellement la ville de Kowloon à Hong Kong). Le 19 mars 1277, l'armée Song perdit sa dernière bataille, la bataille de Yamen, qui eut lieu dans le delta de la rivière des Perles ; pour la première fois la Chine tombe entièrement aux mains d'une dynastie d'origine barbare. Les lettrés du Sud, tenus en méfiance par le pouvoir mongol, lui rendent son mépris en refusant de collaborer, à la différence des lettrés et fonctionnaires du Nord, ralliés dès les débuts.

Dynastie des Song du Nord (960 / 1127) et des Song du Sud (1127 / 1279)

Dynastie Yuan (Mongols) (1276 / 1368)

.           Fondée par Kubilai Khan, la dynastie Yuan a régné sur la Chine de 1234 (date de la conquête de l'empire Jin qui occupait le Nord de la Chine par Ögödei Khan, fils de Gengis Khan), à 1368. En Chine, la date de 1271, année où Kubilaï Khan proclama le début de la dynastie, est le plus souvent considérée, même si la dynastie Song a chuté en 1279. Kubilaï ayant, comme il est coutume, nommé ses prédécesseurs empereurs à titre posthume, 1206, année où Temudjin devint Gengis Khan, est parfois mentionnée.

Sous cette dynastie, la Chine est entièrement sous domination mongole, ce qui lui vaut encore de nos jours une très mauvaise image auprès du peuple et des intellectuels chinois. En effet, c'était la première fois qu'une dynastie d'origine non-Han dominait l'intégralité de l'empire ; il y en aura une seconde : la dynastie Qing fondée par les Mandchous.

Le grand canal fut prolongé jusqu'à Pékin. Routes et ponts furent construits en grand nombre afin de permettre une amélioration du commerce. Un système efficace de relais de poste fut organisé avec des relais pour les cavaliers à cheval. La réouverture de la route de la soie bénéficia au commerce. Des greniers furent construits pour y emmagasiner des réserves en prévision des disettes. Le premier système d'irrigation de pâturages fut conçu dans la région de Shangdu (Kaiping). L'astronomie progressa avec la création d'une clepsydre de haute précision et d'observatoires. La cartographie et les connaissances géographiques progressèrent. Jamal al-Din, astronome d'origine persane, conçut le calendrier de la dynastie.

Des connaissances scientifiques et techniques étrangères pénétrèrent en Chine à cette époque. C'est aussi à cette période que les premiers explorateurs européens arrivèrent en Chine. Parmi eux Marco Polo.

Les mélanges de population aux confins ouest de l'empire s'accompagnèrent d'une expansion de l'Islam. Peu avant la fondation de la dynastie, alertés par les incursions mongoles en Europe, Louis IX et le Pape Innocent IV avaient envoyé des ambassadeurs franciscains au Khan. Jean de Plan Carpin, et Guillaume de Rubrouck (comté de Flandre, royaume de France), un franciscain de langue flamande, sujet et intime du roi de France, se rendirent en Mongolie en 1253-1254, précédant ainsi Marco Polo. Ils visitèrent Karakorum, la nouvelle capitale de l'Empire –en Mongolie-, avec l’objectif de convertir le khan. La réponse du khan, qui leur demande de se soumettre formellement, exprime clairement la politique de liberté religieuse des Mongols.

Le théâtre connut un grand essor. Les empereurs entretenaient des troupes au palais, et c'est à cette époque que fut introduit l'accompagnement instrumental. La littérature en langue vernaculaire, le roman et la littérature de voyage se développèrent.

Dynastie des Ming (1368-1644)

.           Après plus d'un siècle de domination mongole sous les Yuan, la population chinoise rejeta le « règne des étrangers ». Ce mouvement, qui prit la forme d'une suite de révoltes paysannes, repoussa la dynastie Yuan dans les steppes mongoles et Zhu Yanzhang, issu de la classe paysanne et chef du plus puissant de ces groupes rebelles chinois Han, fonda alors la dynastie Ming en 1368 en prenant le nom d'empereur Hongwu. Il établira sa capitale à Nanjing. (Mao Zedong et Deng Xiaoping seront deux autres révolutionnaires paysans à diriger le pays le plus peuplé de la Planète.) Yongle, le 3ème empereur, déplacera la capitale à Pékin et y fera édifier l’immense Cité Interdite.

Les mongols restant une menace, Hongwu modifia la position confucéenne qui considérait les militaires comme une classe inférieure devant être contrôlée par la bureaucratie. Le nom Hongwu signifiant vaste armée reflète bien le prestige agrandi des militaires. L'armée régulière comptera un million d'hommes.

Hongwu qui détestait les eunuques impériaux prit note du rôle néfaste qu'ils avaient joué à la cour des Song et prit de nombreuses mesures contre ceux-ci : il réduisit grandement leur nombre, leur interdit de posséder des documents, insista pour qu'ils restent illettrés et élimina ceux qui s'immisçaient dans les affaires d'État. On restaura et renouvela le système traditionnel des examens, qui sélectionnait les bureaucrates et les fonctionnaires d'après leur mérite et leur connaissance en littérature et philosophie. L'élite confucéenne, marginalisée sous le règne des Mongols, reprit son rôle prédominant au sein de l'État chinois.

Partageant l'aversion confucéenne pour le commerce, Hongwu encouragea également l'établissement de communautés agricoles indépendantes. Les grands domaines fonciers furent confisqués par le gouvernement, morcelés et loués. L'esclavage privé fut interdit. Les petits paysans propriétaires et indépendants formèrent dès lors l’essentiel de l'agriculture chinoise. L’amélioration des techniques agricoles et les réformes agraires, soutenues par le nouvel État, lui-même issu d'une rébellion paysanne pro-confucéenne, accrut les ressources alimentaires. C’est ainsi qu’à la fin de la dynastie Ming, la population avait probablement augmenté d'au moins 50 %.

Le nom Ming de la dynastie s'écrit en chinois avec le caractère 'lumière, clarté'. La dynastie Ming naquit effectivement avec une renaissance culturelle : les arts, particulièrement l'industrie de la porcelaine, se développèrent comme jamais auparavant. Plus de cent mille tonnes de fer sont produites par an, en Chine du Nord. De nombreux livres sont imprimés à l'aide des caractères mobiles inventés au XIe siècle.

Le troisième empereur, Yong Le, décide en février 1403 de faire de Beïping (la paix du Nord) sa nouvelle capitale qu’il nomme Beïjing (la capitale du Nord). Il fit venir 200.000 artisans réputés auxquels il confia la reconstruction de la ville avec ses 22,5 km de remparts de 12 m de haut, recouverts de briques, avec au centre la fameuse ville pourpre, la Cité Interdite.

Les contacts avec le monde extérieur et le commerce extérieur vont augmenter considérablement. car Yongle forme aussi de grands rêves maritimes, moins par esprit de conquête que pour connaître le monde … et se faire connaître.

Les Chinois s'étaient déjà lancés sur les mers aux environs de l'An Mil. Dès 1391, plus de 50 millions d'arbres sont plantés dans la région de Nankin en vue de la construction des navires. Les chantiers navals du bas-Yangzi sont mobilisés pour construire les 200 navires de la grande flotte des Trésors. Les quelques milliers de travailleurs de ces chantiers navals sont renforcés par 400 familles de charpentiers. Ces navires à quatre mâts, de tonnage supérieur à 1.500 tonnes, à plusieurs ponts, peuvent transporter plus de 500 hommes. Pour la navigation lointaine, ils comptent sur des innovations déjà anciennes, comme le compas, inventé par les Chinois eux-mêmes au XIe siècle.

Cette flotte est placée sous le commandement de l’un des fidèles de Yongle, Zheng He, qui est nommé Grand Amiral … bien qu’il n’ait jamais navigué ! Né vers 1371 sous le nom de Ma He, cadet d’une famille musulmane d’origine perse, arrivée là un siècle plus tôt avec les conquérants mongols, il a vu son père, dont le patronyme indique qu’il a effectué le pèlerinage de La Mecque, tué sous ses yeux lors d’une conquête. A 13 ans, enfant mâle d’un vaincu, comme le veut la coutume chinoise de l’époque, il est fait prisonnier et castré pour servir en qualité d’eunuque ; il deviendra l’intime de l’empereur Yongle de 11 ans son ainé. Et il s’est heureusement révélé être un grand marin ! Dès le premier voyage, parti le 11 juillet 1405, sur 62 navires embarquent, selon les chroniques, quelque 27.800 hommes (marins, soldats, mais aussi interprètes, médecins, savants ...). Puis, jusqu’en 1433, avec sa flotte des Trésors impressionnante, il sillonnera les océans. En sept grandes missions d'exploration (six d'entre elles sous les auspices de Yongle) avec des immenses armadas (jusqu'à 300 bateaux et 30.000 hommes), il atteint le Annam, l’Indonésie, la Malaisie, Ceylan, l’Inde, la péninsule Arabique et la côte Est de l’Afrique, jusqu’à Djeddah et passe peut-être le cap de Bonne-Espérance.

La trace de Zheng He se perd à ce moment. Après sa mort, les empereurs Ming renoncent aux explorations maritimes bien que celles-ci eussent atteint leurs objectifs et contribué au rayonnement international de la Chine et au développement de son commerce. Zheng He lui-même a laissé de tels souvenirs en Asie du Sud-Est qu'il y est encore par endroits divinisé sous le nom de Sanbao miao.

Ces missions précèdent de quelques décennies les grandes expéditions maritimes des Européens (Bartolomeu Dias, Christophe Colomb ...). Le motif économique de ces grandes entreprises était pourtant probablement supplanté par un but politique. En effet, la Chine voulait obtenir le tribut des autres États pour marquer la renaissance de l'Empire du Milieu après un siècle de domination barbare, même si les expéditions de Zheng He, contrairement aux expéditions européennes, n'étaient pas spécialement destinées à étendre la souveraineté de la Chine au-delà des mers. Aucune conquête, aucune colonisation, même pas de points d’appui permanents : simplement l’élimination de quelques pirates et l’instauration de liens commerciaux fondés sur la confiance et la paix.

Sous la pression des lettrés confucéens, qui croient assurer de la sorte la tranquillité de la Chine, les empereurs se replient alors à l'intérieur de leurs frontières. À la fin du XVe siècle, des lois interdirent aux Chinois de construire des navires maritimes ou de quitter le pays sans doute pour contrer la piraterie. L’empire se refermera sur lui-même et connaîtra une période de stagnation. La fin de l'époque Ming a connu l'émergence d'une économie monétaire fondée sur l'argent, grâce, en grande partie au commerce avec le Nouveau Monde via l'Espagne et le Portugal. Le papier-monnaie apparut. Mais la méconnaissance du phénomène inflationniste nécessita dès 1425, la réintroduction des pièces de monnaie en cuivre, la valeur des billets ayant été divisée par soixante-dix.

Lorsque les Portugais débarquèrent en Inde, ils y trouvèrent un réseau commercial en expansion qu'ils suivirent jusqu'en Chine. Au XVIe siècle, les Européens font leur apparition sur les rivages orientaux et créent le premier comptoir commercial européen en Chine, Macao par les Portugais en 1557. La Chine de l'ère Ming était supposée être le pays le plus avancé de la Planète.

Dynastie des Qing (1644 / 1911)

.           Les puissants Mandchous, de nouveaux Barbares venus du Nord, peuple d’une région située au nord-est du pays, profitant des troubles paysans alimentés par la corruption et les jeux d’influence à la cour, passent la Muraille et prennent Pékin (1664) malgré l'artillerie fournie par les missionnaires jésuites. Ravissant le trône impérial, ils fondent une nouvelle dynastie, les Qing, deuxième de l’histoire, après celle des Yuan mongols, à être d’origine étrangère, et dernière à régner sur l’empire du milieu.

Sous leur règne la Chine, jusqu’à la fin du XVIII° siècle, vivra une page glorieuse de son histoire. Au milieu de ce siècle, après avoir pris Formose, est établi un protectorat sur la Mongolie et le Tibet ; le territoire s’étend vers l’Asie Centrale (conquête du Xinjiang –moyennant des centaines de milliers de morts-), l’empire atteint son apogée territorial : il dépasse 12 millions de km2 (contre 9,6 aujourd’hui), sa population atteignant 357 millions en 1811 (contre 177 en 1749). Grâce à l’exportation de ses soies, des porcelaines, du thé, l’empire reste jusqu’en 1800 la première puissance commerciale du monde.

Au début du XVIII° siècle est établi un dictionnaire qui recense plus de 47.000 signes, classés par des « clés », un système toujours en usage aujourd’hui. Le rêve dans le pavillon rouge, qui est considéré comme l’un des « Quatre Livres extraordinaires » de la littérature chinoise est classé dans ce qui reste encore la plus grande bibliothèque de la Chine impériale.

Depuis les années 1770s, Le Royaume-Uni cherchait à affaiblir la Chine pour la forcer à l'ouverture aux puissances étrangères. Les Anglais qui avaient pris goût au thé, dont la Chine avait le monopole, en importaient au XVIII° siècle 300.000 tonnes par an. Pour combler ce déficit commercial, le Royaume-Uni qui disposait du monopole de la vente d'opium (produit au Bengale) fit le forcing pour en accroître la vente aux Chinois. Devant les ravages de cette drogue, dès 1800, la Chine avait interdit la culture du pavot pour réduire l'hégémonie du royaume britannique sur le marché chinois, mais le Royaume-Uni avait alors importé du pavot d'Inde pour continuer à alimenter le marché chinois. Les Chinois détruisirent un important stock de plus de 1.000 tonnes d’opium et lorsque l'importation et la consommation d'opium furent interdits, ce fut la première guerre de l'opium, qui se déroula de 1839 à 1842.

29 jan 1841 : "Diplomatie de la canonnière" ; une flotte anglaise (dont son premier cuirassé en métal) occupe l'île de Hong Kong.

29 aoû 1842 : Traité de Nankin, le premier d'une succession de « traités inégaux et honteux », qui vont humilier les Chinois. La Chine est contrainte de supprimer tout obstacle au commerce britannique (dont celui de l'opium en provenance des Indes britanniques -10% des Chinois vont devenir opiomanes-), d'ouvrir cinq ports au commerce, et de céder à la Grande-Bretagne l'île de Hong Kong qui deviendra une colonie britannique (elle le restera jusqu'en 1997).

La Chine, qui était quarante ans plus tôt la première puissance mondiale et sortait d'un siècle de forte croissance démographique et économique, continue de se refermer sur elle-même et va dès lors connaître misère, famines et guerres civiles.

L’Angleterre décide d’une épreuve de force contre les ports de la Chine du Nord et occupe en octobre 1856 Canton (aujourd’hui Guangzhou) pour obtenir l'ouverture des ports chinois au commerce de cette drogue produite par eux aux Indes. Après la tragédie révolutionnaire, l'Église catholique de France bénéficie d'un afflux croissant de vocations et beaucoup de jeunes prêtres sont envoyés comme missionnaires en Extrême-Orient par les Missions étrangères de Paris. L'un d'eux, Auguste Chapdelaine, arrêté et torturé par les autorités chinoises du Guangxi avait été exécuté le 27 fév 1856. Le gouvernement impérial de Napoléon III va en prendre prétexte pour s'associer à l'Angleterre (soutenue par les Etats-Unis et la Russie) dans une nouvelle guerre contre la Chine. Ce sera la seconde guerre de l'opium, déclenchée par le bombardement de Canton et qui durera 4 ans jusqu’en 1860.

18 oct 1860 : La Chine ayant perdu les deux guerres, la Première Convention de Pékin, un traité entre le gouvernement de Qing et le Royaume-Uni, la France, et la Russie, met un terme à la seconde guerre de l’opium et aboutit à l'ouverture de la Chine : ouverture de certains ports et concessions commerciales, commerce de l’opium financé par la banque HSBC, legs de Hong Kong à la Grande-Bretagne, ouverture de la capitale aux étrangers. Ce traité « inégal » intervient à l'issue du pillage méthodique et de l'incendie du Palais d'Eté des empereurs chinois, près de Pékin (18-19 oct). Un ensemble extraordinaire de 350 ha, composé d'une centaine de palais, de pavillons, de kiosques divers, avec un vaste jardin, parsemé de pièces d'eau, de collines artificielles et de vallées factices. « Jardin de la clarté parfaite », le Yuanming yuan a été construit à partir de 1707 par les empereurs mandchous de la dynastie Qing ; il servait alors de résidence principale et de centre politique à la cour impériale. Le traumatisme des Chinois humiliés à propos du sort du Yuanming yuan perdurera tout au long du XXe siècle, au point de devenir l'un des éléments essentiels de leur nationalisme.

14 nov 1860 : La Russie s'empare de la Sibérie maritime, profitant de ce que Français et Anglais tiennent la dynastie mandchoue à leur merci. Ils se font accorder par les Chinois la rive gauche de l'Amour, ainsi que, le long de l'océan Pacifique, la région qui s'étend de l'embouchure du fleuve Amour, au nord, à la Corée, au sud. Ils y construisent une capitale portuaire au nom prometteur : Vladivostok (« Seigneur de l'Orient » en russe).

1851 / 1864 : Révolte des Taiping, « Royaume céleste de la Grande Paix », un soulèvement majeur en Chine. Nankin est conquise en 1853. Cette guerre civile qui dure 14 ans est considérée comme l'un des conflits les plus meurtriers de toute l'Histoire (~ 25/30 millions de morts). L’instigateur du mouvement, Hong Xiuquan, qui avait lu des brochures religieuses remises par des missionnaires, se disait frère cadet de Jésus-Christ. En 1864, un corps de volontaires américains et européens participe à la réduction des Taipings évitant ainsi la prise de Shangaï et reprenant la capitale Nankin, occupée depuis 1853. L'historiographie communiste chinoise considère que le mouvement Taiping préfigure la révolution communiste par ses aspects sociaux et ses concepts égalitaires.

Cixi (1835-1908), une femme ambitieuse et énergique, réputée pour sa beauté, est admise en 1852 au palais comme concubine et devient la favorite de l'empereur Xianfeng. Le mariage de celui-ci, avec l'impératrice Ci'an étant resté stérile, elle lui donne un fils, le futur empereur Tongzhi. Lorsque Xianfeng meurt prématurément le 22 août 1861 à l'âge de trente ans, elle devient impératrice douairière (autrement dit, veuve du précédent empereur) au nom de son fils mineur, en association avec l'impératrice. Elle dirigera les affaires chinoises pendant près d'un demi-siècle, de 1861 à 1908. Méfiante à l'égard du changement, sans vision politique et seulement soucieuse de se maintenir au pouvoir, elle a figé l'empire du Milieu dans ses structures archaïques et sans doute accéléré la chute de la dynastie Qing fondée en 1644.

1860/1885 : des ministres lancent une vague de réformes fondées sur le principe d’« auto-renforcement », consistant à utiliser les « outils occidentaux » … sans remettre en cause le génie et la tradition chinois : industrialisation, construction d’arsenaux, chemin de fer, … Mais le mouvement qui manque d’ampleur ne pourra empêcher les défaites face aux « envahisseurs ».

Tongzhi arrive à la majorité en 1873 mais, jouisseur et héroïnomane, il est emporté deux ans plus tard par la petite vérole, ce qui permet à sa mère Cixi de conserver les rênes du pouvoir. Elle obtient que le fils de sa sœur, âgé de seulement quatre ans, soit désigné comme successeur au trône sous le nom de Guangxu, en violation des règles dynastiques mandchoues. Cixi est à nouveau désignée comme régente.

Guangzu, convaincu par l’« auto-renforcement » appelle à ses côtés, le théoricien de ce syncrétisme, Kang Youwei, un grand admirateur de Pierre le Grand. Partisan d’une monarchie constitutionnelle, celui-ci lance pour cela le « Mouvement des Cent Jours » qui sera effectivement éphémère, stoppé par un coup d’Etat ourdi par l’impératrice : le 20 septembre 1898, l'armée encercle la Cité interdite. Cixi fait exécuter tous les conseillers de l'empereur qui tombent entre ses mains et casse tous les décrets qu'il a pris. C'est la fin d'une période réformiste qui n'a duré que 100 jours. Elle déclare Guangxu faible d'esprit et incapable de gouverner. L'empereur n'est pas détrôné mais enfermé dans un pavillon de la Cité interdite (la résidence impériale), dont il ne ressortira plus jamais. Cixi pourra ainsi régner en son nom jusqu'à sa mort.

17 avr 1895, le traité de Shimonoseki (traité de Maguan en Chine), mettant fin après 6 mois de combats à la guerre sino-japonaise, est signé entre l'Empire du Japon et la Dynastie Qing. La Chine doit céder au Japon, les mines de Mandchourie, Taiwan et ses îles environnantes, les Pescadores, la presqu'île du Liaodong (anciennement Liao-Toung) avec Port-Arthur, reconnaître l'indépendance de la Corée, placée ensuite sous protectorat japonais, souscrire une indemnité de guerre de 740 millions de yuans et ouvrir 7 ports aux commerçants japonais.

L’influence étrangère, conséquence des guerres de l’opium, eut pour conséquence la Révolte des Boxers (1899-1901) fomentée par les Poings de la justice et de la concorde, « plus forts que le feu et invincibles aux balles », une société secrète xénophobe dont le symbole était un poing fermé, d'où le surnom de Boxers donné à ses membres en Occident. C’est une rébellion de villageois des provinces du nord qui, désespérés et affamés, accusent les étrangers d'être responsables de leur sort et entreprennent de purger la Chine des commerçants et missionnaires étrangers. Ce mouvement, également connu sous le nom de "révolte du Yihétuán", opposé à la fois aux réformes, aux colons étrangers et au pouvoir féodal des Qing, fut utilisé par l'impératrice douairière Cixi contre les seuls colons. Les massacres et exactions perpétrés par la secte, avec la complicité de la cour impériale, dans les légations des « diables étrangers » présentes à Pékin, ont conduit à partir du 20 juin 1900 au siège du quartier par les armées étrangères, venues du golfe de Bohai où les Alliés avaient débarqué et établi leur tête de pont. Le siège dura pendant les fameux 55 jours de Pékin, jusqu’au 14 août 1900, et s'acheva par la victoire de la coalition des huit nations alliées contre la Chine, forte de 50.000 hommes : Autriche-Hongrie, France (3.500 hommes), Allemagne, Italie, Japon, Russie, Royaume-Uni et États-Unis.

Le protocole de paix Boxer (traité de l'année Xinchou) du 07 sep 1901 signé entre l'Empire chinois de la dynastie Qing, et la coalition des 8 nations étrangères « colonisatrices » de la Chine, met fin à la « révolte des Boxers ». Cet autre traité « inégal » instaure de fait le pillage de la Chine et lancera Sun Yat-sen.

L'empereur cloîtré Guangxu meurt en 1908, empoisonné à l'arsenic. Des indices concordants publiés en 2008 semblent indiquer que son assassinat aurait été commandité par Cixi et exécuté par un de ses eunuques, qui aurait porté du yaourt empoisonné à l'empereur. Cixi était alors elle-même mourante et n'aurait pas voulu disparaître avant son neveu. La vieille impératrice mourut le lendemain même, désignant son petit neveu Pu Yi comme empereur. La mort à un jour d'intervalle, les 14 et 15 novembre 1908, de l'empereur Guangxu et de l'impératrice Cixi, met un terme aux tentatives de Yuan Shih-kai. Celui-ci est écarté par le prince Chun, qui est le père du nouvel empereur, Pu Yi (ou Puyi), un enfant d'à peine 3 ans. Il fut le dernier à monter sur le trône chinois.

Mais une révolution se prépare contre le pouvoir de sa dynastie, que de nombreux Chinois considèrent comme ayant perdu le Mandat du Ciel. En 1911, la révolution Xinhai ou révolution Hsinhai éclate et le 12 février 1912, l'impératrice douairière Longyu scelle l'"édit impérial d'abdication de l'empereur", alors âgé de six ans.