Mourir en 14-18, de la fosse commune à la tombe individuelle

           La guerre de 14-18 a donné lieu à de nombreuses innovations dont la plupart relèvent de notre face sombre. Il en est une, toutefois, qui fait honneur à notre humanité : le remplacement des fosses communes par des tombes individuelles, conséquence paradoxale de la « démocratisation de la guerre ».

Champ de bataille de la ferme Guillemont, sur la Somme (3 octobre 1918), Imperial War Museum

La mort apprivoisée

            Des dizaines de corps de soldats de la Grande Guerre sont restitués chaque année par la terre des Hauts-de-France. Chaque découverte de combattants de la Grande Guerre donne lieu aujourd’hui encore, cent ans après, à une enquête poussée en vue d’identifier les défunts.

Ainsi en 2008, avec la découverte de 250 soldats australiens sur le site de Pheasant Wood, à Fromelles (Nord) : le recours aux techniques d’identification génétiques a permis de rendre leur nom aux restes de 144 d'entre eux... tout comme l'écrivain Alain-Fournier a pu être exhumé et identifié en 1991 grâce à des analyses bucco-dentaires.

Ce respect dû aux morts ne remonte guère au-delà de la Première Guerre mondiale. En effet, dans toutes les guerres qui ont précédé, la destinée des corps des soldats tués sur les champs de bataille était l’inhumation dans une fosse commune, le plus souvent sans distinction de nationalité ou de grade. Seuls quelques princes et officiers généraux avaient droit à une sépulture pérennisant leur souvenir, et cela jusqu’au milieu du XIXe siècle.

Le nouveau cimetière militaire britannique de Fromelles (Pheasant Wood), Pas-de-Calais

Mais une mutation des mentalités intervient au XIXe siècle quant aux façons de se représenter la mort. Elle aboutit à de profondes modifications des rites funéraires chez les élites à partir des années 1820-1830, puis dans l’ensemble des sociétés européennes à partir des années 1860.

Dans les cimetières paroissiaux, les tombes individuelles rappellent l’identité et les mérites du défunt tandis que la photographie fixe son souvenir pour les générations suivantes. Cette nouvelle relation au ciel, au temps et à la mémoire va retentir sur la façon dont les morts au combat sont inhumés.

Une attention nouvelle aux sépultures militaires

            Pendant la guerre de Crimée, Britanniques et Français répartissent les morts dans des fosses communes par unité. Rien de changé par rapport à la pratique ancestrale. Mais pour la première fois, en 1856, le traité de Paris qui met fin au conflit prévoit la préservation de ces sépultures militaires.

Monument aux morts de la guerre de 1870-1871 (cimetière de Préville, Nancy)

Ce souci apparaît également dans l’article 16 du traité de Francfort qui met fin à la guerre franco-prussienne en 1871 : les belligérants prennent en charge le regroupement des sépultures et leur entretien à perpétuité.

Il s'agit en majorité de fosses communes qui mêlent soldats français et allemands car une épidémie de variole concomitante a conduit à hâter les inhumations. Mais l'on compte aussi quelques dizaines de milliers de tombes individuelles de soldats morts au combat, dans des « carrés militaires » aménagés dans les cimetières communaux...

Et pour la première fois, des communes inaugurent des « monuments aux morts ».

Un premier tournant a eu lieu aux États-Unis, pendant la guerre de Sécession, quand le Congrès de Washington a décidé le 16 juillet 1862 l’inhumation des soldats de l’Union dans des tombes individuelles. Qui plus est, un cimetière militaire national est ouvert à Arlington (Virginie), sur la rive droite du Potomac, Washington DC étant situé de l'autre côté du fleuve. Il reçoit les premières dépouilles de soldats morts au combat deux ans plus tard.

Également respectueux de ses soldats citoyens, le Royaume-Uni accorde des sépultures individuelles à ceux qui tombent en Afrique, dans la guerre des Boers, en 1899-1902.

Funérailles du Sergent-Major GW Dunaway en 2008 au cimetière national d'Arlington (Virginie, Etats-Unis), DR

La conscription et la « démocratisation de la guerre » conduisent au souci d'identifier les défunts afin de faciliter le travail de deuil de leurs proches : pendant la guerre de Sécession, puis en 1869 en Prusse et en 1878 dans l'ensemble du Reich, en 1881 en France, des plaques d’identité sont attribuées aux soldats en vue d’une identification post-mortem.

Les autres États suivent : la Belgique en 1889, l’Autriche et la Russie en 1902, la Grande-Bretagne en 1907 – les soldats disposant de cartes d’identité depuis une dizaine d’années –, les États-Unis en 1906. L’Italie ne l’adoptera qu’en 1915.

Les soldats citoyens réclament d'être respectés dans la mort

            Quand éclate la Première Guerre mondiale, la règle est l’inhumation en fosse commune dans l’armée française, par fosses de 100 hommes, et dans l’armée britannique par fosses de 6 hommes ; les officiers disposant quant à eux de sépultures individuelles.

Veuve au cimetière Marcoeuil, 15 mars 1916 (musée d’histoire contemporaine)

Les Allemands ont adopté l'inhumation en tombe individuelle quelques années plus tôt, à l'image des Américains, mais l’hécatombe des cinq premiers mois de la guerre les amène à y renoncer provisoirement.

Sur le front occidental, plus de 300.000 Français perdent la vie, dont 40.000 lors des premiers chocs des 20 au 23 août 1914 (bataille des frontières) ainsi que 260.000 Allemands et plus de 12.000 soldats belges.

La plupart finissent dans des fosses communes. Ainsi de Charles Péguy, inhumé avec ses camarades dans les premiers jours de la bataille de la Marne. Aujourd’hui encore, les fosses communes pérennisées dans les cimetières militaires contiennent à 90 % des soldats tombés en 1914.

Toutefois, aux yeux des contemporains, l’image de ces morts anonymes amoncelés dans les fosses communes apparaît vite scandaleuse, tant du point de vue sanitaire que moral.

Dans un cimetière parisien. 1er novembre 1918 (source :  ECPAD)

Ce qui n’avait pas suscité d’émotion particulière en 1870-1871 entraîne dès les premiers mois de la Grande Guerre une réaction populaire tant en France qu’en Allemagne : des milliers de lettres sont adressées aux états-majors demandant le droit de récupérer les corps des défunts ou leur inhumation dans le respect de leur individualité.

Le mouvement est tel que les états-majors français et allemands prennent des dispositions dès l’automne 1914 pour empêcher les exhumations hâtives afin de permettre une identification ultérieure.

En France, le droit à une tombe clairement individuelle et identifiée est inscrit dans la loi du 29 décembre 1915.

À partir de 1915 se construit ainsi une nouvelle pratique funéraire fondée sur l’identification des défunts, l’inhumation dans un cercueil, l’information de la famille, l’organisation si possible d’obsèques respectant la religion de l’individu, le suivi et l’entretien de la tombe, le regroupement. Un service spécifique est créé pour cela dans chaque armée : le Service d’État-Civil militaire en France, la Graves Registration Commission en Grande-Bretagne, la Kriegergräberfürsorge en Allemagne.

Salut aux tombes de soldats inhumés à Varreddes (Seine-et-Marne), datant de la bataille de la Marne. Photographie publiée dans le journal L’Excelsior le samedi 28 novembre 1914

Après la guerre, certains États organisent la restitution des corps aux familles à leurs frais. Ainsi en va-t-il en France avec la loi du 31 juillet 1920. Le Congrès américain fait lui aussi le choix de rapatrier les corps à ses frais quand les familles en font la demande. Quant au gouvernement britannique, qui manque de moyens financiers, il accepte néanmoins que les cimetières provisoires soient pérennisés pour satisfaire les familles qui souhaitent en majorité que le défunt repose près du lieu où il est tombé et obtiennent le droit de faire inscrire un message personnel sur sa stèle.

Suite à l’exhumation d’environ 30.000 cercueils par mois en 1921 et 1922, les sépultures des cimetières provisoires sont regroupées dans de vastes nécropoles, comme Notre-Dame de Lorette, au nord d'Arras (Pas-de-Calais), le plus grand cimetière militaire de France, où reposent 40.000 soldats, dont la moitié en tombes individuelles. La restitution, qui concerne 30 % des soldats inhumés sur le front, donne lieu à un rituel qui symbolise la démobilisation des « morts pour la France ».

Des cérémonies funéraires sont aussi organisées pour le retour des restes des prisonniers de guerre et des poilus d’Orient tombés dans les Balkans. Ces opérations de restitution et de regroupement représentent une dépense de près de 200 millions de francs entre 1920 et 1929.

Les sépultures allemandes sont prises en charge par la France, ce qui ne va pas sans abus : lors du regroupement des tombes, on se soucie assez peu d'identifier les corps et on les oriente plus fréquemment vers une fosse commune ! Mais à partir de 1925, les familles allemandes, représentées par le Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorgue, peuvent enfin faire part de leur desiderata aux services français en charge des sépultures militaires dans l’organisation et le décor des nécropoles.

C'est ainsi que la tombe individuelle s’est imposée après la Grande Guerre dans l’imaginaire des populations.

Dans les petits villages français, il devient courant de reconstituer une « tombe comme au front » lors des services religieux rendant hommage aux morts à la guerre, notamment avant que les corps aient été restitués. Le rituel institué en 1920 autour du Soldat inconnu, d’abord à Londres puis à Paris, honore aussi les centaines de milliers de morts anonymes.

Quelques années plus tard, en juillet 1929, l’article 4 de la nouvelle Convention de Genève généralise à toutes les armées le port d’une plaque d’identité. L’individualisation de la tombe devient un droit universel.

Cimetière musulman de Bagneux, tombes de tirailleurs algériens, marocains et de travailleurs indigènes décédés en janvier et mars 1915 (Centre des Archives d'outre-mer, Aix-en-Provence)

Le non-respect de ce droit est aujourd'hui perçu comme une ignominie tandis que les massacres de masse et les génocides constituent une transgression fondamentale de la nouvelle norme culturelle et institutionnelle, l’effacement des corps étant considéré comme la signature même de la barbarie.

Ce bouleversement anthropologique marque encore nos paysages : pour le seul cas français, l’État entretient 265 nécropoles nationales, 2.000 carrés militaires communaux et quelque 2.000 cimetières militaires situés dans 78 pays (beaucoup comprenant des tombes étrangères). Il déborde aussi sur le monde virtuel : le site internet Mémoire des hommes, sépultures de guerre du ministère français de la Défense permet de retrouver les sépultures de 660.000 soldats morts pour la France depuis la guerre franco-prussienne de 1870-1871.

Les sites de la guerre de 14-18 bientôt au patrimoine de l’UNESCO ?

            Pour l'UNESCO, toute proposition de classement au patrimoine mondial doit reposer sur une valeur universelle exceptionnelle : c’est justement l’individualisation des rites funéraires qui est mise au centre du projet de classement des sites de 14-18, porté par la France et la Belgique.

Le mémorial britannique de Menin Gate (Ypres, Belgique), DRD

De grands sites sont concernés, comme l’ossuaire de Douaumont, les stèles allemandes du Donon, le monument de Thiepval portant les noms des 75.000 soldats disparus de la bataille de la Somme ou la Menin Gate d’Ypres, où sont répertoriés les noms de 56.000 soldats britanniques sans sépulture connue.

Sont aussi proposés au classement des sites moins connus rappelant le sort des civils, des prisonniers de guerre, des troupes coloniales... et visant à représenter la diversité des expériences vécues pendant la Première Guerre mondiale.

Le Soldat inconnu

            Évoquée par François Simon, président du Souvenir français de Rennes, l'idée d'honorer un soldat tué au champ d'honneur et non identifié séduit rapidement l'opinion publique. Les Britanniques ont aussi le même projet pour le 11 novembre 1920 ...

Dans un premier temps, la Chambre des Députés décide que le soldat inconnu reposerait au Panthéon. Finalement, sur une idée du député Charles Dumont, une campagne de presse conduit, le 8 novembre 1920, au vote d'une loi prévoyant de rendre les honneurs du Panthéon au soldat inconnu puis d'inhumer celui-ci sous l'Arc de Triomphe de la place de l'Étoile.

Le ministre de la Guerre et des Pensions, André Maginot, ancien sergent du 44ème RIT, blessé au combat, ordonne aussitôt aux neuf commandants de Région de faire exhumer « dans un point de chaque région pris au hasard et qui devra rester secret, le corps d'un soldat identifié comme Français, mais dont l'identité n'aura pu être établie ». Chaque corps est placé dans un cercueil de chêne et dirigé sur Verdun. Le 10 novembre 1920, en présence du ministre, il revient au soldat Auguste Thin de désigner le Soldat inconnu. Avec solennité, il dépose sur le 6e cercueil un bouquet d'oeillets rouges et blancs cueillis sur le champ de bataille de Verdun. Et La Marseillaise peut alors retentir (note).

Conduit à la gare de Verdun sur un affût de canon, le cercueil du Soldat inconnu arrive le lendemain à la gare parisienne de Denfert-Rochereau pour la cérémonie du Panthéon puis est porté par six soldats dans une chapelle ardente au premier étage de l'Arc de Triomphe, avant d'être définitivement inhumé sous la voûte de l'Arc le 28 janvier 1921.

Auguste Thin devant le cercueil du Soldat Inconnu (1920)

            La Commission des sépultures de guerre du Commonwealth (CWGC)

gère les 23.000 cimetières militaires disséminés dans 150 pays, dont 3.000 en France, où reposent les soldats de la Grande-Bretagne et de son empire. Fondée par une charte royale en 1917, cette commission est financée par le Royaume-Uni, l’Inde, le Canada, l’Afrique du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, Etats constitutifs de ­l’Empire britannique au début du siècle dernier. Elle est chargée de commémorer les victimes des deux guerres mondiales de ces pays.

Les commémorations de la Grande Guerre

            Un siècle après, la commémoration de l'Armistice demeure l'un des moments forts de la vie civique dans les grands pays européens, en France, en Belgique, au Royaume-Uni, mais aussi en Amérique du Nord, en Australie et en Nouvelle-Zélande...

L'Allemagne fait exception. Elle garde de novembre 1918 le souvenir d'une dramatique période assombrie par la famine, les troubles révolutionnaires, l'agitation politique et bien sûr le retour des soldats du front, humiliés mais « invaincus » du point de vue officiel. Aussi n'a-t-elle jamais fait le deuil de cette tragédie, laquelle est aujourd'hui occultée dans sa mémoire par celle du nazisme.

À chaque commune son lieu de mémoire

            Pour la première fois dans l'Histoire, la plupart des victimes de la Grande Guerre furent des citoyens-soldats qui ont dû quitter leurs champs, leurs ateliers et leurs bureaux, le plus souvent dans la résignation, avec le sentiment d'un devoir nécessaire. Pour cette raison, leur perte a affecté la société tout entière, dans ses profondeurs. Parmi les grands pays, la France est celui qui a payé le tribut le plus élevé (3,4 morts pour 100 habitants), d'où la profusion de monuments aux morts dans ce pays plus qu'en aucun autre.

Les premiers monuments aux morts sont antérieurs à la Grande Guerre elle-même et se rapportent à la guerre franco-prussienne de 1870-1871.

Ainsi la grande place Saint-Nicolas, à Bastia (Corse), se pare d'un magnifique monument destiné à l'origine à célébrer le sacrifice de ses enfants dans cette guerre. Mais il n'a été achevé et donc inauguré que dans les années 1920. Il fait en définitive référence à la guerre de 1870-1871 et à celle de 1914-1918... mais aussi à la guerre d'indépendance de la Corse. Il montre une mère corse qui offre au général Paoli son troisième fils après avoir déjà perdu ses deux aînés à la guerre !

Le monument aux morts de Bastia

De 1920 à 1925, la France va se doter d'environ 30.000 monuments aux morts, chaque commune ayant à coeur d'honorer ses morts et disparus. Ces ensembles statuaires de plus ou moins bon goût mais toujours émouvants avec leur liste de tués et de disparus deviennent un nouveau lieu d'expression de la vie civique.

Un curieux monument en hommage aux ânes de la guerre à Neuville-lès-Vaucouleurs (Meuse), photo : Christian Guyard, 2021

La dimension exceptionnelle de la Grande Guerre n'échappant à personne, la France et les autres belligérants ont instauré par ailleurs de nouveaux rites pour en rappeler le souvenir.

À l'occasion du premier anniversaire de l'armistice de 1918, la France a ainsi inventé le cérémonial de la « minute de silence » en hommage aux victimes du conflit.

Par ailleurs, à l'initiative de Clemenceau, la fête nationale du 14 juillet 1919 se transforme en une célébration festive de la victoire : à Paris, les soldats vainqueurs défilent sur les Champs-Élysées, précédés par les vieux maréchaux à cheval... et un millier de soldats estropiés ou mutilés de la face.

L'année suivante, le 11 novembre 1920, la IIIe République a célébré son cinquantenaire en transférant le coeur de Gambetta au Panthéon et, pour la première fois, elle a rendu hommage à un Soldat inconnu mort pendant la guerre, représentant anonyme de l'ensemble des « poilus » morts pour la France. D'autres pays comme la Belgique et le Royaume-Uni ont adopté le même rituel.

Un coquelicot pour se souvenir

            Contre l'avis des autorités françaises, peu soucieuses de rajouter un jour chômé au calendrier, les anciens combattants obtinrent que le 11 novembre, anniversaire de la cessation des combats, devienne un jour férié et chômé. Ce fut chose faite à partir de 1922. Dès lors, les anciens combattants firent de ce jour un jour de deuil en souvenir de leurs camarades disparus (ce n'est qu'après la Seconde Guerre mondiale que l'on accompagna les célébrations du 11-Novembre d'un défilé militaire).

L'anniversaire de l'Armistice est devenu depuis lors l'une des fêtes civiques les plus marquantes en France, mais aussi en Belgique et au Canada. Il est également commémoré avec ferveur - mais non chômé - en Grande-Bretagne, ainsi qu'aux États-Unis sous le nom de Veterans Day.

11 novembre 2014 : 800.000 poppies autour de la tour de Londres rappellent les morts de la Grande Guerre

Dans les pays anglo-saxons, les anciens combattants, les officiels et aussi les particuliers communient dans le souvenir des morts en portant un coquelicot de papier à la boutonnière. Cette fleur a une prédilection pour les sols fortement remués et, pour cette raison, s'épanouit dans les champs de bataille et les cimetières militaires. Cette particularité lui a valu d'être évoquée dans des poèmes à la mémoire des soldats défunts.

On dit que deux jours avant l'armistice du 11 novembre 1918, une Américaine eut l'idée d'arborer un coquelicot sur la poitrine. Son idée fut aussitôt reprise par ses concitoyens et, en 1921, le feld-maréchal Douglas Haig encouragea la vente de coquelicots en papier par la Légion britannique en vue d'amasser des fonds pour les anciens combattants pauvres et invalides (British Poppy Day Appeal).

En réponse à l'initiative anglo-saxonne, les Français ont choisi quant à eux le bleuet pour signifier l'hommage à leurs morts de la Grande Guerre. Les personnels des armées françaises sont ainsi invités à porter un Bleuet de France au revers de leur tenue du 2 au 11 novembre...

Des nécropoles pour se souvenir

Anneau de la mémoire, Nécropole militaire de Notre-Dame-de-Lorette (Pas-de-Calais, 2014), DR

Du fait de leur appartenance à la société civile, les soldats de la Grande Guerre ont très vite obtenu que leurs compagnons morts au combat soient inhumés dans des tombes individuelles, comme tout citoyen respectable, et non plus dans des fosses communes, selon une coutume immémoriale.

Après le conflit, les autorités religieuses et la société civile se sont mobilisées pour rassembler dans des nécropoles monumentales les dépouilles qui n'avaient pas été rapatriées par leurs proches. Tous les sites de bataille, de la Manche au Jura sont ainsi piqués de cimetières verdoyants aux croix blanches soigneusement alignées et surmontées du drapeau tricolore. Les plus grandes nécropoles sont Notre-Dame-de-Lorette (Pas-de-Calais), sur une éminence qui domine les champs de bataille de l'Artois (près d'Arras) et Douaumont, au centre névralgique de la bataille de Verdun.

Cimetière et ossuaire de Douaumont, près de Verdun

Herodote.net - Stéphane Tison – 10 nov 2024 / André Laramé – 07 jul 2021