Saint-Germain, ville la plus occupée et la plus “bunkerisée”
Saint-Germain, place stratégique
L’occupant s’installe
Pas un seul coup de feu n’a été tiré à Saint-Germain lors de la Libération, le 25 août 1944 et malgré quelques bombardements, aucun n’est venu défigurer le cœur de la ville royale. Pourtant, elle garde toujours des stigmates de la Seconde Guerre mondiale. Ou plutôt des vestiges.
Il s’agit des blockhaus allemands disséminés un peu partout dans ce qui fût durant l’occupation une véritable garnison à ciel ouvert. Et pour cause, c’est à Saint-Germain-en-Laye que le maréchal von Rundstedt, bras droit d’Hitler, fut chargé, durant l'été 1940, de coordonner le projet Seelöwe, (Lion des mers) qui avait pour but l'invasion de la Grande-Bretagne par les troupes de l'Axe et qui sera finalement abandonné en 1943. C'est ici, toujours, qu'au début de 1942 - l'idée d'un débarquement outre-Manche ayant été abandonnée - von Rundstedt installa le grand quartier général (GQG) de l'Oberkommando West (Ob West), organisation responsable de toute la défense du front Ouest de l'Europe, depuis la Norvège jusqu'à l'Italie, soit quelque 4.500 kilomètres de côtes.
Dès juin 1940, von Rundstedt et l'armée allemande avaient donc jeté leur dévolu sur Saint-Germain pour en faire ce quartier général très stratégique. Proche de Paris, située sur une hauteur, agréable à vivre avec sa terrasse, sa forêt, son château et ses grandes résidences qui seront en partie réquisitionnées, cette ville de garnison présentait tous les avantages requis pour y installer un grand quartier général à la fois discret et confortable.
C’est dire son importance pour les forces allemandes de la ville à l’époque. A tel point que dans les premiers jours de juillet 1940, Hitler vint lui-même au pavillon Henri-IV, là, où au cours d'une grande cérémonie militaire, il remit le bâton de maréchal au général Von Rundstedt, qui serait donc le grand chef des troupes allemandes d'occupation (Note 1). A Saint-Germain étaient préparées toutes les décisions stratégiques majeures. C’est depuis les salles du rez-de-chaussée du lycée de jeunes filles que furent commandées et dirigées les attaques aériennes sur Londres. C'est ici qu'arrivaient les nouvelles les plus importantes, comme l'opération Attila, décrétant l'occupation de la zone libre, le 08 novembre 1942, ou encore le débarquement des Alliés, le 06 juin 1944. A partir d’août 1942, tout transitera par l'énorme bunker de la rue Félicien-David, qui abritait, sous deux mètres de béton, l'un des centres de communication les plus modernes d'Europe.
(Note 1) - Cette visite rapportée par la « tradition » est hautement improbable : la remise du bâton de maréchal s’était toujours faite uniquement à Berlin
La ville, qui comptait environ 20.000 habitants avant la guerre contre 5.000 après l’exode massif de 1940 était « la plus occupée de France ». Les troupes ennemies s'installent un peu partout, mais l’occupation de la ville est différente de celle de beaucoup d'autres cités. Car si l'effectif des troupes est peu nombreux, celui des officiers est pléthorique, 5.000 officiers et sous-officiers sur 18.000 militaires allemands, au plus fort de l’Occupation.
Le 14 juin 1940, l'état-major du Grand Quartier général allemand pour la Zone Occupée s'installe donc au Pavillon Henri IV, tandis que de nombreux autres services de l'armée d'occupation s'installent en ville. Les services les plus nombreux prirent possession de l'Ecole Normale de filles dont les murs ainsi que ceux des maisons voisines furent peints en noir pour camoufler la belle cible blanche qu'ils auraient été pour les avions anglais pendant les jours de pleine lune. Le château d'Hennemont dit du Maharadjah, fut occupé et servit en quelque sorte de cercle militaire. II y aura bientôt à la mairie dans une des pièces du deuxième étage un véritable bureau des réquisitions où s'installèrent des collaborateurs de la première heure !
Parmi les services généraux importants il faut citer celui de la « Propaganda Staffel » qui s'installa dans un immeuble de la rue Diderot. Mais l’organisation principale fut la Kommandantur. Dès le début de l'occupation elle siégea dans les bureaux du Comptoir d’Escompte à l'angle des rues de la République et au Pain. Puis elle se déplaça à la porterie du Château où elle ne fit que passer les locaux étant trop petits et inconfortables. Elle s’installa alors dans l'immeuble situé 6, rue de Lorraine, pour plusieurs mois, jusqu’à ce que la kommandatur locale devienne régionale (Feld Kommandantur) aux services beaucoup plus importants. ElIe s’installa alors sur la même rue dans un bel hôtel privé dit Geoffre de Chabrignac. Presqu’en face, une maison, appartenant au marquis de Cuevas, fut la caserne des Feldgendarmen. Rue d'Alsace, un des deux hôtels découpés dans la résidence du Maréchal de Noailles fut requis pour le foyer du soldat {Soldaterheim).
Les Allemands débarquent dans le parc du château, alors que les trois quarts de la population ont choisi l'exode ; les habitants reviendront peu à peu durant l'été, après l'armistice. En attendant, les occupants réquisitionnent quelque 500 maisons et immeubles, représentant près d'un quart du parc immobilier saint-germanois, ainsi que quelque 280 logements chez les particuliers, rue de Lorraine, rue d’Alsace ou rue Pereire, où les officiers logeaient souvent chez l’habitant. Pour loger les sous-officiers et les soldats, ils investissent aussi le quartier Gramont, le lycée de jeunes filles, l'école Saint-Erembert, l'école normale de jeunes filles, les établissements hospitaliers, le camp des Loges. Des hauts personnages sont logés au château Saint-Léger tout proche. Les autres officiers le sont dans des maisons vides, réquisitionnées. Mais ce n'était pas suffisant. Un peu partout des chambres étaient requises et souvent des sous-officiers y logeaient ainsi parfois que des soldats. Tandis que l'état-major du GQG allemand s'installe au pavillon Henri-IV. Ils négligent en revanche le château, trop exposé, préférant se "camoufler" dans la ville, près de la population, sans doute dans l'espoir de se rendre plus discrets et de décourager les bombardements ennemis.
Le quartier général de Von Rundstedt était alors installé dans l’actuel collège Marcel-Roby.

La « ville militaire », bizarrement, n’aurait jamais été visée par les bombardements alliés. Cependant, le bombardement du 03 mars 1942 (Note 2) qui rasa en partie Le Pecq (47 victimes, des centaines de blessés, 188 habitations touchées), toucha le pavillon Henri IV où Witzleben, le prédécesseur de Von Rundstedt, avait alors élu domicile. Une action de la Royal Air Force qui reste encore aujourd’hui entourée de mystère.
(Note 2) - Le 03 mars 1942, les avions de la Royal Air Force (RAF) viennent pilonner plusieurs positions stratégiques des Allemands en Ile-de-France, dont les usines Renault de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Le bombardement de quartiers civils, en particulier du Pecq, reste officiellement inexpliqué. La thèse qui a longtemps prévalu est l'erreur de cible : les pilotes de la RAF auraient confondu la boucle de Seine avec le méandre de Boulogne-Billancourt. Mais cette théorie semble avoir du plomb dans l'aile. D'abord parce que les avions, dont certains volaient à basse altitude, venaient du sud-est et avaient donc déjà survolé l'usine Renault. Puis, les témoignages de l'époque indiquent également que, en réalité, certains sites semblaient visés (le pont, la voie de chemin de fer, des usines).
Reste l'hypothèse selon laquelle la véritable cible aurait été l'état-major allemand installé à Saint-Germain et plus précisément le quartier général du Maréchal Witzleben, commandant en chef de l’Oberkommando West (Haut Commandement des forces Ouest de l'armée allemande), installé depuis janvier 1942 au Pavillon Henri IV à Saint-Germain, qui sera remplacé par von Rundstedt quelques jours plus tard.
Une constante promiscuité avec l’ennemi
Le 03 mars 1942, les bombardements sur la ville du Pecq endommagent le pavillon Henri-IV, où l'état-major est installé. L'alerte est sérieuse. Le GQG est alors transféré Villa David, au 25 bis rue Alexandre Dumas. La kreiskommandantur est installée dans l'hôtel Geoffre-de-Chabrignac au 31, rue de Lorraine. Et Hitler exigea alors, contre l'avis de von Rundstedt, qui aimait les arbres et détestait le béton, que la ville soit protégée quand le rôle de l'OB West se révèle de plus en plus stratégique. Un refuge personnel pour von Rundstedt est même creusé, sur ordre de Hitler, sous la Villa David, pendant que le maréchal est en permission. Ce dernier, à son retour, est furieux et jure qu'il n'y mettra jamais les pieds. Jusqu'à son départ, le 02 juillet 1944, il refusera toujours d'aller s'abriter durant les alertes.
Von Rundstedt avait élu domicile dans un premier temps près du Château Neuf, 20, rue Thiers, dans la demeure du sénateur Louis Dreyfus, qui jouxte le pavillon Henri-IV (Note 3). Lorsqu'il en prend possession, le maréchal allemand y trouve un vieux domestique, un âne, deux poneys, des chiens... Il apprécie le charme de cette ville où son père a résidé durant l'occupation de 1870. La vie est belle pour les vainqueurs, au moins dans les premiers temps. Von Rundstedt se promène seul et sans armes dans le parc du château ou sur la terrasse, avec toujours du chocolat dans ses poches pour en distribuer aux enfants. Il devise avec le jardinier français. Une sorte de cohabitation forcée favorisant certainement des compromissions.
(Note 3) - Von Rundstedt a-t-il vraiment habité à Saint-Germain ? On l’y voyait souvent, mais on sait aussi qu’il résidait à Paris et qu’il venait à Saint-Germain tous les jours.
Plus tard, aux beaux jours, au 25 bis rue Alexandre Dumas sous les arbres de la Villa David, il prendra quotidiennement le thé, à 16 h 30, avec son état-major. Pendant que les Saint-Germanois connaissent le rationnement, au pavillon Henri-IV, les officiers ont accroché deux grands plans de Paris au mur. L'un est marqué de points rouges, l'autre de points bleus. Le premier recense les endroits où les femmes sont accueillantes, le second ceux où la table est bonne. Et, régulièrement, von Rundstedt de déplorer : "Votre carte ne rougit pas beaucoup, messieurs ! "
Au début, les bâtiments occupés ne sont guère protégés et les Allemands restent, malgré de multiples incidents, relativement "corrects", même si bien des choses disparaîtront des maisons réquisitionnées. Pourtant, l'Occupation pèse lourd sur les habitants de Saint-Germain. Réquisitionnés, spoliés, ils doivent vivre en constante promiscuité avec l'ennemi. Et fatalement, beaucoup de monde, à commencer par la municipalité, était impliqué dans une sorte de collaboration passive.
Et les Juifs, eux, subissaient humiliations, pillages et rafles de leur mobilier. La gare de Saint-Germain devient un lieu de rafles, d'arrestations des Juifs et des étrangers. Des Juifs résidant à Paris et dans les environs de Saint-Germain y seront arrêtés par la police et la gendarmerie française contrôlée par des soldats SS, lors des rafles de septembre et des 12, 13 et 25 octobre 1942.
Bien que des rationnements furent mis en place, la population Saint-Germanoise ne souffrit pas trop de la faim, comme Saint-Germain fut de tout temps bien approvisionnée, grâce à la présence de l'Etat-major allemand. Il n'y avait pas de SS permanents donc pas de persécution des civils. Du fait de la présence de l'État-major allemand, l’occupant se devait de rester poli et avenant avec la population : on ne pouvait risquer un soulèvement populaire. Ceci explique également le faible nombre de Résistants, malgré Marcel Roby, ou le Docteur Hubert Canale.
En octobre 1943, les occupants décidèrent de faire remplacer tous les fils de cuivre des canalisations électriques par des fils d'acier. Après de longues tractations ils consentirent à la dépose progressive et se contentèrent d'une promesse de livraison de 200 kilos par mois. Le chiffre effectivement livré fut très inférieur à celui qui avait été promis.
Et la vie quotidienne autant qu’administrative continuait. Ainsi, fin 1942 vit la fin d'une institution vieille de 130 ans, l'octroi qui fut remplacé par une taxe locale perçue tant sur les ventes au détail que sur les prestations de services. A partir du premier 1943, date de la mise en vigueur de la réforme, les bureaux d'octroi furent loués ou vendus.
La construction des blockhaus
Le bombardement du 03 mars 1942 donne le signal de départ d'une frénésie de construction de blockhaus à travers toute la ville. Ceux-ci ont tous un rôle précis et sont pour la plupart construits selon des plans-types conçus en Allemagne par les services du « génie des forteresses ». L'organisation gouvernementale allemande Todt, tout en construisant le mur de l'Atlantique, se met au travail à Saint-Germain, réquisitionne une main-d’oeuvre plus ou moins « volontaire », voire forcée, des Français, mais aussi des Belges et des Nord-Africains. Todt réquisitionne bien sûr des entreprises locales chargées d’approvisionner les chantiers, en sable, cailloux, ciment, … et qui se font ponctionner.
Cette lettre de réquisition, rédigée par la Feldkommandantur, ordonne à tous les hommes âgés de 18 à 50 ans et capables de travailler de se rassembler sur la place du château de St-Germain-en-Laye le 17 août 1943, à 15h. Ils devaient faire de même tous les matins à 7h30, aussi longtemps que cela était nécessaire. Ces ordres de réquisition étaient fréquents et seuls les hommes exerçant des professions indispensables pour assurer une vie normale en étaient exempts. En étaient donc dispensés les ouvriers travaillant dans une usine à gaz, à électricité, appartenant au service des eaux, des transports, les boulangers et les bouchers. Les fonctionnaires les plus importants étaient également dispensés de participer aux travaux.
De nombreux blockhaus étaient encours de construction et la population retrouvée de St-Germain-en-Laye, nombreuse et bien soignée (en comparaison avec d’autres villes sous l’Occupation) formait une main-d’œuvre de premier choix. Les habitants servirent également au transport des armes d’un lieu à un autre et aux déménagements successifs des casernes et des bâtiments de commandement allemands.
Les ordres de réquisition étaient affichés dans toute la ville sur les panneaux prévus à cet effet. Nul ne pouvait donc prétendre ignorer le lieu, la date ou l’heure du rassemblement. En cas de non-respect de la consigne ou d’absence, les fautifs étaient jugés et la peine de mort pouvait être prononcée. Aucun débordement n’était accepté sur les chantiers. Les soldats n’hésitaient pas à dénoncer les responsables.
C'est ainsi que commence dans la ville la construction d'une vingtaine de blockhaus, avant tout des constructions de défense passive. Ils sont apparus pour la plupart à partir de 1942, après le bombardement et construits jusqu’en 1944. Le plus connu, car le plus visible, est celui qui jouxte le château, pourtant délaissé par les officiers allemands car sans doute trop exposé et alors peu fastueux. Mais il en existe un autre caché tout près, dans la résidence voisine (cité Médicis), au milieu d’une cour pavée. Les bunkers sont bien insérés au paysage.
Dans l'enceinte du collège Marcel-Roby, pas moins de quatre ouvrages de béton se trouvent au milieu du parc ; dans le quartier Gramont, un immense abri occupe la cour principale ; au pavillon Henri-IV et au bord des douves du château de Saint-Germain, on peut en voir deux autres ; rue Félicien-David, une construction de béton, avec ses meurtrières, empiète sur le trottoir, tandis qu'un peu plus loin une maison a carrément été construite sur un ancien bunker.
Mais l'édifice le plus important, le plus impressionnant, reste l'immense forteresse du maréchal von Rundstedt, invisible pour le public puisqu'elle se trouve en retrait de la rue Félicien-David. Plus de 1 hectare de terrain, 1.200 mètres carrés de béton sur trois étages et 60 pièces, pour protéger plusieurs centaines de militaires. Là se trouvait le coeur battant de la défense allemande, avec son centre de télécommunications ultra-perfectionné (toutes les lignes téléphoniques du front de l’Atlantique y convergeaient), sa centrale électrique, son système de ventilation et de défense très élaboré, ses escaliers dérobés, ses chicanes, ses sas, ses meurtrières, ses bureaux, sa salle des cartes, ses sanitaires, son infirmerie et la chambre particulière lambrissée de von Rundstedt, avec tentures, meubles et murs recouverts de noyer. Aujourd’hui utilisé comme réserve par le musée d’archéologie nationale, il est également proposé comme lieu de tournage de films.
Ce grand bunker abritant le poste de commandement est construit en 7 mois par trois équipes de 400 ouvriers, qui se relaient nuit et jour pour édifier le bâtiment dans le flanc d’une ancienne carrière de calcaire. Tout le quartier où, jusque-là, on entrait presque librement est "sécurisé". Les rues qui y mènent sont coupées de fossés, barrées de rails plantés debout ; des postes de tir sont édifiés aux points clefs du dispositif
Les blockhaus, les uns simples abris contre les bombardements, les autres munis d'armes anti-aériennes ou anti-chars sont disposés de telle façon qu'ils interdisent l'accès au poste de commandement de l'Ob West. Aucune autre ville de France n'a probablement connu, en son coeur, une concentration d'abris de ce niveau. Après le départ des Allemands, la majeure partie de ces constructions est restée en l’état. Une commission s’est réunie à la Libération mais il était apparemment trop compliqué de les détruire à l’explosif. Ils sont toujours là depuis plus de 80 ans, disséminés dans Saint-Germain-en-Laye comme de vieilles cicatrices laissées par la guerre. Une vingtaine d'abris bunkers de béton armé, avant tout des constructions de défense passive, marquaient cette étape majeure sur la route de la Libération menant de Cherbourg à Berlin. Plus d'une dizaine de bunkers existent encore aujourd’hui dissimulés dans toute la ville de Saint-Germain-en-Laye fermés depuis longtemps au public, envahis de lierre ou mangés par l'humidité. Ils font partie intégrante du paysage urbain, même si peu d’entre eux sont visibles.
“Pourquoi aurais-je peur, Maréchal ?”
Un jour où il se promenait dans les allées du parc, tandis que les sirènes hurlaient, von Rundstedt avait demandé à une dame qu'il croisait : "Mais vous n'avez pas peur des bombes ?" Elle lui avait répondu : "Pourquoi aurais-je peur, maréchal ? Ils ne vont pas bombarder Saint-Germain. Il n'y a aucun objectif militaire ici. Il ne se passe jamais rien !"
Une remarque qui en dit long sur la méconnaissance que l'on avait, à l'époque, de l'importance stratégique du GQG de Saint-Germain-en-Laye. Ainsi, le 10 novembre 1942, c’est d’ici que von Rundstedt dirigera l’opération Anton d’occupation de la zone libre. La présence de représentants du Japon montre aussi l’importance de Saint-Germain.

L'historien François Boulet, l'un des meilleurs connaisseurs de la question, s'étonne encore que la ville ait été épargnée par les bombardements alliés. Il livre cependant quelques pistes, comme cet extrait d'un rapport du préfet de Seine-et-Oise en date du 31 janvier 1944 : "Saint-Germain serait occupée par les états-majors du grand quartier général devant organiser la défense du territoire français devant une invasion anglo-américaine." Bref, moins de six mois avant le Débarquement, le préfet - réduit aux supputations et au conditionnel - n'en sait guère plus que la fameuse interlocutrice de von Rundstedt sur ce qui se trame réellement à Saint-Germain-en-Laye. Pis, François Boulet - en découvrant récemment une carte transmise en avril 1944 par la Résistance aux services de renseignements de la France libre à Londres - a découvert que, sur les 31 lieux stratégiques d'occupation allemande recensés à Saint-Germain-en-Laye, pas un ne faisait état de ces fameux bunkers ! Le secret fut même si bien gardé que ces abris ne trouveront jamais leur utilité.
En mai et juin 1944, la commune subit de nombreux bombardements alliés qui préparent le débarquement en Normandie. Sont particulièrement visées les infrastructures de transport, le pont du Pecq, tout proche, le viaduc Saint-Léger sur la Grande Ceinture, la gare de Saint-Germain-Grande-Ceinture et surtout les installations du triage d'Achères dans la forêt.
La libération
Deux jours après son retour de l'audience chez le Führer, von Rundstedt fut relevé de son poste comme commandant en chef à l'Ouest "pour motif de santé". Hitler n'avait eu ni le courage ni le tact d'annoncer lui-même cette mesure au plus ancien des maréchaux ; il envoya son second aide de camp, le lieutenant-colonel Borgmann, avec une lettre et les feuilles de chêne de la croix de fer, à Saint-Germain. Le 4 juillet Rundstedt prit congé de Rommel à La Roche-Guyon ; il ne lui cacha pas sa joie de n'être pas obligé de vivre la catastrophe à un poste de commandement. Il sera remplacé par le maréchal von Kluge.
Les allemands donnent dans les deux dernières semaines de leur occupation le spectacle de la déroute, proche de celui de l'exode des français en juin 40. Le 10 août 44, c'est le départ des "souris grises", le personnel féminin de l'armée allemande, nombreuses dans les services administratifs du grand quartier général de l'Ob West. Du 12 au 14 août, les allemands déménagent leurs magasins de vivres. Le 16, des soldats allemands errent dans les rues de la ville et réquisitionnent tous les moyens de transport, y compris les bicyclettes, afin de fuir. Une inscription à la craie apparaît : « la route de Pontoise devient celle de Metz-Cologne. » Le passage des chars dans les rues étroites de Saint Germain provoque des vitrines défoncées, des lampadaires culbutés et des trottoirs écrasés.
Le 17 août, de nombreux soldats et officiers de la Wehrmacht ont déjà évacué la ville. Des troupes SS arrivent et patrouillent dans les rues. L'officier supérieur se rend chez le maire. Un ordre allemand de réquisitions pour tous les hommes avec pelles et pioches est donné pour le lendemain 18, sur la place du château. Personne ne se présente sauf le maire Jean Seignette qui doit, d'après ses dires, subir la menace d'être fusillé.
On ne comptait finalement plus que trois compagnies disparates : l’une issue de la Wehrmacht, la deuxième avec du personnel de la Luftwaffe et la troisième avec des recrues de l’Organisation Todt. C’est cette dernière unité qui avait jusqu’au dernier jour, fait travailler sous la menace des habitants requis à creuser des tranchées, planter des rails et dérouler des barbelés en pleine ville, semant l’émoi et la consternation dans la population alors que la libération paraissait toute proche.
A partir du 20 août, le départ des troupes allemandes s'accentue avec le déménagement rapide de divers services administratifs et de l'état-major. C'est dans ce contexte de tensions et de déroute que le 20 août au matin, à la sortie de la messe, une bagarre naît près du château. Un officier de l'organisation Todt tire sur des requis aux travaux. La foule reçoit des balles. Une femme est tuée, deux autres sont blessées dont l'une grièvement. De nombreuses rumeurs circulent. Le bruit se répand que 10.000 SS vont venir défendre la ville. L'anxiété augmente.
La nuit du 22 au 23 août est assez agitée autour de Saint Germain, avec des bombardements aériens et de tirs de mitrailleuses. Le 23 et le 24, d'importantes colonnes de chars allemands descendent du front et traversent la ville. Le 24, la tension augmente encore. Mais les derniers éléments de la Feldgendarmerie, de la Gestapo, de l'organisation Todt, quittent la ville dans la nuit.
A 4 h du matin, le 25 août 1944, il semble que l'on n’entend plus le bruit des chars, des camions et des motos ... C'est la fin de l'occupation allemande. Lorsque les FFI entrent dans Saint-Germain, les Allemands - qui avaient pourtant transformé la ville en véritable camp retranché, faisant ainsi craindre le pire aux habitants – ont fui et, dans le désordre ambiant, les blockhaus sont pillés et vidés par la population.
Ce même jour, le général Philippe de Hauteclocque dit Leclerc, avec sa deuxième division blindée qu’il avait formée en 1943 à Temara au Maroc, libérait Paris. En septembre 1944, le général Leclerc décida d’installer le centre de recrutement de la 2ème DB au Quartier Gramont qui resta jusqu’en octobre 1978 un poste de commandement pour les unités blindées héritières de la tradition de la 2ème DB.


Messe action de grâces (03 sep 1944)
Les blockhaus de Saint-Germain-en-Laye
Emplacements approximatifs
Liste et spécifications approximatives
D’autres blockhaus furent également construits dans divers quartiers de ville, qui depuis ont disparu. Ainsi quand la ligne de chemin de fer de Grande-Ceinture devint stratégique pour le transport des troupes allemandes et l’acheminement des matériels, il a fallu la protéger. En très peu de temps furent construits deux blockhaus semi-enterrés, au passage à niveau de Fourqueux et au pont de Bouvet.
Quelques standards de construction (Regelbau)
Le terme allemand Regelbau, désigne sous le Troisième Reich un modèle standard de construction de casemates depuis leurs fondations jusqu'à leur équipement intérieur et leur armement éventuel, dont la construction fut confiée à l’organisation Todt (OT). Ces standards furent utilisés notamment pour la construction de la ligne Siegfried et du mur de l’Atlantique.
Cette standardisation induisit une typologie précise des ouvrages allemands. La série R est celle de l’armée de terre et les 600, disponibles à partir de novembre 1942, comprenait 108 modèles de construction. Au total, plus de 700 types de blockhaus ont été recensés, de la batterie d'artillerie avec son poste de commandement à la soute à munitions ou la cuisine.
8.119 bunkers ont été construits pour l’ensemble du Mur de l’Atlantique, entre 1942 et 1944., dont au moins 22 blockhaus à Saint-Germain.
Regelbau 621 : Abri pour 10 hommes (1 groupe d’infanterie)

La casemate était dotée de deux entrées rejoignant un sas anti-gaz commun, dans lequel se trouvait l'accès à la salle de troupe. L'épaisseur du mur séparant le local de troupe des entrées est portée à 1 mètre. Prévu pour être semi-enterré, il y a des escaliers dans les deux accès (les deux entrées étaient devenues la norme). Un poste d'observation et de tir extérieur, qui pouvait également servir de poste de défense, est ajouté au plan de l'abri, à droite ou à gauche. Comme il était d'usage pour les ouvrages réglementaires à partir de 1942, le type 621 possédait le plus souvent un stand circulaire dans l'un des murs de flanquement, parfois dans les deux. A partir d'août 1944, les murs d'enceinte ont été supprimés et le stand circulaire a été placé séparément à côté du bunker car sous la pression du temps il fallait absolument construire vite.
En raison de sa forme simple et fonctionnelle, le type 621 est devenu le type standard d'abri de groupe Il était également prévu comme poste de combat de compagnie, avec dans ce cas, un effectif de seulement 9 hommes.
La casemate, avait des murs en béton armé d’une épaisseur de 2,0 m qui nécessitait 485 m³ de béton et 23 tonnes d'acier de ferraillage. Ses dimensions : 9,70 m L x 9,80 m l x 5,10 m H (2 m3 par homme).
Regelbau 622 : Abri pour 20 hommes (2 groupes d’infanterie)

Le Regelbau 622 comprenait deux entrées, un sas à gaz et disposait de deux salles séparées et protégées de façon indépendante, avec trois lits à trois étages et un lit individuel. Chacune de ces pièces disposait de son système de chauffage et, pour certains, d’une citerne. Un couloir de circulation permet de faciliter la sortie depuis les deux salles. L'accès depuis l'extérieur peut se faire par l'intermédiaire d'un escalier.
La casemate est dotée d’une niche d’observation pouvant être installée indifféremment à droite ou à gauche des accès. Un périscope remplace le local d’observation de l’ancien standard.
L'équipement comprend parfois en plus : deux puits d'antennes, deux cheminées et aussi un tobrouk (petit abri bétonné qui débouche sur l'extérieur au niveau du sol par une ouverture sommitale de 80 cm de diamètre, et dans lequel prend place un soldat debout, seules sa tête et ses épaules étant exposées).

La casemate, avait des murs en béton armé d’une épaisseur de 2,0 m et mesurait : 11,50 m L x 13,60 m l. Elle nécessitait 660 m³ de béton et 33 tonnes d'acier de ferraillage.
Regelbau 668 : Petit abri pour 6 hommes

Le Regelbau 668 se composait d'un local d'hébergement, d'un sas à gaz et d'une entrée. A l'intérieur, l'abri disposait des couchettes pour 6 hommes, d'un petit poêle en faïence ainsi que d'un appareil de ventilation à commande manuelle.
La casemate, dont le toit affleurait au niveau du sol, avait des murs en béton armé d’une épaisseur de 1,5 m. qui nécessitait 210 m³ de béton et 9,4 tonnes d'acier de ferraillage. Ses dimensions : 7,65 m L x 7,65 m l x 4.40 m H.
Regelbau 682 :

Cette casemate servait à accueillir un ensemble de machines triphasées pour l'alimentation en énergie des fortifications. Dans un premier temps, l'installation n'était destinée qu'à actionner les ventilateurs d'aspiration des bâtiments de régulation 649- 652 déjà construits. La puissance de la machine était de 7,5 KVA, 220 / 380 volts. La chute de tension autorisée entre le générateur de courant et le consommateur dans les différents postes d'artillerie ne devait pas dépasser 10%.
La casemate, avait des murs en béton armé d’une épaisseur de 1,50 m. qui nécessitait 230 m³ de béton et 11,4 tonnes d'acier de ferraillage. Ses dimensions : 7,65 m L x 7,65 m l x 4,40 m H.
Et ensuite …
Près de soixante ans après leur construction, c'est à une autre sorte de combat que l'on a assisté autour des blockhaus de Saint-Germain-en-Laye. Que faire de ces ouvrages, de cet encombrant passé ? Les détruire ou les conserver ?
Faute de consensus - de moyens aussi - il a semblé urgent de ne rien décider. Car si, à la mairie, on a estimé que ces blockhaus devaient être préservés, qu'ils font partie de l'histoire de la ville, tout le monde ne l'entendait pas forcément de cette oreille.
Ainsi, lors de la réhabilitation de la caserne du quartier Gramont, qui abrite un énorme ouvrage dans sa cour centrale, la question a été soulevée. Fallait-il le faire sauter ? Au cabinet d'architecture Roland Castro, on expliqua clairement : « La démolition a été chiffrée : c'est hors de prix et techniquement très difficile. De toute façon, ce blockhaus fait partie de l'histoire du lieu »,
Photos des blockhaus

1 - Le blockhaus de la ville le plus visible est celui accolé aux douves du château.


2 - Un blockhaus trône au milieu de la cité Médicis, à proximité du château. LP/S.B.

4 – Le blockhaus du Pavillon Henri IV fut le premier QG de l’état-major allemand.

9 - Cet abri passif est resté au milieu de la cour de l'ancien Quartier Gramont.

10 – 25 bis, rue Alexandre Dumas, La Villa David, après le « Château Neuf », est devenue la résidence attitrée de Von Rundstedt. Hitler donna l’ordre d’y creuser un abri personnel pour le maréchal.

12 - Le blockhaus dans la cour du collège Claude Debussy. Aujourd’hui arasé.

13 / 14 - Collège Marcel Roby

15 - 43, Boulevard Victor Hugo


16 - Blockhaus situé 26, rue Félicien-David (pas visible de la rue), il abritait l'un des centres de communication les plus modernes d'Europe à l'époque. Il fut construit à la suite de l'endommagement le 3 mars 1942 du pavillon Henri IV qui était alors le quartier général de la Wehrmart.

17 - 12, rue Félicien David. Le blockhaus sert d’assise à une maison.

18 - 4, rue Félicien David, la casemate déborde sur la rue.

21 - 6 bis, Boulevard Victor Hugo
Von Rundstedt
Couvert de gloire lors de l’attaque contre la France de 1940, le maréchal Von Rundstedt voit son étoile pâlir à Berlin : on lui reproche de ne pas parvenir à rejeter les Alliés à la mer. « Si vous croyez pouvoir faire mieux... »

Le maréchal Karl Rudolf Gerd von Rundstedt, commandant le front ouest. DR
Âgé de 69 ans en 1944, Gerd von Rundstedt est un soldat couvert de gloire. Son rôle capital lors de l’attaque contre la France en 1940 lui a valu le titre de maréchal. Issu de la caste militaire prussienne, monarchiste bon teint, il ne porte guère le « petit caporal » Hitler dans son cœur. Du moins lui reconnaît-il le mérite d’avoir effacé l’humiliant traité de Versailles et restauré la grandeur de l’Allemagne.
Depuis 1942, le maréchal von Rundstedt est commandant en chef des forces allemandes à l’ouest de l’Europe. L’homme est un stratège de classe, au prestige intact. Il n’a jamais perdu une bataille. Mais l’âge et ses nombreux démêlés avec le Führer ont développé chez lui une certaine apathie. Dans son quartier général de Saint-Germain-en-Laye, il mène la vie désabusée d’un proconsul romain, se réfugiant volontiers dans une résignation sarcastique. « Je n’étais pas libre de choisir ma voie, dira-t-il un jour. La seule autorité que j’avais, c’était de donner l’ordre de changer la sentinelle qui veillait devant ma porte. »
De fait, sa marge de manœuvre est étroite. Le contrôle de la marine et de l’aviation lui échappe. Le haut commandement de la Wehrmacht exerce sur lui une surveillance tatillonne, en particulier les chefs d’état-major, Keitel et Jodl, ceux qu’il appelle par dérision les « généraux béni oui-oui ». Enfin, il lui faut compter avec son principal subordonné, l’indocile Rommel, le « maréchal gamin » comme il le surnomme. Les deux hommes sont en désaccord à peu près sur tout, de l’emploi des divisions blindées aux vertus défensives du Mur de l’Atlantique, auquel Rundstedt, apôtre de la guerre de mouvement, ne croit guère : « Un mythe ! Rien devant, rien derrière. Un simple décor ! Tout juste un bluff destiné davantage au peuple allemand qu’à l’ennemi. »

Le maréchal von Rundstedt (gauche) en compagnie de Rommel.
Un mois après le Débarquement, von Rundstedt subit les critiques acerbes du grand quartier général qui lui reproche de n’avoir pas rejeté les Alliés à la mer. « Si vous croyez pouvoir faire quelque chose de mieux, répond-il exaspéré, vous feriez mieux de venir ici vous-mêmes pour diriger toute cette saleté. » Le 1er juillet, Keitel s’inquiète de la perte de Cherbourg : « Mais qu’est-ce que nous allons faire ? » Von Rundstedt, impassible, lui répond froidement : « Qu’est-ce que vous allez faire ? Mais faire la paix tas d’idiots ! Qu’est-ce que vous pouvez faire d’autre ? »
Le 2 juillet, Hitler décerne à von Rundstedt les feuilles de chêne sur sa croix de fer… et le relève de son commandement. Il sera remplacé par le maréchal von Kluge.
Beaucoup de questions restent sur les raisons de son limogeage. On sait que le Führer le convoqua à Margival (Aisne) (Note 4) et que l’entrevue fut orageuse et se termina mal, le maréchal étant relevé de son commandement. Il lui aurait été reproché d’avoir utilisé des divisions blindées dont le Führer tenait à garder la disposition pour développer sa propre stratégie. Crime de lèse-majesté !
(Note 4) - Alors que les Alliés ont tenté, à l’été 1942 un raid sur Dieppe, Adolf Hitler décide de faire construire en secret un immense centre de commandement en France. Son but ? Disposer d´une base fixe permettant de coordonner la défense de l’Europe en cas de débarquement allié. L’endroit choisi : Margival, dans le département de l'Aisne où 22.000 ouvriers du STO vont construire 475 bunkers en béton armé sur une zone militarisée de 90 kilomètres carrés. Le bâtiment le plus grand, surnommé « Constance » mesure 108 mètres de long. Le Wolfsschlucht 2 (« Le Ravin du Loup 2 », surnom donné par Hitler) sera le plus grand centre de transmissions allemand de la Seconde Guerre Mondiale.
(Note 5) - Rue du Belvédère, à Mareil-Marly, c’est là qu’aurait été initialement tramé, en présence de Rommel et von Stauffenberg, l'« opération Walkyrie », une tentative d'assassinat visant Adolf Hitler. Le complot du 20 juillet 1944 fut un échec, la bombe déposée par le colonel Claus von Stauffenberg dans une des salles de la Wolfsschanze (« Retranchement du Loup » le nom de code désignant le principal Quartier général d’Adolf Hitler, alors en Prusse-Orientale) explosa, mais Hitler ne fut que légèrement blessé.
Vraiment la ville la plus « bunkerisée » ?
Saint-Brevin-les-Pins, petite commune de Loire-Atlantique, détient un record méconnu mais saisissant : c’est la ville française qui compte le plus de bunkers sur son territoire.
227 bunkers recensés, ce chiffre, souvent repris dans les ouvrages d’histoire, témoigne de l’importance stratégique qu’occupait cette ville côtière pendant l’Occupation allemande. Située face à Saint-Nazaire, port militaire clé pour la Kriegsmarine, Saint-Brevin fut intensément fortifiée dès 1942, au tout début de la construction du Mur de l’Atlantique, cette ligne de défense longue de 12.000 kilomètres construite par l’Allemagne nazie le long des côtes de l’Europe de l’Ouest. L’objectif était clair : protéger les installations portuaires et les bases de sous-marins, notamment celles de Saint-Nazaire, des bombardements alliés et d’un éventuel débarquement. La densité de bunkers à Saint-Brevin s’explique donc par sa position géographique stratégique et par le rôle défensif majeur qu’elle était censée jouer dans le dispositif militaire nazi. Ces fortifications ne sont pas toutes accessibles, mais plusieurs sont visibles dans les paysages urbains et littoraux de la commune, devenant parfois même des supports pour des projets de mémoire ou d’exposition.
Si Paris n’est pas la ville qui compte le plus de bunkers visibles, elle n’en reste pas moins un territoire étonnamment bien pourvu en abris souterrains. Dès les années 1930, bien avant l’entrée en guerre, la capitale commence à se doter de 40.000 abris anti-aériens, destinés à protéger la population en cas de bombardement. Certains de ces bunkers sont encore accessibles aujourd’hui, notamment à l’occasion des Journées du Patrimoine. On en trouve sous la Gare de l’Est, avec un abri construit en 1939, sous le Champ-de-Mars à la Tour Eiffel, avec un bunker militaire de 800 m², ou encore sous l’Hôtel de Ville, où un abri sécurisé fut construit dès 1937. Bien qu’ils ne soient pas concentrés au même endroit, ces bunkers illustrent une autre approche : une stratégie de protection civile et militaire urbaine, complémentaire du front défensif côtier comme à Saint-Brevin.
Sources : Le Parisien - Sébastien Birden - 10 juillet 2017 & 22 août 2018 / L’Express - Le Naire Olivier – 22 mai 2003 / https://stgermaincommerce.over-blog.com1 septembre 2009 / https://actu.fr/auteur/culture-echoregional - 7 juil. 2014 / https://www.marquis78.fr / Ouest-France - Jean Quellien – 26 mai 2024 / https://www.museedelaresistanceenligne.org/ https://forteresse-gisud.blogspot.com/p/bunker-regelbau-621.html / Saint-Germain Magazine - n° 224 - oct, nov 1992


