2 – Le programme Apollo

Le programme Apollo

Les chiffres

1 000 000

           Le coût en dollars 2020 (100.000 $ de l’époque) de la fabrication d’une seule combinaison du modèle « Skylab A7L » qu'a portée Neil Armstrong.

400 000

.            C’est le nombre de personnes – astronautes, scientifiques, ingénieurs, informaticiens, ouvriers, services, etc. - qui ont contribué de près ou de loin au succès des programmes d'Apollo.

20 000

.            C'est le nombre d'entreprises (Boeing, North American Aviation, IBM, etc.) et d'universités (MIT, université du Colorado, université du Texas, etc.) qui ont collaboré avec la NASA pour envoyer les premiers hommes sur la Lune : de la fabrication du lanceur Saturn V à la conception de l'ordinateur de bord d'Apollo, en passant par les équipements des astronautes.

8

.            Les astronautes qui moururent tout au long du programme Apollo.

La première victime, en 1964, fut Theodore Freeman, lorsque son avion - un jet d'entraînement le T-38 de Northrop- fut percuté par un oiseau, brisant la verrière et calant le moteur. Bien qu'il se soit éjecté, il était trop près du sol et est mort sur le coup.

Le 28 février 1966, l'équipage principal de Gemini 9, Elliot See et Charles Bassett, se préparait à faire atterrir leur T-38 à St Louis, une très mauvaise météo les fit s’écraser sur le bâtiment où était construit le vaisseau spatial.

Trois astronautes - Gus Grissom, Ed White et Roger Chaffee - sont morts, le 27 janvier 1967, lorsque leur module de commande Apollo 1 a pris feu lors d'un exercice de routine, mené sur le pas de tir 34 de Cap Canaveral (Floride)

La même année, Clifton Williams a été tué dans un autre accident de T-38.

Edward Givens est décédé dans un accident de la route.

Les 8 astronautes, ainsi que 6 cosmonautes soviétiques, sont commémorés par une plaque laissée sur la Lune par l'équipage d'Apollo 15.

Il y a cependant un astronaute qui n'a pas été mentionné. Robert Lawrence aurait dû être le premier astronaute afro-américain. Affecté à un projet militaire secret de station spatiale, il a été tué en décembre 1967 alors qu'il donnait des instructions à un autre pilote sur les techniques d'atterrissage. Ces techniques ont été utilisées plus tard dans le cadre du programme de la navette spatiale.

45

.            Le poids en tonnes du vaisseau spatial placé par la fusée Saturn V sur la trajectoire lunaire. Celui-ci comportait deux sous-ensembles. Le module de commande (CM), de forme conique, qui transportait les trois astronautes et, fixé à l'arrière du CM, le module de commande/service (CSM), lui-même composé du module de service (SM) qui contenait le carburant et le système de production électrique. Le module lunaire (LM) était arrimé à l'avant du CSM.

Un astronaute restait dans le CSM tandis que les deux autres descendaient sur la surface de la Lune avec le LM.

Le LM comportait un étage de descente et un étage d'ascension. L'étage de descente était abandonné sur la Lune et les astronautes retournaient au CSM dans l'étage de remontée, qui lui était ensuite abandonné en orbite lunaire. Avant de rentrer dans l'atmosphère terrestre, le SM était largué et consumé. Le CM s'échouait dans l'océan.

Le rendez-vous en orbite lunaire présentait l'avantage de ne nécessiter qu'une seule fusée et d'économiser du carburant et de la masse puisque le LM n'avait pas besoin de revenir sur Terre.

4,5

           Le volume habitable en m3 du module lunaire

12

           Le nombre d’hommes qui ont posé le pied sur la Lune durant les 6 missions d’alunissage ; un total de 24 ont atteint l’orbite lunaire. Ces astronautes sont restés plus de 80 heures, cumulées, sur la Lune. Ils ont parcouru 95 km à pied ou en rovers, limités à 16 km/h. Le 21 juillet 1969, Amstrong et Aldrin n'ont parcouru que 250 mètres dans la Mer de la Tranquillité.

2 %

.            C’est la proportion de la surface de la Lune explorée par les astronautes de la NASA au cours du programme spatial Apollo entre 1969 et 1972.

382

.            C’est le poids en kilos des 2.200 échantillons de roches lunaires rapportés lors du programme Apollo. La mission Apollo XI a collecté 21,7 kg.

18 663

.            Le nombre de clichés pris par les marcheurs lunaires entre 1969 et 1972.

40 700

.            La vitesse maximum en km/h atteinte au retour à l’entrée dans l’atmosphère.

74

.            Les kilo-octets de la Mémoire (ROM) de l'ordinateur de guidage d'Apollo (AGC), développé par le MIT (5 à 10 millions de fois moins que la norme de 128 à 1To des smartphones 2022). La mémoire RAM était de 4 Ko (2 millions de fois moins que la norme actuelle de 2 à 12 Go des smartphones 2022).
Logé dans un boîtier de la taille d'une petite valise, avec un affichage séparé et un panneau d'entrée installés sur la console principale du vaisseau spatial, c'était un chef-d'œuvre de miniaturisation.
Bien que les mémoires semblent chétives aujourd'hui – mais l'équivalent d'un ordinateur domestique des années 1980 tel que le Sinclair ZX Spectrum ou le Commodore 64 - il s'agissait d'une machine impressionnante, conçue avant tout pour ne pas tomber en panne.

Pendant ce temps, au sol, au Manned Spacecraft Center de Houston, la Nasa a acheté cinq des derniers ordinateurs IBM 360 (un modèle couramment utilisé dans les années 1970) pour analyser, en temps réel, chaque aspect de la vitesse, de la trajectoire et de l'état de santé du vaisseau spatial. Le système prévoyait un ordinateur de secours au cas où l'un d'entre eux tomberait en panne à un moment crucial.

96

Le nombre de sacs contenant les selles, l’urine et du vomi des astronautes qui ont marché sur la Lune.

Le coût

           Les États-Unis ont dépensé 25,8 milliards de dollars pour le projet Apollo entre 1960 et 1973, soit environ 257 milliards de dollars après ajustement de l'inflation en dollars de 2020. En ajoutant le projet Gemini et le programme lunaire robotisé, qui ont tous deux permis la réalisation d'Apollo, les États-Unis ont dépensé un total de près de 30 milliards de dollars (300 milliards de dollars actualisés). Les dépenses ont atteint un pic en 1966, trois ans avant le premier alunissage. Le montant total dépensé pour la NASA au cours de cette période était de 49,4 milliards de dollars (482 milliards de dollars ajustés). Le programme Apollo a donc consommé plus de 60% du budget de la NASA sur les douze années.

.            La NASA a envisagé des plans pour un alunissage avec équipage dès 1959 et a entrepris les premières études conceptuelles en 1960. Ces premières études ont permis à l'agence spatiale de répondre rapidement et positivement à l'interpellation du président Kennedy en avril 1961, lorsqu'il a demandé "avons nous la possibilité de battre les Soviétiques ... d'envoyer un homme sur la Lune et de l’en faire revenir ? » et par conséquent de proposer à la nation américaine un "programme spatial qui promet des résultats spectaculaires avec lequel nous pourrons gagner".

La priorité nationale du projet Apollo apparaît clairement dans les graphiques suivants. En 13 ans, les États-Unis ont dépensé l'équivalent de 300 milliards de dollars 2020 pour mettre en œuvre un programme lunaire habité à partir de zéro. Au cours de cette période, plus de 3 dollars sur 5 destinés au programme spatial ont été consacrés à Apollo et aux programmes connexes. Ces dépenses se sont avérées insoutenables à terme. Le budget de la NASA a ainsi chuté de façon spectaculaire par rapport au sommet atteint au milieu des années 1960, et bien qu'il se soit stabilisé au début des années 1970, les dépenses consacrées à Apollo ont continué à diminuer. Après des milliards de dollars et 6 alunissages réussis, les États-Unis ont cessé de soutenir le programme. La proposition officielle de budget de la NASA en 1973 indiquait simplement que "les objectifs prévus du programme Apollo étant atteints, le financement de l'année fiscale 1974 n'est plus nécessaire".

            Le graphique ci-après présente les coûts des principaux programmes du projet Apollo. On constate que les deux postes de dépenses les plus importants ont concerné la famille des lanceurs Saturn et les vaisseaux spatiaux qui y ont pris place. Ces deux programmes vérifient l’allure classique de la "courbe des coûts" typique du développement d’un projet d’ampleur, dans laquelle les coûts atteignent leur maximum avant d’atteindre l’objectif du programme lui-même (dans ce cas-ci, avant l'atterrissage sur la Lune). Le coût global du projet diminue à mesure que le travail passe des phases recherche et développement à la production et aux opérations. Comme pour tout projet majeur d’envergure, en l'absence d'un financement raisonnable dès le lancement des projets spatiaux, les difficultés inhérentes à ces travaux de démarrage restent sans solution, générant des retards et l’augmentation des coûts de réalisation. Ce graphique montre que le projet Apollo a disposé de l'argent dont il avait besoin ... quand il en a eu besoin, ce qui a contribué à assurer le succès de l'entreprise. Depuis, peu de programmes de la NASA ont bénéficié de ce « luxe » et, par conséquent, n'ont pas respecté leur calendrier initial.

Communication et … théorie du complot !

            Les théories du complot ont la peau dure. Près de 55 ans se sont écoulés depuis que Neil Armstrong et Buzz Aldrin ont été les premiers à poser le pied sur la Lune. Pourtant, selon une étude de Statista publiée en 2024, 11 % des Américains croient (encore) que l’alunissage de 1969 n’a jamais eu lieu. Une légende n’insinue-t-elle pas que les images de l’alunissage d’Apollo en 1969 auraient été truquées, avec une fausse séquence tournée par Stanley Kubrick, réalisateur de L’Odyssée de l’espace.

La NASA a effectivement engagé des « communicants ». Ce besoin s’explique par la réticence de la population à adhérer au programme spatial. Dans les années 60, alors que la guerre du Vietnam fait rage et que la guerre froide avec les Soviétiques laisse planer la menace nucléaire, la mission lunaire semble être une dépense inutile pour beaucoup d’Américains. Un an après le lancement surprise de Spoutnik le 4 octobre 1957, qui a piqué l’égo des États-Unis, ceux-ci réagissent en fondant la NASA. Et la stratégie de communication américaine se distingue nettement de celle des Soviétiques : il s’agit d’un « programme ouvert » où les faits et les données circulent librement entre l’agence et le public grâce à un vaste programme de relations publiques.

Le travail des communicants a été aussi important que le travail des scientifiques. C’est ce dont a témoigné Wernher von Braun, un des scientifiques les plus influents de la conquête spatiale, lorsqu’il s’est adressé aux journalistes après le retour des astronautes d’Apollo 11 sur Terre « Je voudrais vous remercier tous pour le soutien que vous avez toujours apporté au programme. Car sans les relations publiques et une bonne présentation de ces programmes au public, nous n’aurions pas pu les mener à bien. »