Le détroit de Gibraltar
Situé au sud de l'Espagne, au nord du Maroc est le seul passage maritime entre l'océan Atlantique et la mer Méditerranée. Il est large de 14 km et profond d'environ 1.000 m. Le détroit fait partie des eaux internationales. Dans l'Antiquité, ce détroit était appelé « les colonnes d'Hercule ». Il doit son nom de Gibraltar à une déformation du mot arabe « djebel Tarik » qui signifie « montagne de Tarik », ce dernier étant le prénom du général musulman Tariq ibn Ziyad, qui, en avril 711, franchit le détroit pour conquérir la péninsule Ibérique.
Frontalière de l'Espagne, la ville de Gibraltar est une possession du Royaume-Uni depuis le traité d'Utrecht, en 1713, ce qui a notamment permis à la flotte britannique de disposer d'un atout pour asseoir sa suprématie navale en Méditerranée au XIXe siècle. De son côté, l'Espagne possède la ville de Ceuta, sur la rive marocaine du détroit. Conquise en 1415 par le Portugal, elle est passée à l'Espagne sous le règne de Philippe II, lorsqu'il fut roi des deux pays au XVIe siècle.
Le détroit est la deuxième voie maritime la plus utilisée après la Manche. Il est franchi annuellement par environ 100.000 navires. Sa position a donc une très grande importance stratégique surtout depuis le percement du canal de Suez en 1869. La navigation maritime dans le détroit est régulée par un dispositif de séparation du trafic.
La migration illégale à travers le détroit de Gibraltar devient un problème récurrent.
Le détroit de Lombok
Il sépare les îles de Bali et de Lombok en Indonésie et communique au sud avec l’océan Indien. Sa longueur totale est de 56 km, pour une largeur de 18 km au sud et de 40 km au nord. Sa profondeur minimale est de 250 m. Le détroit de Lombok est le point de passage le plus généreusement dimensionné entre les océans Indien et Pacifique dans le Sud-Est asiatique. Il permet le passage des navires de très gros tonnage, en particulier les supertankers dont les calaisons ne sont pas compatibles avec les autres détroits de l'arc indonésien, en particulier le détroit de la Sonde, voire le détroit de Malacca.
Le détroit de Lombok est par ailleurs le lieu de passage de la ligne Wallace, frontière biogéographique entre les deux grandes écozones que sont l'indomalais et l'australasien.
Cartes de l'île de Bally et de l'île de Lombock lors de l'expédition de Hyacinthe de Bougainville en 1825
Le détroit de la Sonde
Long de 170 kilomètres, le détroit de la Sonde d’une largeur de 24 à 110 km s'étire entre les caps Tua sur Sumatra et Pujat sur Java. Il est profond à son extrémité occidentale (jusqu’à 1.500 m), mais dans sa partie orientale, la profondeur maximale n'est que de 20 mètres. De fait, il n'est pas un détroit aisé pour la navigation, comportant de nombreux bancs de sable, des courants de marée puissants. Il est de plus encombré de plates-formes pétrolières aux abords de Java. Il a été pendant des siècles une importante voie maritime, en particulier lorsque la Compagnie néerlandaise des Indes orientales faisait passer ses marchandises en provenance des Moluques vers l'Europe ou l'Inde.
Lors de la bataille du détroit de la Sonde (1942) deux croiseurs des forces alliées, bien qu’assistés par un destroyer néerlandais, coulèrent faisant plus de 1. 000 victimes alliées.
Carte du détroit de la Sonde, John Thornton, 1699 | CNRS Images
Le canal du Mozambique
Après avoir perdu pendant plusieurs décennies un rôle maritime majeur, il retrouve progressivement son statut de point de passage stratégique, en raison notamment de l’augmentation des menaces au Proche et au Moyen-Orient. La France possède plusieurs territoires dans cette zone (Mayotte et la plupart des îles Eparses), qui lui assurent une Zone économique exclusive (ZEE) riche, et donc convoitée, de près de 360.100 km².
Par ailleurs, la Chine, dans le cadre de sa stratégie d’influence dans l’océan Indien, investit massivement dans les ports Est africains, et notamment ceux riverains du canal.
A cette concurrence régionale et internationale s’ajoute la présence de multiples activités illégales : piraterie, pêche illicite, incontrôlée et non déclarée, trafics en tous genres, etc. Autant d’intérêts divers qui iront en amplifiant avec le développement des énormes gisements de gaz et l’exportation du GNL du Mozambique
Le détroit Bab el-Mandeb
Son nom (en arabe « la porte des lamentations ») s’expliquerait par les dangers que les puissants courants font courir aux marins. D’à peine 32 kilomètres de large, Bab el-Mandeb est divisé en deux axes de passage par l’île volcanique de Périm contrôlée par le Yémen : l’un, situé entre la côte yéménite et l’île, n’est large que de 3 kilomètres, alors que l’autre s’étend sur 26 kilomètres jusqu’à Djibouti. Le premier passage étant trop étroit et pas assez profond pour accueillir de grands navires, l’essentiel de la navigation se fait via le deuxième axe.
Situé entre la Mer Rouge et l’Océan indien, il est considéré comme le quatrième point de passage maritime le plus important en matière de transport du pétrole. A l’articulation entre la péninsule arabique et l’Afrique, Bab el-Mandeb doit principalement son poids stratégique au Canal de Suez qui relie la Mer Méditerranée et la Mer Rouge, permettant ainsi l’approvisionnement énergétique des pays occidentaux. Point névralgique du commerce mondial, le détroit est cependant situé dans une région instable où les risques de perturbations du trafic naval sont élevés en raison de la piraterie au large de la Corne de l’Afrique, de l’instabilité politique chronique de la Somalie, du terrorisme, du conflit au Yémen, et des rebelles yéménites Houthis, en particulier depuis l’invasion terroriste du Hamas an Israël le 07 octobre 2023.
Indépendante depuis 1977, la République djiboutienne a signé en 1984 un premier Traité de coopération en matière de défense avec la France. Depuis, le pays accueille une base militaire française, regroupant aujourd’hui 1.500 militaires. Le positionnement géographique de Djibouti au carrefour des échanges mondiaux a amené plusieurs pays à s’intéresser à ce territoire. Après les États-Unis, l’Italie et le Japon, la Chine y a ouvert une base militaire en 2017 avec pour objectif de sécuriser des flux maritimes vitaux pour son économie.
Le détroit de Béring
La porte orientale de l'Arctique. Au cours du mois de mai 2020, le méthanier brise-glace Christophe de Margerie est parvenu à franchir la partie orientale de la Route maritime du Nord, habituellement impraticable avant le mois de juillet. Transitant par le détroit de Béring, le navire a appareillé du port de Sabetta, avec son chargement de GNL depuis la toute nouvelle usine de liquéfaction de Yamal, et a rejoint la Chine en à peine douze jours. À mesure que l’océan Arctique devient plus accessible, l’importance stratégique du détroit de Béring est vouée à s’accroître.
D’une largeur minimale de 85 km, le détroit de Béring sépare l’Eurasie (cap Dejnev, en Sibérie orientale) du continent américain (cap du Prince-de-Galles, en Alaska) et constitue l’unique point de communication entre les océans Arctique (mer des Tchouktches) et Pacifique (mer de Béring). En son centre se situent deux îles, la Petite Diomède, américaine, et la Grande Diomède, russe, éloignées de seulement 3 km, respectivement surnommées Yesterday Island et Tomorrow Island car séparées par la ligne internationale du changement de date. Situées juste au sud du cercle polaire, les eaux du détroit sont gelées plus de six mois de l’année, avec une saison navigable de juillet à novembre.
Moscou et Washington ont officiellement à la délimitation de leurs frontières maritimes dans la région, aboutissant en 1990 à la signature du traité USA/USSR Maritime Boundary Agreement. Le trafic dans le détroit, est désormais régulé par la désignation notamment des voies de navigation à double sens approuvée par l’Organisation maritime internationale en mai 2018.
Le détroit du Pas de Calais
Il est tout à la fois l’espace de jonction entre la Manche et la Mer du Nord et entre la Grande-Bretagne (Douvres) et le continent européen (Calais). Le détroit est large de 32 kilomètres seulement et il est peu profond (parfois, seulement 20 mètres).
Avec le détroit de Malacca, il est l'un des détroits maritimes les plus fréquentés du Monde par la marine marchande, avec un trafic de plus de 400 navires commerciaux par jour, auxquels s’ajoutent des navires de pêche et de plaisance. Le transit entre Manche et mer du Nord, est la principale voie d'accès vers les ports du range nord-européen depuis l’Atlantique, mais il est aussi l'un des plus traversés par le transport maritime de passagers entre l'Europe continentale (Calais) et la Grande-Bretagne (Douvres). Environ 25 % du trafic mondial de marine marchande et de passagers emprunte le détroit.
La navigation maritime dans le détroit peut se révéler dangereuse. Outre son caractère étroit, cette zone est connue pour son vent, ses bancs de sable changeants, une visibilité souvent réduite par la brume et de très forts courants de marées en raison du goulot que crée le détroit. Ces facteurs influent sur la manœuvrabilité des navires en avarie ou en action de pêche ou ceux que le tirant d'eau expose au courant ou au vent.
C'est pourquoi les flux de grands navires doivent s'insérer dans un dispositif de séparation du trafic (DST) –le premier approuvé par l’OMI au début des années 70- qui organise le trafic longitudinal du détroit sur plus de 120 milles, avec une voie montante côté français (nord-est) et une voie descendante côté anglais (voie sud-ouest). Des bancs naturels de sable servent de séparateurs aux deux « rails ». Des zones de moins de 12 mètres de profondeur sont localement signalées sur les cartes marines afin que les navires à grand tirant d’eau (jusqu'à 22,60 m) les évitent. La France et le Royaume-Uni ont décidé par une déclaration publique du 02 novembre 1988 d'ouvrir la circulation du détroit à la navigation internationale.
Sur chaque rive du détroit, l’activité portuaire revêt une importance particulière : les ports de Douvres et de Calais sont les ports européens les plus fréquentés, avec Ostende, en termes de transports de passagers par ferry, et ce même depuis l’ouverture du tunnel sous la Manche en 1994 ; ce qui confirme l’importance et la croissance quasi-constante des flux transmanche sur le détroit. Les ports de Boulogne-sur-Mer et Calais sont respectivement premier port français de pêche et quatrième port français de fret.